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Attaque de panique

dernière mise à jour le 11/09/2014

I / Les mots et les faits

  • Anxiété : état émotionnel et psychologique associé à la peur, l’inquiétude ou la crainte. Cet état est normal et utile à notre survie en cas de risque, de stress ou de difficulté.
  • Trouble anxieux : lorsque l’anxiété est de durée ou d’intensité anormale par rapport au contexte et aux faits réellement vécus.
  • Angoisse : l’ensemble des diverses manifestations corporelles de l’anxiété.
  • Attaque de panique : crise brutale, souvent inopinée et isolée d’anxiété avec prédominance des manifestations physiques (angoisse). Il s’agit d’un terme médical dont la signification et les symptômes sont bien décrits.
  • Crise d’angoisse : terme souvent utilisé comme synonyme d’attaque de panique. Terme plus populaire et souvent moins précis.
  • Trouble panique : répétition trop fréquente d’attaques de panique avec peur de leur récidive.

II/ Combattre les idées reçues

  • Le terme de spasmophilie a longtemps été utilisé dans le passé, presque exclusivement en France, pour désigner l’attaque de panique. Ce n’est pas une autre pathologie.
  • La tétanie est une contracture musculaire due à l’hypocalcémie dans l’insuffisance parathyroïdienne. Cette pathologie est rarissime. Ce terme a été parfois abusivement utilisé comme synonyme de spasmophilie. Ce terme doit être définitivement banni en psychiatrie.
  • Il est normal d’être anxieux dans certaines situations de la vie. Il est également normal d’avoir des manifestations physiques de cette anxiété, telles que tachycardie, frissons, sueurs ou tremblements.
  • Ce qui est anormal, c’est l’apparition de cette angoisse sans raison identifiable, et l’impossibilité de la contrôler.


III/ Les idées-forces

  • L’attaque de panique est plus fréquente chez les femmes, et avant quarante ans. Elle est exceptionnelle après 65 ans. C’est une sensation de peur intense accompagnée de symptômes physiques, psychiques et comportementaux. Elle dure quelques minutes, devient maximale en moins de 10 minutes et dépasse rarement une heure.
  • Symptômes physiques les plus fréquents : palpitations, oppression thoracique, troubles vasomoteurs de la face et des extrémités, sensation d’étouffement, polypnée (respiration rapide), céphalées, vertiges, sensation d’évanouissement / paresthésies, tremblements, secousses musculaires, sueurs, nausées, et parfois diarrhée ou troubles urinaires.
  • Symptômes psychologiques les plus fréquents : malaise intense et mal défini, impression d’anéantissement ou de catastrophe imminente, perte de contrôle de soi, peur de mourir, de devenir fou, de s’évanouir, ou même de commettre un acte dangereux. Répétition d’idées douloureuses. Ces troubles psychologiques sont aggravés par l’incapacité d’évaluer la gravité des symptômes physiques ressentis. Par exemple, la tachycardie augmente l’anxiété.
  • Il n’y a pas de « théâtralisation » comme dans l’hystérie ; les patients cherchent, au contraire, à dissimuler leur trouble le plus longtemps possible.
  • Il peut y avoir également des manifestations psychosensorielles telles que : sensations de déjà vu, accélérations de la pensée, perception modifiée du réel, instabilité de la marche
  • C’est l’association des deux types de manifestations, psychologiques et somatiques, qui permet de diagnostiquer l’attaque de panique.
  • Tous ces symptômes entraînent des modifications de comportement : éructations, modifications de la voix, bégaiement, battements des paupières, agitation, demande d’aide, fuite vers des « lieux plus sûrs » ou, au contraire, prostration.
  • Très souvent, il n’y a pas de facteur déclenchant, ou il est impossible de le trouver.
  • D’autres patients ont, au contraire, toujours le même facteur déclenchant (ex : agoraphobie).
  • Dans d’autres cas, on retrouve des facteurs favorisants.
  • Certaines attaques sont déclenchées par des toxiques (alcool, cannabis, cocaïne, LSD, amphétamines, solvants, théophylline, phencyclidine, anticholinergiques, dérivés nitrés, extraits thyroïdiens, corticoïdes, oxyde et dioxyde de carbone).
  • L’attaque de panique peut survenir dans toutes les maladies psychiatriques (dépressions, psychoses), mais elle survient surtout en cas de névrose anxieuse ou phobique. L’agoraphobie est la cause la plus connue et la mieux identifiée des attaques de panique. L’agoraphobie est aussi la première cause de trouble panique (attaques répétées). Cependant, le trouble panique peut être indépendant d’une agoraphobie. C’est pourquoi on parle souvent de « trouble panique avec ou sans agoraphobie ».
  • Pour confirmer le diagnostic, on estime qu’il faut qu’au moins 4 des 10 symptômes suivants soient apparus de façon intense en moins dix minutes:
    • Palpitations ( accélération du rythme cardiaque).
    • Transpiration.
    • Tremblements ou secousses musculaires.
    • Sensations de « souffle coupé » ou impression d’étouffement.
    • Sensation d’étranglement.
    • Douleur ou gêne thoracique.
    • Nausée ou gêne abdominale.
    • Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement.
    • Déréalisation « sentiment d’irréalité », ou dépersonnalisation « être détaché de soi ».
    • Peur de perdre le contrôle ou de devenir fou.
    • Peur de mourir.
    • Paresthésies « sensations d’engourdissement ou de picotements ».
    • Frissons ou bouffées de chaleur.


IV/ L'espace d'éducation et de progrès

  • Certaines personnes font une seule crise dans leur vie ; d’autres ont des crises espacées de plusieurs années ; d’autres ont des crises très fréquentes, constituant alors le handicap très invalidant du « trouble panique ».
  • Parfois, la peur d’avoir une nouvelle crise est un facteur d’anxiété qui peut favoriser l’installation d’un trouble panique. Dépression et alcoolisme sont des complications fréquentes du trouble panique. La toxicomanie médicamenteuse aux benzodiazépines (tranquillisants) est une complication classique.
  • Il ne faut pas prendre de tranquillisant dès le début de l’attaque. Neuf fois sur dix, des paroles et une présence rassurantes suffisent à faire passer la crise.
  • On peut éventuellement prescrire une benzodiazépine après une demi-heure en cas de crise très intense. (Le grand danger des benzodiazépines est le risque d’accoutumance).
  • Le meilleur traitement pour éviter les récidives et pour traiter le trouble panique consiste en quelques séances de thérapie comportementale.
  • Chez certaines personnes, en cas de trouble panique sévère ou persistant, les antidépresseurs de la classe des ISRS, peuvent venir renforcer l’efficacité des thérapies comportementales.


V/ Radio trottoir des erreurs quotidiennes

  • On me dit que j’ai des crises de spasmophilie. (Ce terme est aujourd’hui désuet. Il est remplacé par le terme « attaque de panique ». On le trouve pourtant en tête de chapitre sur divers sites populaires ; c’est une bonne façon de juger de leur mauvaise qualité.)
  • On me dit que j’ai des crises de tétanie. (Même remarque que précédemment)
  • Il faut me donner des tranquillisants, car j’ai trop peur que ça recommence. (Les tranquillisants sont déconseillés, et parfois inutiles. Par contre cela peut vous rassurer d’avoir toujours un comprimé dans la poche. Le seul fait de savoir que vous avez ce recours évitera la gravité des crises et vous n’aurez pas besoin de le prendre. C’est une forme de thérapie comportementale.)
  • Ce qui me fait le plus peur, c’est que je ne comprends pas ce qui déclenche mes crises. (Très souvent, il est impossible de trouver un facteur déclenchant. Les crises ne sont pas plus graves ni plus fréquentes pour autant.)
  • J’ai vraiment très peur d’en mourir. (La peur de mourir est effectivement parfois forte et très traumatisante, mais rassurez-vous, aucune attaque de panique n’a jamais tué quelqu’un.)

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La phrase biomédicale aléatoire

Il apparaît que définir la physiologie comme la science des lois ou des constantes de la vie normale ne serait pas rigoureusement exact, pour deux raisons. D'abord parce que le concept de normal n'est pas un concept d'existence, susceptible en soi de mesure objective. Ensuite, parce que le pathologique doit être compris comme une espèce du normal, l'anormal n'étant pas ce qui n'est pas normal, mais ce qui est un autre normal. Cela ne veut pas dire que la physiologie n'est pas une science. Elle l'est authentiquement par sa recherche de constantes et d'invariants, par ses procédés métriques, par sa démarche analytique générale. Mais s'il est aisé de définir par sa méthode comment la physiologie est une science, il est moins aisé de définir par son objet de quoi elle est la science. La dirons-nous science des conditions de la santé ? Ce serait déjà, à notre avis, préférable à science des fonctions normales de la vie, puisque nous avons cru devoir distinguer l'état normal et la santé. Mais une difficulté subsiste. Quand on pense à l'objet d'une science, on pense à un objet stable, identique à soi. La matière et le mouvement, régis par l'inertie, donnent à cet égard toute garantie. Mais la vie ? N'est-elle pas évolution, variation de formes, invention de comportements ? Sa structure n'est-elle pas historique autant qu'histologique ? La physiologie pencherait alors vers l'histoire qui n'est pas, quoi qu'on fasse, science de la nature. Il est vrai qu'on peut n'être pas moins frappé du caractère de stabilité de la vie. Tout dépend en somme, pour définir la physiologie, de l'idée qu'on se fait de la santé.
― Georges Canguilhem

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