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Examens complémentaires

dernière mise à jour le 19/01/2014

I /Les mots et les faits

  • En médecine, l'examen clinique est celui que le médecin peut faire directement au lit (klinê) du patient : dialogue, palpation, inspection, percussion, auscultation, tests sensitifs ou musculaires, mouvements actifs et passifs, tests de mémoire, d'équilibre ou de vigilance, otoscopie, dermatoscopie ainsi que des mesures simples telles que : tension artérielle, température, poids, taille, mesure de l'acuité visuelle ou auditive, bandelette urinaire, etc.
  • Les examens qui ne peuvent être réalisés au chevet du patient sont nommés examens para cliniques ou complémentaires. L'essor prodigieux des techniques a permis de multiplier à l'infini le nombre et la variété de ces examens.
  • Nous pouvons les classer en cinq grandes catégories :
    1. Imagerie : radiographies, scintigraphies, échographies, scanner, imagerie par résonnance magnétique (IRM), mesure des émissions de positons, etc.
    2. Analyses biologiques et biochimiques : ce sont les innombrables mesures des composants du sang, du plasma, des urines, du liquide céphalo-rachidien, de la sueur, etc.
    3. Infectiologie et immunologie : il s'agit de la recherche directe (immédiate ou après culture) des microbes, virus, parasites ou de leur recherche indirecte par la trace immunologique qu'ils ont laissée dans le sérum.
    4. Endoscopies et anatomo-pathologie : c'est l'examen intime des organes et des tissus à l'oeil nu (chirurgie, colioscopie, endoscopies) ou au microscope.
    5. Epreuves fonctionnelles : elles utilisent divers artifices pour mesurer l'activité normale ou forcée des organes : mesure de métabolismes, électrocardiogramme au repos ou à l'effort, électromyographie, épreuves fonctionnelles respiratoires, doppler veineux et artériel, examens urodynamiques, audiométrie, etc.

II /Combattre les idées reçues

Le grand public et beaucoup de médecins accordent volontiers une plus grande fiabilité à ces examens qu'à l'examen clinique.
Cette idée reçue vient, d'une part, du sentiment intuitif qu'une machine est moins contestable qu'un homme et, d'autre part, de la forte médiatisation de ces examens dont il faut bien reconnaître qu'ils sont souvent fascinants par les prouesses techniques sous jacentes.
Pourtant ces machines sont connues et maîtrisées par des hommes et leurs résultats sont interprétés par des hommes, ne permettant pas à la fiabilité résultante de dépasser celle de la réflexion clinique.


III/Les idées-forces

Aucun médecin ne connaît tous les examens complémentaires Aucun médecin ne peut interpréter un examen complémentaire sans le secours de la clinique.
Sans la clinique, la paraclinique a très peu de valeur diagnostique ni pronostique.
Aujourd'hui plusieurs facteurs tels que gratuité, manque de communications entre spécialistes, exigences des patients, marchandisation du soin et bien d'autres, entraînent une énorme surconsommation d'examens complémentaires.
La plupart ne sont qu'inutiles, mais ils sont quelquefois trompeurs, et hélas, ils sont parfois dangereux.


IV/L’espace d’éducation et de progrès

N'exigez pas d'examens complémentaires, mais prenez le temps de vous renseigner sur leur utilité, leurs limites et leurs risques.
Aidez votre médecin dans sa réflexion clinique et n'accordez pas plus d'importance au résultat d'un examen ou à une image qu'à sa parole et à ses déductions.
Votre maladie, quelle que soit sa gravité ou le stade de son évolution, ne pourra jamais se résumer ni à une image, ni à un chiffre, ni à une parole de clinicien.


V/Radio trottoir des erreurs quotidiennes

  • Je vais vous faire un bilan complet.(Aucun bilan n'est jamais complet)
  • Je voudrais un bilan complet(idem)
  • J'ai mal au dos parce que j'ai une hernie discale.(La hernie discale est une anomalie visible au scanner, le mal au dos et la sciatique sont des symptômes, le rapport entre l'image et les symptômes est incertain et fluctuant.)
  • Tout va bien, vos analyses sont bonnes.(Tout ne va pas forcément bien)
  • Vos analyses ne sont pas bonnes.(Cette phrase est anxiogène et sans valeur à un instant donné de la maladie en dehors du contexte clinique et de la chronologie)
  • L'image est incertaine, il faudrait aller plus loin.(Ou s'arrêter là, car on attendait une image certaine)
  • Ma mammographie est normale, je suis rassurée.(Peut-être à tort)
  • Mon PSA est élevé, j'ai un cancer de la prostate.(Ou pas, ou sans importance, ou examen pratiqué à tort)
  • J'ai une entorse, mon kiné m'a dit de passer une IRM.(Le diagnostic de l'entorse est clinique, son seul traitement est le repos, l'IRM ne vous guérira pas et elle ne vous permettra pas de reprendre le football plus tôt)

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