Corinne Augé ▪ Humensciences, septembre 2024
Écrire un livre de vulgarisation n’est pas chose aisée. En écrire sur l’épigénétique l’est encore moins, car cette jeune science de vingt ans est bien loin d’avoir franchi la maturité. Corinne Augé parvient cependant à retenir le lecteur. Pour cela, elle commence habilement à insérer cette science dans l’histoire des sciences de l’évolution et de ses dérives sociales. Ensuite, elle s’applique à donner des exemples dans le monde animal ou dans le domaine de la santé humaine en essayant d’expliquer en quoi les processus épigénétiques ont joué un rôle. Certains passages plus techniques paraîtront un peu ardus aux profanes, mais on peut sauter et revenir en arrière. Au total, l’auteur réussit à faire passer ses messages principaux. D’une part, l’épigénétique est la science qui nous permettra de faire le lien entre l’inné et l’acquis. D’autre part, le génome et l’environnement entretiennent un dialogue incessant.
Anthony Berthou ▪ Actes Sud, février 2023
Les ouvrages sur la nutrition abondent, et pèchent trop souvent par leur idéologie ou leurs approximations. En voici un qui peut convenir à tous les lecteurs des plus savants aux plus profanes. D’une lecture agréable et facile, il contient aussi bien des explications physiologiques et physiopathologiques détaillées que des encarts simples et pratiques. La bibliographie est sérieuse et abondante et les idées reçues sont corrigées avec calme et sérénité.
Les biologistes de l’évolution réapprendront avec plaisir comment l’alimentation et les nutriments ont varié depuis le paléolithique, en fonction des latitudes et des saisons. Les médecins apprendront ce qu’est le triptyque IDH et les maladies de la désadaptation, ils découvriront que la mélatonine et la vitamine D sont le yin et le yang de notre chronobiologie. Ils sauront enfin vraiment ce que sont la charge glycémique, l’index glycémique et l’index insulinique. Ils apprendront que la zonuline peut servir de marqueur de la sensibilité au gluten. Les pharmacologues seront surpris d’apprendre que le microbiote est le principal paramètre de la pharmacodynamie, et la plupart d’entre eux feront la connaissance des peptides opioïdes. Les nutritionnistes apprendront à modérer leurs excès et à regarder le foie sous un jour nouveau. Les cuisiniers sauront comment diminuer le taux d’arsenic dans le riz, comment tirer le meilleur des différents revêtements des ustensiles de cuisine ou encore comment limiter la formation des corps de Maillard.
La plupart des lecteurs apprendront à différencier les informations guidées par l’industrie agro-alimentaire de celles issues simplement de l’observation, du bon sens et de la science. Ils découvriront que le vin rouge n’apporte pas autant de resveratrol que le disent les vignerons, que les édulcorants de synthèse n’ont aucun bénéfice, que les omégas 3 industriels sont dégradés ou encore que le saumon bio contient plus de PCB que les autres. Les végétariens pourront dormir tranquilles à la seule condition de surveiller leur vitamine B12.
Cet ouvrage décidément très complet aborde avec courage les problèmes environnementaux liés à l’agriculture et à l’élevage intensif. Il fait un point sur les pesticides sans catastrophisme ni angélisme. Et il aborde avec modestie le problème du gaspillage alimentaire. Sans aucune prétention philosophique il fait subrepticement comprendre les liens entre bonne nutrition, responsabilité écologique et mode de vie.
Subreptice est peut-être l’une des meilleures épithètes pour qualifier ce livre, avec d’autres comme dense, exhaustif, modeste et courageux.
Luc Perino ▪ Seuil, janvier 2023
La médecine moderne a indubitablement accompli de grands progrès. Mais nous sommes entrés dans un dangereux processus de surmédicalisation, entraînant une dérive des capacités prédictives vers des soins injustifiés et parfois délétères.
Cet ouvrage propose ainsi le nouveau concept de « non-maladie » pour désigner les situations où la médecine détermine une anomalie sans que le patient n’en ressente le moindre symptôme. Sa vie, cependant, peut être profondément affectée par ce type de diagnostic. C’est le cas de nombreuses anomalies génétiques, de certains cancers ou des écarts à des normes biologiques ou morphologiques arbitraires.
Ce sont aussi, inversement, les multiples plaintes que les citoyens viennent déposer à la porte des cabinets médicaux, alors que l’intervention médicale y sera probablement inefficace ou nuisible.
Or ces non-maladies prennent une place de plus en plus grande dans l’agenda des médecins, les programmes de recherche et le budget de la solidarité. Compte-tenu des contraintes de temps et d’argent, la prise en charge des malades se dégrade au point de menacer le niveau général de santé physique et mentale.
Il s’agit là d’un excès de pouvoir biomédical, largement favorisé par les forces du marché et la mainmise des industries sanitaires sur les nouvelles formes d’évaluation de l’état de santé des individus. Distinguer les maladies des non-maladies devient donc un impératif pour notre avenir social et sanitaire.
Gwénaëlle Persiaux ▪ Eyrolles, décembre 2021
Voilà un bon livre de vulgarisation dans un domaine où elle n’est pas si simple. L’auteure rappelle avec clarté les styles d’attachement tels qu’ils ont été définis par Bowlby. La présentation est claire entrecoupée de témoignages et de tableaux à usage clinique. Le tout est pragmatique et efficace, tant pour les cliniciens que pour les patients. Les encadrés agrémentent la lecture.
On y apprend aussi la différence entre émotions de surface et secondaires ou encore ce qu’est le phénomène de parentification. On comprend presque trop facilement comment se développent les problèmes au sein des couples, ces derniers constituant un sujet majeur de l’ouvrage.
J’ai aimé comment, tout au long de son ouvrage, elle s’applique à proscrire tout déterminisme. Non tout ne se joue pas avant 6 ans et on dispose de toute sa vie pour rénover ou « rafistoler » ses styles d’attachement. Cela en deviendrait presque un plaisir. Les psychothérapies peuvent être d’une grande aide, on n’en doute plus après la lecture du livre. Mais l’auteure prend toujours la peine de dédramatiser et ne fait pas de publicité indue pour son métier.
Comme je suis particulièrement sensible à la distinction entre facteur de risque et maladie, j’ai particulièrement apprécié qu’elle établisse clairement cette distinction en psychiatrie. Une personnalité n’est pas une maladie, elle peut être facteur de risque, et même les personnalités à l’attachement désorganisé, celles qui sont les plus exposées aux maladies psychiques et mentales, n’en développeront pas obligatoirement. Surtout après la lecture de ce livre.
Luc Perino ▪ La Découverte, mars 2020
L'Histoire célèbre les victoires que les médecins ont remportées sur les maladies. Mais elle néglige les patients dont les troubles, les souffrances ou les plaintes ont inauguré de nouveaux diagnostics, remis en cause certaines théories médicales, ouvert des perspectives thérapeutiques inédites. Ciselés comme des nouvelles, ces récits véridiques et rocambolesques de patients zéro racontent une autre histoire de la médecine dans laquelle des malades qui parfois s'ignorent et des patients comptés trop souvent pour zéro prennent la place des mandarins et des héros.
Parmi ces « cas », certains sont célèbres, comme le petit Joseph Meister, qui permit au vaccin antirabique de Pasteur de franchir le cap de l’expérimentation humaine, ou Phineas Gage, dont le crâne perforé par une barre à mine révéla les fonctions du lobe frontal. La plupart sont oubliés comme celle d'Auguste Deter, de Mary Mallon ou d'Henrietta Pleasant.
Des origines foraines de l’anesthésie générale aux recherches génétiques ou neurobiologiques les plus actuelles en passant par les premières tentatives de réassignation sexuelle, ce livre tente de rendre justice aux miraculés, aux cobayes ou aux martyrs dont la contribution au progrès de la connaissance et du soin a été aussi importante que celle de leurs médecins, illustres ou non.
L'auteur a profité de chacune de ces histoires faciles à lire pour prolonger son travail de vulgarisation et susciter la réflexion sur l'épistémologie du diagnostic et du soin. Il a laissé libre cours à ses « humeurs médicales » en pointant les dérives de la médecine qui ont existé de tous temps et dont l’Histoire n’a toujours pas réussi à nous protéger.
Luc Perino ▪ Editions du 81, juillet 2020
Luc Perino est un auteur déjà apprécié des Éditions du 81 (Le Bobologue, La Sagesse du Médecin, Une brève Histoire du médicament). À l’aune de la nouvelle pandémie mondiale du Covid-19, il a accepté de remettre à jour sa Sagesse du Médecin. Avec une plume littéraire, intelligente et pleine d'humour, il partage son expérience de médecin et d’enseignant, acquise en Afrique, en Chine ou dans la France rurale. C'est en mêlant ses passions que sont l'écriture, la médecine, la biologie et le darwinisme qu'il nous livre un récit d'une lucidité impressionnante.
« Pour nous, soignants noirs ou blancs, l’équation médicale était simple : presque cent pour cent des enfants qui recevaient la gentamicine survivaient, contre trente à quarante pour cent des autres. Nos stocks étaient limités, le produit était relativement cher. Il fallait faire des choix. Surtout ne pas croiser le regard des mères. »
« Dans cet avion, je crois bien m'être demandé s'il n'eut pas été plus judicieux de croiser le regard des mères que de palper le ventre des enfants. Aujourd'hui, dix mille enfants plus tard, je m'en souviens encore, j'examine les enfants pour respecter la partie obligatoire de ma prestation, mais c'est souvent le regard des mères qui détermine ma décision diagnostique et thérapeutique. J’ai mis du temps. »
« Autrefois les dirigeants envoyaient des millions de jeunes gens sains, mourir à la guerre, pour une certaine idée de la liberté. Par temps de pandémie, Ils suppriment cette liberté à d’autres millions de jeunes pour la survie hypothétique de quelques personnes âgées ou fragiles. Hélas, la démesure infectieuse est quasi anthropologique et perturbe notre jugement… »
Jean-Pierre Thierry et Claude Rambaud ▪ Albin Michel, 2016
Ce livre ne s'embarrase ni de philosophie, ni de sociologie, ni de politique, il se contente de donner des chiffres et ces derniers sont effarants.
Les abaissements de seuils pour l'hypertension, le sucre, le cholestérol, la créatinine ou l'IMC ont contribué à créer des épidémies de maladies inexistantes. Des centaines de millions de personnes sont soignées, alors qu'elles n'en ont pas besoin. Ces soins contribuent à dégrader objectivement la santé, et ils sont la permière cause de diminution de l'espérance de vie après 70 ans.
Le dépistage des cancers n'apporte aucun bénéfice en termes de santé publique et ne modifie pas la mortalité toutes causes confondues. Cela est valable tant pour le dépistage du cancer du sein que de celui du côlon. Quant au dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA, il est déconseillé par toutes les autorités depuis plus de 20 ans, mais nombre de médecins le pratiquent encore sous la pression du lobby des urologues.
Les accident médicaux sont la troisième cause de mortalité dans les pays de l'OCDE, et de manière surprenante les gouvernements n'y attachent aucun importance, aolors qu'ils ont fait de gros efforts pour diminuer avec succès les accidents de la route et du travail. Pourquoi la médecine bénéficie-t-elle d'une telle immunité ?
Enfin les auteurs terminent en évoquant longuement le drame des bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Cette antibiorésistance est un problème plus urgent et plus dramatique que celui du changement climatique.
Michel Raymond ▪ Humensciences, mars 2020
Michel Raymond fait partie des rares chercheurs investis dans le rapprochement entre biologie de l'évolution et pratique médicale. Travail nécessitant patience et rigueur, car les sciences de l'évolution ne sont pas encore enseignées dans les facultés de médecine et n'ont pas encore investi les domaines du diagnosticn et du soin. Son premier ouverage de vulgarisation (Cromagnon toi-même) en 2008 a montré l'intérêt de cette approche dans le domaine du diagnostic et de la physiopathologie. Cet ouvrage ci en constitue une suite logique dans le domaine du soin.
Riche des ses connaissances chez les animaux sociaux (principalement insectes et primates), l'auteur analyse les universaux du soin et l'évolution de la préservation de la santé, depuis les soins parentaux éléméntaires jusqu'au concept très novateur d'immunité sociale, en passant par tous les composantes sociales du placebo.
Les hiérarchies sociales ont de fortes répercussions sur le coût de l'accès aux ressources et du maintien dans le groupe, donc sur la santé et le soin. Chez l'homme et tous les autres primates, l'efficacité du soin et la préservation de la santé n'ont pas attendu la médcecine moderne. Par contre Homo sapiens semble être la seule espèce à proposer des soins à d'autres qu'à ses proches et apparentés. L'introduction très récente de la science et de la technique dans le soin constitue un progrès dont les bénéfices sont amoindris et risquent de l'être plus encore si l'on continue à ignorer les bases biologiques du placebo et la dimension sociale de la santé.
En se basant sur une très riche bibliographie, l'auteur déroule son raisonnement par petites touches discrètes et pertinentes. La lecture est facile et laisse peu de place au doute. Incontestablement, les progrès à venir ne pourront pas faire l'économie d'une telle analyse.
La dernière partie, plus classique, fait le point sur les nouvelles maladies non infectieuses résultant des bouleversements du néolithique et de la plus récente révolution industrielle.
Ce livre devrait être lu par tous les médecins. Hélas, rien dans leur formation universitaire et post-universitaire ne les incite à ce type de réflexion. Il ne reste donc qu'à espérer comme le soiuhaite l'éditeur que les patients le conseillent à leur médecin.
Lise Barneoud ▪ Premier Parallèle 2017
Dans le domaine médical, réussir un livre de vulgarisation est difficile. En voilà un qui, dans le domaine sensible de la vaccination, est un modèle du genre.
L’information est neutre et rigoureuse, elle est replacée dans l’Histoire, et l’auteure, qui se positionne à la fois en profane et en investigatrice, décrit la réalité des controverses en évitant à la fois le dogmatisme et l’affect, défauts bien connus des défenseurs et des opposants à la vaccination.
En réalité, ce livre ne parle pas de vaccination, c’est son plus grand mérite, il décortique les vaccins un à un, le rapport bénéfice-risque de chacun, en précisant que ce rapport se modifie avec le temps. Chaque maladie visée, chaque vaccin et chaque campagne de vaccination correspondante fait l’objet d’une observation lucide et documentée. L’histoire de la polio et de ses deux vaccins est un exemple de narration et de pédagogie.
Elle ose braver le politiquement correct en précisant qu’une maladie qui tue un nourrisson est une inégalité, alors qu’une maladie qui touche un vieillard est une fatalité (en résumé !). Elle aborde discrètement le problème des mutants dans le cas des vaccins ne visant que certaines souches d’un pathogène.
Elle présente avec précision, et sans diabolisation, l’intrusion du marché pharmaceutique dans le secteur « sacré » de la vaccination au cours des années 1980. Facteur probable de la défiance accrue de nombreux citoyens.
Elle dénonce sans colère ceux qui continuent à globaliser le récit de la vaccination sans voir que les vaccins ne sont une solution globale que pour très peu de maladies infectieuses. Pour preuve, le livre se termine par un passage en revue de 16 maladies et de leurs 16 vaccins, avec des informations utiles non seulement aux profanes patients, mais aussi aux confrères sachants.
Exhaustif, facile et serein, ce livre est à recommander à tous.
Nathan Lentz ▪ Larousse 2018
Un livre léger qui aborde avec humour et pédagogie plusieurs thèmes de la biologie de l'évolution. Le fil conducteur est celui des défauts de l'organisme humain. L'auteur montre que l'évolution est un bricolage dont les résultats sont parfois surprenants. Notre oeil est imparfait, nos articulations sont parfois faites de bric et de broc, notre genou est fragile, nos bronches mélangent l'air oxygéné et l'air vicié. Nous sommes obligés de manger de tout, car notre organisme ne sait plus fabriquer les vitamines et acides aminés dont il a besoin pour survivre.Notre système immunitaire s'attaque parfois à nos propres cellules. Le cancer est un processus inévitable. Etc.
De façon inattendue, nous apprenons aussi que, malgré sa démographie de 7 milliards, Homo sapiens est un piètre reproducteur. Enfin, le cerveau dont nous sommes si fiers est victimes d'illusions et se laisse berner avec une déconcertane naïveté.
Bref, de quoi donner la cafard, si l'auteur ne prenait pas régulièrement la précaution de faire remarque que malgré tout cela, l'ensemble fonctionne plutôt bien pour l'essentiel.
L'auteur effleure aussi quelques thèmes de biologie évolutionniste plus complexes comme celui de l'avantage hétérozygote et il termine son livre par des opinions très personnelles sur l'avenir de l'humanité.
Un bon livre de plage pour les patients qui ont envie d'ouvrir de nouvelles portes en s'amusant.
Ariane Giacobino ▪ Stock 2018
Voila un livre de vulgarisation d'une grande efficacité et d'une grande originalité. À la fois autobiographie, réflexion philosophique et manuel de recherche, ce livre atteint son but et son lecteur.
Avec drôlerie et modestie, l'auteur nous livre le cheminement de sa pensée depuis la génétique rigide du laborantin jusqu'à la libération de la pensée d'une chercheuse audacieuse et curieuse de tous ses semblables. Chaque ligne nous fait percevoir la force de la recherche et la fragilité de la médecine.
Ariane Giacobino nous épargne la chimie complexe de l'épigéntique moléculaire pour nous entraîner dans sa logique de chercheuse et l'on devient soi-même l'expérimentateur aventurier qui va repenser la relation entre les gènes et le monde. On n'a même pas peur de comprendre !
Sociologie, sociobiologie, génétique, chimie, éthique, épistémologie, tout se relie avec une inimitable simplicité. Ce livre nous fait devenir intelligent. N'est-ce pas là le but essentiel de la vulgarisation ?
La lecture est obligatoire pour tous les cliniciens et tous leurs patients.
Merci et bravo.
Blanc S, Boëtsch G, Hossaert-McKey M, Renaud F. ▪ Cherche-Midi et Presses du CNRS
Plusieurs écologues du CNRS approchent ici les nouveaux problèmes sanitaires : émergence de nouveaux pathogènes, antibiorésistance, maladies environnementales.
Ils le font à la lumière de l'écologie scientifique, en examinant l'évolution des comportements alimentaires, des modes de vie, des paysages agricoles et urbains.
Plus que jamais, ils pointent la nouvelle nécessité de remonter aux sources de nos maux et non pas seulement à leurs symptômes pour les comprendre et tenter d'y remédier.
Cet ouvrage s'inscrit dans le nouveau courant de médecine évilutionniste qui tente de réunir médecins, sociologues, anthropologues, biologistes et évolutionnistes dans une réflexion globale et interdisciplinaire autour des problèmes sanitaires.
Jean Christophe Seznec, Stéphanie Rohant ▪ First 2016
Risque juridique, hypertrophie de l'administration, insuffisance des honoraires, désorganisation des soins et des urgences, sont autant de plaintes que ressassent les médecins et leur syndicats.
Ce livre tire un signal d'alarme sur les nouvelles entraves à la bonne relation médecin-patient. Cette relation est clairement devenue une relation administartive et de consommation.
De plus en plus de médecins harcelés par l'administration, par leurs patients et par de multiples injonctions paradoxales sont en burn out et dévissent leur plaque pour choisir un emploi salarié ou un autre métier.
Il faut le dire, même les cabinets les plus enviés que les médecins payaient, il y a trente ans, pour avoir le droit d'y travailler ne trouvent plus repreneur aujourd'hui. Les déserts médicaux ne concernent pas que les campagnes, mais aussi le coeur des grandes villes. Malgé toutes les belles intentions des ministères et les flagorneries de l'Université, la médecine générale se meure. Les patients en sont les premeières victimes.
Il faut cependant dire que les responsables de cette dérive sont tous les acteurs du soin, patients eux-mêmes, Université, administrations, ministère, mais aussi les médecins dont la pratique a changé en suivant les évolutions de la société. Nous reprocherons simplement aux auteurs d'avoir été peut-être un peu trop discrets sur ce dernier point.
L'ensemble mérite cependant d'être lu avec attention, car les constats sont stupéfiants et les assertions incontestables. À déconseiller aux pessimistes !
Sous la direction de Mikkel Borch-Jacobsen ▪ Les Arènes 2013
Nous ne savons pas s'il faut interdire la lecture de ce livre aux patients et aux médecins ou la rendre obligatoire. En effet, le contenu est si stupéfiant que l'on se demande si les auteurs (médecins, pharmaciens, sociologues, philosophes, épistémologistes) n'ont pas forcé le trait. On n'arrive pas à croire que l'industrie pharmaceutique soit la plus organisée et la plus cynique des maffias. Que ses lobbys sont plus puissants que ceux de l'agro-alimentaire ou du tabac. Que cette industrie a soumis la majorité de la recherche et des universités à ses impératifs, qu'elle maîtrise les leaders d'opinion, les agences du médicaments (EMA, FDA), les hautes autorités de santé et l'OMS.
Pourtant tout est parfaitement documenté : les procès de scandales, les amendes payées pour taire les tricheries, les essais cliniques entièrement biaisés, les effets secondaires dissimulés. Le marketing qui remplace la recherche. Les résultats négatifs jamais publiés. Etc.
Certes les médecins avertis connaissent déjà plusieurs des méthodes très contestables de ce marché qui est le plus profitable de tous. Mais aucun ne peut imaginer l'ampleur des machinations et des falsifications.
La confluence d'intérêts entre les industriels du médicament et les médecins a conduit à médicaliser toute la société et à transformer toute les vicissitudes de la vie en maladies. Les maladies chroniques sont de pures inventions qui sont pourtant ancrées dans tous les esprits.
Les prix exorbitants pour profiter des cancéreux ou des maladies orphelines relèvent d'un cynisme qui donne la nausée. La façon éhontée d'utiliser la démagogie politique, de contrôler les associations de patients, de corrompre les spécialistes, de rédiger des articles avec des prête-noms.
Bref si dans les années 60, les médicaments ont contribué à libérer l'humanité de certains fléaux millénaires. Il est ertain que depuis les années 1990, ils créent de nouveaux problèmes sanitaires qui diminuent l'espérance de vie. L'addiction aux psychotropes et aux opiacés sont les plus visibles de ces problèmes mais il y en a de nombrexu autres et parfois pires. les personnes âgées sont des cibles faciles recevant des traitement futiles et parfois cruels
Les médecins prescripteurs ne se rendent pas compte à quel point ils sont les jouets de cette industrie. Ils sont désinformés et mal informés et prescrivent pour des tiers sans connaître les risques de cet étrange marché à trois acteurs (marchand, médecin et patient). Tout cela sous le couvert virtuel des organismes de contrôle qui n'ont plus le contrôle de la situation et de la science depuis longtemps.
Tout est vrai, ce livre vous laissera pantois. Il y a un avant et un après cette lecture.
Claude Béraud ▪ Thierry Souccar, 2013
Ce livre est un recueil des article et des coups de geules passés de Claude Béraud, ancien médecin conseil de la Sécurité Sociale.
Il a passé sa vie à lutter contre les excès de la médecine et le silence des administrations face à cette gabegie... Avec très peu de succès, comme il le reconnait lui-même.
Michel Odent ▪ L'instant présent, 2011
Réédition du titre "Le plus beau des mammifères" paru en 1990, ce livre est un concentré de science et de bon sens autour de l'accouchement et de la période néonatale. L'auteur, connu pour ses engagements, évoque les grands thèmes de la surmédicalisation de l'accouchement. Sa grande expérience personnelle et ses résultats sur la mortalité maternelle et infantile lui permettent d'affirmer des vérités essentielles. Les deux plus importantes sont, d'une part, le rôle de l'ocytocine dans le lien qui unit la mère à l'enfant et qui est perturbé par les déclenchements artificiels de l'accouchement, et d'autre part, le rôle majeur du colostrum pour protéger le nouveau-né contre les infections. Il prône un retour à la mise au sein immédiate après la naissance, même pour les mères qui n'ont pas l'intention d'allaiter longtemps.
Parfois trop enthousiaste, il est plus difficile de le suivre dans certaines digressions autour des chats, de la monogamie ou du cerveau primitif. Néanmoins, tous ses propos sont remplis d'évidences cliniques que la majorité des obstétriciens actuels semble avoir oubliées.
Il reconnaît cependant que beaucoup de femmes, les sage-femmes et des médecins de plus en plus nombreux sont favorables à un retour à un accouchement plus naturel et à l'allaitement au sein prolongé.
Luc Perino ▪ Le Pommier, 2012
Le sous-titre de ce livre : "La santé entre science, raison, profit et précaution." annonce l'ampleur du sujet traité.
Il s'agit d'un ouvrage audacieux, a priori destiné aux cliniciens, mais que les patients éduqués peuvent lire avec intérêt et profit. Certains seront tentés d'en encourager la lecture à leurs médecins, car cela pourrait améliorer leurs relations et éléver le niveau de leurs échanges.
Les profonds bouleversements de la médecine placent le médecin devant des difficultés sans précédent : il est souvent contraint de choisir entre l'intérêt de son patient et les recommandations officielles.
La domination de la pensée médicale par le marché perturbe les relations cliniques entre patients et praticiens. Sans en avoir une réelle conscience, médecins et patients souffrent ensemble de devenir les jouets d'un pouvoir sanitaire protéiforme et mal identifié.
Ce livre éclaire les articulations complexes entre la médecine et la société, entre la science et le rêve, entre la santé publique et la démagogie, entre la statistique et la manipulation. Il le fait avec un regard nouveau et original en abordant des paradoxes sanitaires encore très mal analysés.
Loin de bâtir un réquisitoire contre la médecine, Luc Perino rédige ici un véritable hymne à la science clinique.
Naomi Oreskes et Erik M.Conway ▪ Le Pommier, 2012
L'agnotologie est une science qui est née avec la montée en puissance du marché et des lobbies. Cette science, issue de la collusion entre industriels et savants corrompus, élabore des stratégies pour masquer des vérités et fabriquer du doute autour de données scientifiques qui gênent leurs intérêts.Luc Perino ▪ Armand Colin, 2011
La priorité du médecin est-elle de faire des diagnostics, de pratiquer des soins, de produire de la médecine ou de relayer le marketing de Big Pharma ?Corinne Lalo et Patrick Solal ▪ Plon, 2011
Enquête rigoureuse réalisée par deux journalistes sur les dégâts causés par les médicaments et sur la manipulation de l'information par l'industrie pharmaceutique.Rachel Campergue ▪ Max Milo, 2011
A la manière d'un journaliste d'investigation, l'auteure a mené l'enquête pour comprendre pourquoi les médecins étaient incitatifs, à la limite de l'agressivité, pour envoyer leurs patientes se faire mammographier tous les deux ans.Grâce à une riche et rigoureuse documentation nous découvrons le monde cynique du "cause related marketing" ou comment profiter de l'angoisse et des intuitions populaires pour alimenter le business médical et les produits dérivés qui fleurissent pendant le mois "d'octobre rose", mois consacré à la propagande sur le cancer du sein.
Dans ce livre terrifiant, fort heureusement parsemé d'humour pour laisser souffler le lecteur, nous découvrons l'inefficacité sanitaire de ce dépistage de masse et nous comprenons mieux comment les "bons sentiments" sont le levier le plus efficace de la manipulation.
Patrick Lemoine ▪ Armand Colin, 2010
Avec l'humour tranquille que nous lui connaissons désormais bien, l'auteur détricote l'histoire des psychiatres, psychologues et autres psychanalystes.Luc Perino ▪ L'oeil neuf / Jean-Claude Béhar, 2009
Jamais l’histoire des médicaments n’a été contée de façon aussi brève et aussi exhaustive.H.G. Welch ▪ P.U. Laval, 2007
Le dépistage de masse des cancers est présenté comme une nécessité de santé publique.Luc Perino ▪ Le Félin, 2006
Des chroniques décapantes et cyniques pour dénoncer les travers des patients et de leurs médecins, les errements de nos ministères et universités de santé et la suprématie du marché dans la pensée médicale.Collectif sous la direction de Catherine Meyer ▪ Les Arènes, 2005
En France, la psychanalyse reste très présente et c’est l’un des rares pays où elle est encore enseignée comme science médicale et non comme une simple page de l’histoire des idées. Avant ce livre, plusieurs autres avaient été édités à l’étranger sur les mensonges cliniques de Freud.Jorg Blech ▪ Actes Sud, 2005
Les marchands de la santé ont un but inavouable, mais dont l’évidence commence à être grossière : trouver une maladie pour chaque patient qui entre chez le médecin et pour chaque molécule trouvée dans un laboratoire.Luc Perino ▪ Calmann-Levy, 2004
22 histoires d’un médecin généraliste qui nous entraîne dans ce qu’il y a de profondément humain dans chacune de ses consultations. Il dresse des portraits sensibles de ses patients, fragiles, contradictoires, souvent touchants, parfois irritants. Partant de ce qu’ils expriment, il mène l’enquête. Loin de nier leur souffrance, il la réintègre dans la globalité de leur corps, de leur vie. Il ne soigne pas un organe mais une personne.Dans ces symptômes, il perçoit aussi ceux de notre société. Il constate, résiste, s’insurge contre les lois du marché de la santé qui nous font prendre des vessies pour des lanternes.Luc Perino n’est pas un observateur passif. Décapant, impertinent, ce livre est aussi empreint d’humour et de poésie.Philippe Pignarre ▪ La Découverte, 2004
Toutes les solutions proposées pour réduire le déficit de la Sécurité Sociale visent à transformer l'usager de soins en consommateur de marchandises sous prétexte de le responsabiliser. Hélas, cela ne marche pas, car les influences du secteur privé sur le consommateur sont toujours plus efficaces que celles du secteur public.Luc Perino ▪ L'oeil neuf / Jean-Claude Béhar, 2004
Un médecin généraliste questionne son métier en racontant ses patients avec une force littéraire qu’il veut mettre à leur service et à celui d’une médecine clinique qu’il redoute de voir disparaître.Guy Hugnet ▪ Le Cherche Midi, 2004
Très tôt, la communauté scientifique a su que les nouveaux antidépresseurs n'étaient pas plus efficaces qu'un placebo. Mais les études négatives n'étaient pas publiées par l'industrie pharmaceutique. C'est le premier mensonge.Jean-Paul Thomas ▪ Le Pommier, 2003
Un philosophe essaie de répondre cette étrange question d'une façon simple pour le plus large public. Comment cette discipline est-elle née ? Comment fonctionne-t-elle ? De la procréation médicalement assistée au statut de l'embryon en passant par le séquençage du génome, les questions et les problèmes affluent. Les résoudre fait appel à toutes les expertises et toutes les sensibilités. Beaucoup de questions cruciales demeurent encore sans réponse, et peut-être pour longtemps ?Philippe Pignarre ▪ La Découverte, 2003
Une enquête minutieuse par un spécialiste qui a bien connu l’industrie pharmaceutique de l’intérieur. Il montre de façon impartiale comment l’industrie en est arrivée à d’importantes dérives mercatiques pour compenser un manque d’innovations thérapeutiques véritables.Christian Lehmann ▪ Robert Lafont, 2003
Un médecin généraliste décrit 24 heures de sa vie.Luc Perino ▪ L'oeil neuf / Jean-Claude Béhar, 2001
Le livre pour tous, par excellence. Il fourmille d’anecdotes et de réflexions sur l’homo sapiens en situation chez son médecin.Martin Winckler ▪ P.O.L., 1998
Un récit sur la pratique d’un médecin généraliste rural. La force du récit repose sur une habileté littéraire où le personnage central est absent, il est dessiné par les touches successives des monologues de ses patients et des personnes de son entourage.Patrick Lemoine ▪ Odile Jacob, 1996
Utilisé depuis la nuit des temps par les chamanes, les mages et guérisseurs, le placebo est certainement le plus efficace de tous les médicaments. Pourquoi les médecins répugnent-ils tant à l'admettre, alors qu'il sont en eux-mêmes le plus puissant des placebos ?Olivier Sacks ▪ Seuil, 1985
Ce livre qui a connu un grand succès est intéressant pour montrer aux patients l’importance de la médecine clinique.Norbert Bensaïd ▪ Seuil, 1981
La médecine utilise volontiers les notions de prévention et de prédiction pour maîtriser nos vies en exploitant nos peurs.En matière sanitaire, la cohésion de la réaction du public découle naturellement de celle de sa presse généraliste. Au grégarisme des maîtres, répond le panurgisme des esclaves.
― Luc Perino