Claude Habib ▪ Les carnets de l'institut Diderot, mars 2023
Un petit ouvrage remarquable qui fait un sage point sur le phénomène très médiatisé du genre. L'autrice insiste esentiellement sur le grave problème de la réassignation sexuelle par hormone et/ou chirurgie et l'activisme extrémiste des associations de trans. La transidentité existe depuis toujours, mais la réassignation sexuelle est un fait nouveau qui est apparu en raison de l'offre médicale. Cette offre est aujourd'hui démesurée et renforcée par une illusion de progressisme politique. Le problème essentiel est celui des adolescents qui hésitent sur leur identité de genre. La question de la contagion sociale est clairement posé et bien étudiée particulièrement chez les jeunes filles. Ce que la technologie et le marché médical débridé offrent aux adultes ne doit pas être proposé aux adolescents sans plus de réflexion. Il y a une urgence législative. L'autrice propose clairement d'attendre l'âge de 24 ans, la fin de la formation du cerveau,avant d'envisager tout processus de réassignation sexuelle.
Luc Perino ▪ Seuil, janvier 2023
La médecine moderne a indubitablement accompli de grands progrès. Mais nous sommes entrés dans un dangereux processus de surmédicalisation, entraînant une dérive des capacités prédictives vers des soins injustifiés et parfois délétères.
Cet ouvrage propose ainsi le nouveau concept de « non-maladie » pour désigner les situations où la médecine détermine une anomalie sans que le patient n’en ressente le moindre symptôme. Sa vie, cependant, peut être profondément affectée par ce type de diagnostic. C’est le cas de nombreuses anomalies génétiques, de certains cancers ou des écarts à des normes biologiques ou morphologiques arbitraires.
Ce sont aussi, inversement, les multiples plaintes que les citoyens viennent déposer à la porte des cabinets médicaux, alors que l’intervention médicale y sera probablement inefficace ou nuisible.
Or ces non-maladies prennent une place de plus en plus grande dans l’agenda des médecins, les programmes de recherche et le budget de la solidarité. Compte-tenu des contraintes de temps et d’argent, la prise en charge des malades se dégrade au point de menacer le niveau général de santé physique et mentale.
Il s’agit là d’un excès de pouvoir biomédical, largement favorisé par les forces du marché et la mainmise des industries sanitaires sur les nouvelles formes d’évaluation de l’état de santé des individus. Distinguer les maladies des non-maladies devient donc un impératif pour notre avenir social et sanitaire.
Anthony Berthou ▪ Actes Sud, février 2023
Les ouvrages sur la nutrition abondent, et pèchent trop souvent par leur idéologie ou leurs approximations. En voici un qui peut convenir à tous les lecteurs des plus savants aux plus profanes. D’une lecture agréable et facile, il contient aussi bien des explications physiologiques et physiopathologiques détaillées que des encarts simples et pratiques. La bibliographie est sérieuse et abondante et les idées reçues sont corrigées avec calme et sérénité.
Les biologistes de l’évolution réapprendront avec plaisir comment l’alimentation et les nutriments ont varié depuis le paléolithique, en fonction des latitudes et des saisons. Les médecins apprendront ce qu’est le triptyque IDH et les maladies de la désadaptation, ils découvriront que la mélatonine et la vitamine D sont le yin et le yang de notre chronobiologie. Ils sauront enfin vraiment ce que sont la charge glycémique, l’index glycémique et l’index insulinique. Ils apprendront que la zonuline peut servir de marqueur de la sensibilité au gluten. Les pharmacologues seront surpris d’apprendre que le microbiote est le principal paramètre de la pharmacodynamie, et la plupart d’entre eux feront la connaissance des peptides opioïdes. Les nutritionnistes apprendront à modérer leurs excès et à regarder le foie sous un jour nouveau. Les cuisiniers sauront comment diminuer le taux d’arsenic dans le riz, comment tirer le meilleur des différents revêtements des ustensiles de cuisine ou encore comment limiter la formation des corps de Maillard.
La plupart des lecteurs apprendront à différencier les informations guidées par l’industrie agro-alimentaire de celles issues simplement de l’observation, du bon sens et de la science. Ils découvriront que le vin rouge n’apporte pas autant de resveratrol que le disent les vignerons, que les édulcorants de synthèse n’ont aucun bénéfice, que les omégas 3 industriels sont dégradés ou encore que le saumon bio contient plus de PCB que les autres. Les végétariens pourront dormir tranquilles à la seule condition de surveiller leur vitamine B12.
Cet ouvrage décidément très complet aborde avec courage les problèmes environnementaux liés à l’agriculture et à l’élevage intensif. Il fait un point sur les pesticides sans catastrophisme ni angélisme. Et il aborde avec modestie le problème du gaspillage alimentaire. Sans aucune prétention philosophique il fait subrepticement comprendre les liens entre bonne nutrition, responsabilité écologique et mode de vie.
Subreptice est peut-être l’une des meilleures épithètes pour qualifier ce livre, avec d’autres comme dense, exhaustif, modeste et courageux.
Ariane Denoyel ▪ Fayard, avril 2021
L'auteur prend modestement la peine de préciser que son livre sur les antidépresseurs ne changera probablement pas les manières de l'industrie pharmaceutique dans le domaine de la psychiatrie. D'autres ouvrages avant celui-ci ont tenté de dénoncer les manipulations et mensonges dans ce domaine très particulier de la médecine où les diagnostics sont corrompus par une offre thérapeutique sans fondement biologique ou clinique.
En se basant sur des témoignages, des faits-divers, des documents et une riche bibliographie, ce livre évoque ce qui n'est hélas pas encore un scandale, car les antidépresseurs continuent à être largement prescrits et remboursés. Ces médicaments dont le rapport bénéfices/risques est négatif sont devenus la première cause de suicide et ils sont certainement l'une des premières causes d'homicides et de barbaries.
L'auteure profite de son enquête méticuleuse sur ces médicaments pour faire un point plus général sur les méthodes utilisées par les labotratoires pour soumettre la presse médicale et les leaders d'opinion. Essais cliniques biaisés, dissimuler des effets secondaires et des résultats négatifs, tout cela est connu depuis longtemps, et chaque nouvelle loi sur la transparence est détournée par l'industrie pharmacentique qui excelle dans la fabrication du doute et sait habilement exploiter la naïveté des prescripteurs et de leurs patients.
Les faits dénoncés sont si monstrueux que l'on peine parfois à y croire. Pourtant, ils sont encore pire : les antidépresseurs (particulièrement les ISRS) constituent le plus gros mensonge de l'histoire du médicament. Lorsque le scandale éclatera vraiment, les morts se compteront par milliers, et nombreux seront ceux qui auront à rendre des comptes.
Luc Perino ▪ Editions du 81, juillet 2020
Luc Perino est un auteur déjà apprécié des Éditions du 81 (Le Bobologue, La Sagesse du Médecin, Une brève Histoire du médicament). À l’aune de la nouvelle pandémie mondiale du Covid-19, il a accepté de remettre à jour sa Sagesse du Médecin. Avec une plume littéraire, intelligente et pleine d'humour, il partage son expérience de médecin et d’enseignant, acquise en Afrique, en Chine ou dans la France rurale. C'est en mêlant ses passions que sont l'écriture, la médecine, la biologie et le darwinisme qu'il nous livre un récit d'une lucidité impressionnante.
« Pour nous, soignants noirs ou blancs, l’équation médicale était simple : presque cent pour cent des enfants qui recevaient la gentamicine survivaient, contre trente à quarante pour cent des autres. Nos stocks étaient limités, le produit était relativement cher. Il fallait faire des choix. Surtout ne pas croiser le regard des mères. »
« Dans cet avion, je crois bien m'être demandé s'il n'eut pas été plus judicieux de croiser le regard des mères que de palper le ventre des enfants. Aujourd'hui, dix mille enfants plus tard, je m'en souviens encore, j'examine les enfants pour respecter la partie obligatoire de ma prestation, mais c'est souvent le regard des mères qui détermine ma décision diagnostique et thérapeutique. J’ai mis du temps. »
« Autrefois les dirigeants envoyaient des millions de jeunes gens sains, mourir à la guerre, pour une certaine idée de la liberté. Par temps de pandémie, Ils suppriment cette liberté à d’autres millions de jeunes pour la survie hypothétique de quelques personnes âgées ou fragiles. Hélas, la démesure infectieuse est quasi anthropologique et perturbe notre jugement… »
Luc Perino ▪ La Découverte, mars 2020
L'Histoire célèbre les victoires que les médecins ont remportées sur les maladies. Mais elle néglige les patients dont les troubles, les souffrances ou les plaintes ont inauguré de nouveaux diagnostics, remis en cause certaines théories médicales, ouvert des perspectives thérapeutiques inédites. Ciselés comme des nouvelles, ces récits véridiques et rocambolesques de patients zéro racontent une autre histoire de la médecine dans laquelle des malades qui parfois s'ignorent et des patients comptés trop souvent pour zéro prennent la place des mandarins et des héros.
Parmi ces « cas », certains sont célèbres, comme le petit Joseph Meister, qui permit au vaccin antirabique de Pasteur de franchir le cap de l’expérimentation humaine, ou Phineas Gage, dont le crâne perforé par une barre à mine révéla les fonctions du lobe frontal. La plupart sont oubliés comme celle d'Auguste Deter, de Mary Mallon ou d'Henrietta Pleasant.
Des origines foraines de l’anesthésie générale aux recherches génétiques ou neurobiologiques les plus actuelles en passant par les premières tentatives de réassignation sexuelle, ce livre tente de rendre justice aux miraculés, aux cobayes ou aux martyrs dont la contribution au progrès de la connaissance et du soin a été aussi importante que celle de leurs médecins, illustres ou non.
L'auteur a profité de chacune de ces histoires faciles à lire pour prolonger son travail de vulgarisation et susciter la réflexion sur l'épistémologie du diagnostic et du soin. Il a laissé libre cours à ses « humeurs médicales » en pointant les dérives de la médecine qui ont existé de tous temps et dont l’Histoire n’a toujours pas réussi à nous protéger.
Sylviane Agacinski ▪ Tracts - Gallimard, 2019
Ce livre est à recommander aux législateurs, médecins et consommateurs de procréation médicalement assistée. La lecture est aisée, la réflexion est progressivement construite et située dans l'histoire culturelle et biologique de notre espèce. Elle s'articule autour de l'intérêt de l'enfant, non seulement autour de l'enfant mis au monde, mais surtout de l'enfant à naître. Et c'est bien seulement à ce niveau que doit se situer tout débat éthique autour de la PMA.
Considérer que l'obtention d'un enfant est un droit légitime, revient à considérer les corps et les individus, comme des objets que l'on peut acquérir sur le marché. La réflexion dépasse largement les polémiques sociétales et politiciennes sur les revendications des couples stériles ou homosexuels.
L'auteure décortique et dénonce les biais qui conduisent à la justification du commerce des organes, des ventres et des corps dans les pays ultralibéraux où le simple désir d'enfant suffit à légitimer le statut de parent, avant toute naissance.
Ces biais sont forgés par les gigantesques profits que procurent tous les commerces autour de la parentalité, depuis l'adoption jusqu'au mères porteuses. Ils conduisent à éclipser totalement le statut, l’identité, l’individualité et les droits futurs de l'enfant à naître, assimilé à un banal objet de consommation.
Les débats éthiques amorcés en Europe sur ce point, sont dépassés par les lois pseudo-égalitaires des pays ultralibéraux dont la Californie est la caricature. Ces mascarades égalitaristes sont habilement construites autour d’amalgames pervers avec les revendications des couples stériles ou homosexuels et les brûlantes questions de sexe et de genre.
L'Europe est hélas en train d'abandonner devant les puissances ultra-libertaires qui prennent aussi le pouvoir sur l'éthique. Après la dette ou la pollution, voici un grave problème que nous déléguons aux enfants à naître, pour nos profits et conforts d'aujourd'hui.
Julie Chouilly, Pierre Feru, Damien Jouteau, Olivier Kandel ▪ SFMG - Le plaisir de comprendre - 2019
Ce livre fera un bien fou à tous les vieux cliniciens, à tous ceux qui ont une expertise qu'il ne savent pas mettre en mots. A l'heure où la pratique et le raisonnement cliniques sont en perte de vitesse pour des raisons dont nous sommes tous responsables : patients, industriels, universitaires et médecins, il devient urgent de re-formaliser ce savoir ancestral afin de pouvoir lui donner toute sa place en faculté. La chose n'est pas aisée, car les temps ont profondément changé, rendant la pratique omnipraticienne moins alléchante pour nos jeunes confrères et moins enthousiasmante pour les espris avides de progrès scientifique.
La médecine générale n'est pas l'antichambre des spécialités, son mode de fonctionnement doit servr de référence pour la réflexion à tous les stades du soin.
Les auteurs ont réussi à isoler la pratique des soins primaire et la réflexion clinique initiale pour un faire un sujet à la fois pratique et épistémologique. Très belle initiative que de partir du dictionnaire des résultats de consultation (DRC) de la SFMG (entre autres) pour construire une méthode de raisonnement permettant de pallier aux incertitudes des premières prises en charge et à la difficile mise en oeuvre des soins prmiaires et mieux encore à l'art de l'abstention qui doit les entourer.
Ce livre, dont la lecture est obligatoire pour tous les médecins généralistes, doit aussi servir de référence à un enseignement universitaire de leur discipline. Véritable spécialité qui continue à souffrir d'un manque de détermination universitaire et d'un excès de modestie des ses praticiens.
Remercions la SFMG et les auteurs pour cette bouffée d'air frais et félicitons-les pour cette performance cognitive qui ne veut pas en avoir l'air.
Ariane Giacobino ▪ Stock 2018
Voila un livre de vulgarisation d'une grande efficacité et d'une grande originalité. À la fois autobiographie, réflexion philosophique et manuel de recherche, ce livre atteint son but et son lecteur.
Avec drôlerie et modestie, l'auteur nous livre le cheminement de sa pensée depuis la génétique rigide du laborantin jusqu'à la libération de la pensée d'une chercheuse audacieuse et curieuse de tous ses semblables. Chaque ligne nous fait percevoir la force de la recherche et la fragilité de la médecine.
Ariane Giacobino nous épargne la chimie complexe de l'épigéntique moléculaire pour nous entraîner dans sa logique de chercheuse et l'on devient soi-même l'expérimentateur aventurier qui va repenser la relation entre les gènes et le monde. On n'a même pas peur de comprendre !
Sociologie, sociobiologie, génétique, chimie, éthique, épistémologie, tout se relie avec une inimitable simplicité. Ce livre nous fait devenir intelligent. N'est-ce pas là le but essentiel de la vulgarisation ?
La lecture est obligatoire pour tous les cliniciens et tous leurs patients.
Merci et bravo.
Luc Perino ▪ Seuil 2017
Cet ouvrage fondateur élargit l’éventail de nos conceptions de la santé et des maladies.
Voici à peine vingt ans que les biologistes de l’évolution et les médecins ont tenté un timide rapprochement. Aujourd’hui, qu’il s’agisse des troubles digestifs, articulaires, psychiques, des maladies infectieuses ou du cancer, de la physiologie du sexe et de la reproduction, il n’est guère de domaine médical qui ne prenne à la lumière de l’évolution des aspects novateurs, voire révolutionnaires.
Introduire la théorie de l’évolution en médecine clinique, c’est faire le lien entre l’Histoire de la vie et les histoires personnelles, entre les facteurs individuels et les facteurs environnementaux. Cette interdisciplinarité est en passe d’avoir des répercussions considérables sur la pensée médicale, les politiques sanitaires et la thérapeutique. Une telle approche éclaire, exemples parmi d’autres, les risques de nouvelles épidémies, les débats sur la vaccination, la progression de l’obésité, l’impact des nouvelles pratiques d’accouchement, etc.
Fondé sur les travaux de recherche les plus récents, ce livre est le premier à offrir un large panorama des perspectives ainsi ouvertes. Il devrait avoir un effet marquant sur la culture médicale commune. Au-delà du corps médical et des professionnels de santé, évidemment concernés au premier chef, chacun, soucieux de sa santé, y trouvera de quoi transformer sa vision.
Sous la direction de Mikkel Borch-Jacobsen ▪ Les Arènes 2013
Nous ne savons pas s'il faut interdire la lecture de ce livre aux patients et aux médecins ou la rendre obligatoire. En effet, le contenu est si stupéfiant que l'on se demande si les auteurs (médecins, pharmaciens, sociologues, philosophes, épistémologistes) n'ont pas forcé le trait. On n'arrive pas à croire que l'industrie pharmaceutique soit la plus organisée et la plus cynique des maffias. Que ses lobbys sont plus puissants que ceux de l'agro-alimentaire ou du tabac. Que cette industrie a soumis la majorité de la recherche et des universités à ses impératifs, qu'elle maîtrise les leaders d'opinion, les agences du médicaments (EMA, FDA), les hautes autorités de santé et l'OMS.
Pourtant tout est parfaitement documenté : les procès de scandales, les amendes payées pour taire les tricheries, les essais cliniques entièrement biaisés, les effets secondaires dissimulés. Le marketing qui remplace la recherche. Les résultats négatifs jamais publiés. Etc.
Certes les médecins avertis connaissent déjà plusieurs des méthodes très contestables de ce marché qui est le plus profitable de tous. Mais aucun ne peut imaginer l'ampleur des machinations et des falsifications.
La confluence d'intérêts entre les industriels du médicament et les médecins a conduit à médicaliser toute la société et à transformer toute les vicissitudes de la vie en maladies. Les maladies chroniques sont de pures inventions qui sont pourtant ancrées dans tous les esprits.
Les prix exorbitants pour profiter des cancéreux ou des maladies orphelines relèvent d'un cynisme qui donne la nausée. La façon éhontée d'utiliser la démagogie politique, de contrôler les associations de patients, de corrompre les spécialistes, de rédiger des articles avec des prête-noms.
Bref si dans les années 60, les médicaments ont contribué à libérer l'humanité de certains fléaux millénaires. Il est ertain que depuis les années 1990, ils créent de nouveaux problèmes sanitaires qui diminuent l'espérance de vie. L'addiction aux psychotropes et aux opiacés sont les plus visibles de ces problèmes mais il y en a de nombrexu autres et parfois pires. les personnes âgées sont des cibles faciles recevant des traitement futiles et parfois cruels
Les médecins prescripteurs ne se rendent pas compte à quel point ils sont les jouets de cette industrie. Ils sont désinformés et mal informés et prescrivent pour des tiers sans connaître les risques de cet étrange marché à trois acteurs (marchand, médecin et patient). Tout cela sous le couvert virtuel des organismes de contrôle qui n'ont plus le contrôle de la situation et de la science depuis longtemps.
Tout est vrai, ce livre vous laissera pantois. Il y a un avant et un après cette lecture.
Laurent Chambaud ▪ Presses de l'EHESP 2016
Au-delà d'une revue générale de tous les problèmes de santé publique dans notre pays, l'auteur décrit le système de soins avec un regard critique, en pointant la difficulté des échanges d'informations. Il faut dire que nous ne manquons pas d'agences sanitaires qui décrivent elles-aussi sans avoir les moyens de faire remonter l'information aux décideurs, et quand elles y parviennent, les décisions se font attendre.
Les inégalités sanitaires s'aggravent et nos dirigeants maintiennent sur le marché des médicaments au prix exorbitant pour un bénéfice médiocre, au détriment d'actions plus urgentes. C'est toute la complexité d'un système où les lois du marché et le pouvoir des médias pèsent désormais de tout leur poids sur celles de la démocratie.L'auteur souligne la fracture entre recherche et actions. Le vrai mal français, on accumule des rapports et des lois qui ne sont jamais appliqués.
Il fait aussi l'inventaire des problèmes éthiques soulevés par les nouvelles technologies et les nouveaux sujets de société.
Au fur et à mesure de la lecture, on apprécie le panorama général des questions et problèmes, mais on regrette de ne voir qu'un inventaire convenu et mille fois râbaché sans voir émerger l'esquisse d'une vraie proposition. Confirmant que les trop nombreux organes de santé publique manquent d'audace et de colère, qu'ils conservent leur étanchéité, et ne savent plus que ronronner derrière leurs multiples sigles.
Antoine Béguin, Jean Christophe Brizard, Irène Frachon ▪ First 2016
Nous savons désormais que le médicament est la troisième cause de mortalité en Occident. Beaucoup modèrent cette statistique en disant que les accidents médicamenteux concernent des patients gravement malades. Il n'en est rien, les médicaments tuent aussi des milliers de personnes en bonne santé.
Tous les scandales de l'Histoire de l'industrie pharmaceutique, depuis la thalidomide jusqu'à la Dépakine, en passant par le Distilbène ou le Médiator, n'ont concerné que des personnes saines !
Chaque scandale est suive de belles promesses : "Plus jamais ça". Et tout recommence toujours, car les administrations vivent sous la pression des lobbies, les conflits d'intérêts abondent, les études sont biaisées.
Mais encore une fois, il ne suffit pas d'accuser Big Pharma, il faut aussi accuser la passivité universitaire, la crédulité des patients et de certains médecins. Comment croire qu'un comprimé peut faire maigrir, empêcher un avortement, protéger contre un cancer, guérir une dépression chronique ou compenser notre surconsommation de sucres ?
Ce livre rempli de témoignages et d'enquêtes rigoureuses nous fait entrer dans un univers plutôt sordide et révèle aussi notre culpabilité à tous. Mais que les médecins se rassurent, la médecine n'est pas plus infiltrée de biais que ne le sont la chimie, l'agro-alimentaire, la cosmétologie ou le journal de 20 heures !
On se console comme on peut !
Peter C Götzsche ▪ PUL 2015
Ceux qui pensent que les pourfendeurs de Big Pharma sont des adeptes de la théorie du complot se trompent.
En lisant ce livre, on découvre que les mensonges, manipulations, corruptions et intimidations orchestrés par l’industrie du médicament sont bien plus importants que tout ce que les pires fictions peuvent imaginer.
L’auteur, un des fondateurs de la collaboration Cochrane, ne peut pas être accusé de parler à la légère. Tout ce qu’il dit est prouvé et référencé avec rigueur.
Les compagnies pharmaceutiques sont des maffias qui agissent en toute impunité, car elles sont à la fois juge et partie. Elles placent leurs hommes dans les agences nationales et internationales de médicament. Elles définissent et inventent les maladies. Elles intimident leurs détracteurs et organisent leur marginalisation avec l’appui des universités qu’elles financent.
Elles cachent les données, falsifient les résultats, et trouvent toujours la parade à toutes les législations, grâce à leur pouvoir financier.
Les médicaments sont la troisième cause de mortalité, après les cancers et les maladies cardio-vasculaires, dans les pays développés. Aucune autre industrie ne pourrait survivre avec un bilan aussi désastreux et un tel mépris pour la vie humaine. Elles réussissent ces exploits grâce à la naïveté des patients et des médecins qui continuent à penser qu’elles agissent pour le bien de l’humanité (ce qui est leur slogan passe-partout). Les patients ont confiance dans leurs médicaments parce qu’ils extrapolent la confiance qu’ils ont envers leurs médecins et la reportent sur les remèdes que ces derniers leur prescrivent. Ils ne sont pas conscients que les médecins, s’ils en savent long sur les maladies et la physiologie et la psychologie humaines, en connaissent très, très peu sur les médicaments si ce n’est les informations fabriquées de toutes pièces par l’industrie pharmaceutique.
L’auteur pointe les désastres en psychiatrie et en cancérologie qui sont les domaines les plus corrompus et les plus falsifiés.
Les compagnies déterminent les programmes des universités, les recherches cliniques des hôpitaux, elles fabriquent les leaders d’opinion, rédigent leurs articles. Elles contraignent la majorité des rédactions des grandes revues internationales qui dépendent aussi de leur pouvoir financier.
A ceux qui rétorqueront qu’il y a des médicaments qui aident l’humanité et sauvent parfois des vies, il faut répondre oui, mais ces médicaments représentent moins du millième de la pharmacopée et des profits. Le bilan des vies est devenu largement négatif.
L’auteur, comme tous ceux qui critiquent violemment cette industrie (Even, Pignarre), a travaillé pour les compagnies pharmaceutiques d’où il a pu observer l’ampleur de l’organisation criminelle.
On referme ce livre, presque incrédule, puis on regarde l’abondante bibliographie et on est alors vraiment certain que rien ne peut arrêter la foi naïve des médecins et la puissance de l’argent.
On regrettera simplement que le livre soit mal traduit en français au risque de décourager certains lecteurs. Il est également très mal distribué en France, ce qui n’est pas étonnant puisque notre pays est un vrai paradis pour les fabricants de médicaments…
Christophe Beltz ▪ Auto-édition 2015
Difficile de faire plus concis pour inculquer aux jeunes médecins les premiers réflexes cognitifs dans une vingtaine de situations fréquentes en soin primaire
Mais que l'on ne s'y trompe pas, cette concision n'est qu'apparente et révèle le comportement d'un clinicien qui sait déjà déjouer les pièges de la mercatique médicale et de l'interventionnisme.
Ce qui fait la force de ce petit ouvrage, fait peut-être aussi sa faiblesse, car il s'adresse en priorité aux remplaçants et jeunes médecins qui peuvent ne pas comprendre que cette extrême concision révèle un art de l'observation clinique et de l'abstention thérapeutique que seuls peuvent détenir les vieux praticiens
L'élaboration des abrégés, vademecum et autres aide-mémoires est très difficile ; celui-ci a le mérite de sa facilité d'accès et de son petit-format. Apprécions aussi la sagesse de la page blanche qui fait suite à chaque chapitre et où le praticien pourra construire un vademecum personnalisé au cours de ses expériences cliniques.
Lorsque ces pages blanches seront pleines, le médecin n'aura plus besoin de ce vademecum, c'est bien là sa clairvoyance et sa modestie.
Jean-Louis Dupond ▪ Graine d'auteur 2014
Déjanté, pertinent, délirant, informé, paillard et expert. Comment tout cela est-il possible de la part de quelqu'un qui prétend ne pas être un écrivain ? L'auteur est un ancien interniste dont nul ne peut douter de la compétence, ses railleries sonnent juste comme un engagement de clinicien, ses blagues de carabin cachent la pudeur de l'humaniste, ses jeux de mots sont une encyclopédie biomédicale avec l'épistémologie en plus.
Tout est juste et hilarant. Le profane peut avoir un peu de mal à comprendre l'humour subtil et colossal de quaque ligne, mais les médecins et cliniciens apprécieront assurément. Ils se régaleront à voir un vieux briscard de la globalité exprimant si bien leur colère et leur désarroi devant les dérives de la médecine et du soin.
Manifestement inspiré par San Antonio, l'auteur a presque dépassé la verve du maître et il a réussi, en plus, à cacher le jaune de son éclat de rire.
Saluons un véritable écrivain et poète de la médecine clinique et si le rire n'a pas encore été validé comme thérapeutique par un essai randomisé, mon intuition de clinicien me dit que cet ouvrage pourrait protéger nombre de mes confrères de la "burne" out (comme celle de l'un des personnages de cette comédie sanitaire).
Bravo et merci monsieur Dupond.
La Revue Prescrire (LRP) ▪ Prescrire, 2015
Chaque année, la revue Prescrire édite un nouveau guide complet des interactions médicamenteuses.
Terrifiant !
Aucun clinicien ne devrait le rater. Pourtant...
Annemarie Mol ▪ Presses des Mines 2009
Annemarie Mol travaille sur deux logiques qui façonnent l'exercice médical et qu'elle nomme "la logique du choix" et "la logique du soin.
Dans nos sociétés de libertés individuelles, le patient est encouragé à choisir librement les soins qu'il désire, mais cet idéal n'est jamais atteint, car le patient ne possède pas les éléments du choix. La logique du choix donne un programme de soins déduit de l'épidémiologie clinique, mais dans la réalité quotidienne le soin se heurte à un flot d'imprévus et de questions auxquels la logique du choix ne peut répondre.
Le patient et son médecin sont donc confrontés en permanence à la logique du soin qui a finalement bien peu de rapports avec la logique du choix.
Très bel exercice de réflexion sur le soin des maladies chroniques avec des exemples très pratiques sur le diabète insulino-dépendant.
L'auteur invite les médecins à ne pas trop se laisser séduire par les vertus consensuelles du libre choix.
Bertrand Jordan ▪ Seuil, 2012
L'auteur utilise l'autisme qu'il connaît très bien pour démontrer les relations ambiguës entre l'industrie des tests génétiques et le monde médical.Luc Perino ▪ Le Pommier, 2012
Les profonds bouleversements de la médecine placent le médecin devant des difficultés sans précédent : il est souvent contraint de choisir entre l'intérêt de son patient et les recommandations officielles.
La domination de la pensée médicale par le marché perturbe les relations cliniques entre patients et praticiens.
Sans en avoir une réelle conscience, médecins et patients souffrent ensemble de devenir les jouets d'un pouvoir sanitaire protéiforme et mal identifié.
Pour reprendre pied et recentrer la pratique médicale sur plus de réalisme et d'objectivité, ce livre audacieux éclaire les articulations complexes entre la médecine et la société, entre la science et le rêve, entre la santé publique et la démagogie, entre la statistique et la manipulation.
Il le fait avec un regard nouveau et original en abordant des paradoxes sanitaires encore très mal analysés.
Loin de bâtir un réquisitoire contre la médecine, Luc Perino rédige ici un véritable hymne à la science clinique.
Nicole Delépine ▪ Michalon, 2013
Ce livre est le cri de douleur d'une cancérologue dévouée à la cause de ses patients. Sa souffrance n'est pas due à un métier difficile où elle côtoie la mort des enfants, mais c'est la souffrance d'un praticien hospitalier qui constate comment l'hôpital public a été dévoyé de sa fonction soignante. Comment le "techno-fascisme" a éliminé progressivement toutes les compétences cliniques des services de cancérologie, pour mieux concentrer le pouvoir au sein de quelques centres formatés et labellisés.Frédéric Dubas, Catherine Thomas-Antérion ▪ Les Belles Lettres, 2012
Ce livre, d'une lecture facile, aborde le symptôme somatomorphe sous l'aspect historique et clinique. À partir de cas cliniques, deux neurologues analysent avec pragmatisme, la naissance du symptôme somatomorphe chez le patient et l'élaboration de son diagnostic par le médecin.Luc Perino ▪ Armand Colin, 2011
La priorité du médecin est-elle de faire des diagnostics, de pratiquer des soins, de produire de la médecine ou de relayer le marketing de Big Pharma ?Collectif du centre Georges Canguilhem ▪ PUF, 2009
Ce livre démonte le processus qui a abouti à déshumaniser la pratique médicale depuis quelques décennies.Luc Perino ▪ L'oeil neuf / Jean-Claude Béhar, 2009
Jamais l’histoire des médicaments n’a été contée de façon aussi brève et aussi exhaustive.Collectif du centre Georges Canguilhem ▪ PUF, 2007
La médecine occidentale doit ses avancées à l’objectivation du corps humain. L’investigation biologique et l’imagerie contribuent à mettre à l’écart la clinique et la chirurgie traditionnelle.Patrick Lemoine, François Lupu ▪ Armand Colin, 2007
La mécompréhension entre patient et médecin est une source importante de prescriptions abusives et de pathologie iatrogène. Les médecins ont beaucoup de difficulté à comprendre les patients " hors norme ", surtout s'ils viennent d'ailleurs.Lionel Naccache ▪ Odile Jacob, 2006
Deux livres en un seul. Avec l'étrange sous-titre : "Freud, le Christophe Colomb des neurosciences." on ne sait pas exactement si ce livre va parler de neurosciences ou de psychanalyse.Luc Perino ▪ Le Félin, 2006
Des chroniques décapantes et cyniques pour dénoncer les travers des patients et de leurs médecins, les errements de nos ministères et universités de santé et la suprématie du marché dans la pensée médicale.Jérôme Goffette ▪ Vrin, 2006
Cet ouvrage aborde sous un angle anthropologique la question du dévoiement du soin vers l’amélioration de l’humain.Jean Peneff ▪ Les empêcheurs de penser en rond, 2005
Nul ne pourra reprocher à l'auteur le manque de références et d'arguments. L'analyse ne déplaira pas forcément aux médecins, car cette il s'agit d'une sociologie de haut niveau qui inclut tous les acteurs. Les médecins forment un groupe très hétérogène et ils ne sont pas plus stigmatisés que les autres acteurs du soin et de la solidarité sociale. Certes, les médecinsils ont une forte tendance à s'installer dans les quartiers les plus riches et d'engendrer les plus fortes dépenses pour ceux qui ont le moins besoin de la médecine.
Nous avons déjà que l'offre de soins est inflationniste et qu'elle est sans rapport avec les besoins réels de la population, mais l'auteur en explique les causes avec pertinence.
L'opacité du système français se situe à tous les niveaux et les plus importantes statistiques de santé publique ne sont pas eccessibles aux médecins. Il y a également une forte étanchéité entre hôpitaux, cliniques et médecins.
Certes, les médecins y sont un peu malmenés, mais avec honnêteté. Il peuvent lire ce livre sans peur et sans reproche.
Patrick Lemoine ▪ Robert Lafont, 2005
Un livre iconoclaste sur la médecine et les médecins d'hier et d'aujourd'hui.Luc Perino ▪ L'oeil neuf / Jean-Claude Béhar, 2004
Un médecin généraliste questionne son métier en racontant ses patients avec une force littéraire qu’il veut mettre à leur service et à celui d’une médecine clinique qu’il redoute de voir disparaître.Guy Llorca ▪ Med-Line, 2003
L’auteur, président du comité d’éthique de Lyon essaie ici de simplifier les problèmes d’éthique pour les cliniciens. Il en présente de façon schématique les valeurs et les règles essentielles. Comment raisonner en médecine en considérant que le gain d’autonomie pour le patient est un but aussi noble que le bénéfice sanitaire? Le but final étant d’apporter un maximum de gains au patient sur tous les plans tout en s’assurant qu’il peut exercer son libre-arbitre.Alain Froment ▪ Archives contemporaines, 2001
Après avoir défini la maladie et différencié la médecine scientifique de la médecine soignante, ce troisième volet de la trilogie d’Alain Froment décortique les pièges de la rencontre entre le soignant et le soigné.Alain Froment ▪ Archives contemporaines, 2001
Dans ce deuxième tome de sa trilogie, Alain Froment développe l’impossibilité pour un médecin d’être à la fois dans la recherche et dans le soin. Il doit choisir, car l’incompatibilité est totale. La recherche utilise le patient comme moyen, le soin le considère comme une fin.Alain Froment ▪ Archives contemporaines, 2001
Alain Froment est certainement le meilleur épistémologiste de la médecine depuis Canguilhem. Ce livre est le premier de sa célèbre trilogie.Jean-Pierre Boissel ▪ Masson, 2000
Une référence.Edouard Zarifian ▪ Odile Jacob, 1999
Un psychiatre qui parle de son métier de façon simple et claire, la chose mérite d’être soulignée.Didier Sicard ▪ Desclée de Brouwer, 1999
Cet auteur, connu pour son engagement dans l’éthique médicale, essaie ici de brosser un tableau des profonds changements de la médecine contemporaine.Alain Ehrenberg ▪ Odile Jacob, 1998
Fatigue, insomnie, anxiété, inhibition, indécision sont des situations normales vécues par des individus normaux. La médicalisation de la société transforme ces états en maladies avec le soutien de l’industrie du médicament et des médecins non formés à répondre à ces demandes.Georges Canguilhem ▪ PUF, 1994
Livre quasi mythique écrit par le maître de l'épistémologie médicale.La connaissance scientifique possède en quelque sorte des propriétés fractales : nous aurons beau accroître notre savoir, le reste - si infime soit-il - sera toujours aussi infiniment complexe que l'ensemble de départ.
― Isaac Asimov