lucperino.com

La médecine clinique et le métier de clinicien

Qu'est-ce que la médecine clinique ?

C'est celle du contact direct entre le patient et son médecin.
Celle où l'information éclairée circule dans les deux sens.
Celle où la réalité des symptômes vécus a autant de pertinence que les résultats biomédicaux.
Celle où le choix de soin est toujours reconsidéré à l'aune de l'histoire individuelle.

Quel est son but ?

Maintenir le patient dans sa globalité, sans le priver des avancées des sciences biomédicales.

Qui pratique aujourd'hui la médecine clinique ?

Ceux, parmi les praticiens libéraux ou hospitaliers, spécialistes ou généralistes, qui sont capables de résister aux pressions normatives et marchandes et d’aiguiser leur regard social.

Cette médecine n'est-elle pas révolue ?

Il est certain que l’évolution rapide des sciences biomédicales au cours des dernières décennies a bouleversé l'approche clinique du patient. Les étudiants désertent les disciplines cliniques et les métiers dits du "soin primaire"
Cependant, ces progrès biomédicaux sont souvent mal maîtrisés; c'est pour cela que nous avons besoin, plus que jamais, de cliniciens très compétents.

Est-elle compatible avec les progrès des biotechnologies ?

Totalement, puisqu'elle reconnaît les nombreux bénéfices de tous ces progrès en s'efforçant de ne pas les dévoyer.
Elle réfléchit aux meilleures conditions de leur mise en oeuvre et se pose toujours la question de leurs résultats réels en termes de santé individuelle et publique.
En cela, elle contribue à augmenter la rigueur scientifique de ces progrès.

Quel est l'intérêt pour les patients ?

L’intérêt du patient est précisément le seul objectif de la médecine clinique.
Le clinicien choisit pour son patient une solution basée sur une analyse individuelle. Cette analyse, constamment mise à jour avec le patient, ne coïncide pas forcément avec les recommandations officielles basées sur des normes fixes et sur des données statistiques.

L'expertise clinique apporte au patient tous les progrès de la médecine et le protége de tous ses excès...

N'est-ce pas devenu impossible aujourd'hui ?

En effet, la tâche n’est pas facile, il faut savoir tout à la fois :
- contraindre la science à plus de rigueur
- lutter contre l’asymétrie de la relation entre le patient et les institutions médicaldes
- déceler les nombreuses sources de désinformation
- protéger le patient contre la manipulation des messages.

Quels sont les risques et les écueils ?

Devant des patients révoltés par la domination de l'ingénierie biomédicale ou perdus dans un système sanitaire qui ne reconnait pas leur individualité, les médecins, parfois désemparés eux-mêmes, peuvent être tentés par des positions extrêmes.
Les cliniciens doivent alors éviter les trois écueils les plus fréquents :
- sombrer dans un humanisme gorgé de compassion et dépourvu de rigueur
- choisir une pratique médicale arbitraire, sectaire, voire obscurantiste
- opter pour un scientisme dogmatique et dépourvu d'empathie.

L’avenir du soin et le maintien de la globalité du patient sont à ce prix...

Deux textes sur la médecine clinique

Luc Perino

Luc Perino Médecin, écrivain, essayiste

Biographie 

Bibliographie 

Charte et engagements.

Forum médical

Santé et PIB - Le PIB, entre autres joyeusetées recouvre la prostitution, le jeu, les [...]

Santé et PIB - J'adore. CQFD. Question annexe : les accidents de la route enrichissent-ils [...]

Santé et PIB - très bon texte, je rebondis sur cette phrase "la santé et le bonheur se [...]

Santé et PIB - L'affirmation "la décroissance sera bientôt le meilleur moyen d’améliorer [...]

Même la course à pied - Evidemment c est le SYSTÈME qui est responsable, et non, psr ex, la course a [...]

La phrase biomédicale aléatoire

Plus le niveau sanitaire d’un pays est élevé, plus la notion de maladie est omniprésente. Plus les soins sont performants, plus la subjectivité de souffrance est grande. Plus les sciences biomédicales progressent, plus la subjectivité de bonne santé se dégrade. Creusement régulier de l’écart entre la science médicale et son vécu par le patient.
― Luc Perino

Haut de page