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Maladie à tous les étages

Posté le 09/08/2025 par Philippe Foucras

Voilà des questions qui m’intéressent particulièrement.

Il est exact que la précarité économique, culturelle et sociale, c’est à dire la pauvreté puisqu’il faut l’appeler par son nom, est le principal facteur de risque sanitaire. Dans le quartier très défavorisé de la ville très pauvre où j’ai longtemps exercé, l’âge moyen du décès des patients était de 57 ans, soit celui de l’Erythrée à l’époque. L’espérance de vie du sous-prolétariat n’a jamais été étudiée réellement, mon son différentiel avec celle des classes populaires est très certainement supérieur à celui des dites classes avec les milieux très aisés. Cela pour dire que la principale différence de santé est à rechercher entre les victimes de la misère et le reste de la population, quel que soit le pays concerné.

Ce n’est quand 2000 qu’une somme sur le sujet a été publiée en France (« les inégalités sociales de santé » par Annette Leclerc , Didier Fassin et collègues), alors que la question était depuis longtemps étudiée dans les autres pays avancés. Elle mettait d’ailleurs en évidence que de tous les pays d’Europe c’était la France qui avait le plus grand différentiel d’espérance de vie entre les riches et les pauvres. 17 années, si ma mémoire est bonne.

Si les maladies infectieuses semblaient autrefois relativement indifférentes à la classe sociale, il n’en restait pas moins que la pauvreté voire la misère restaient des déterminants majeurs du niveau de santé et de l’espérance de vie.
Toutefois certaines maladies ont pu rester l’apanage des riches , telle classiquement la goutte, maladie des nobles puis des bourgeois, ceux qui faisaient bombance et consommaient de la viande. Un autre facteur de risque sanitaire qui concernait les riches et épargnait les pauvres a été la fréquentation des médecins. Longtemps, comme l’a rappelé Luc Périno, les traitements tuaient davantage ceux qui les recevaient, c’est à dire les milieux aisés, plutôt que le peuple qui en était « privé ».

Il est intéressant de relever que cette situation épidémiologique paradoxale persiste encore, du fait d’un autre facteur de risque sanitaire négligé, voire ignoré, mais qui devient de plus en plus important. C’est celui des influences commerciales des industries de santé sur les médecins.

Les pauvres, il me semble, sont ainsi mieux préservés de ces influences que les riches, davantage enclins à rechercher et obtenir les dernières « innovations » thérapeutiques. Pour cela ils sont portés à se faire soigner par les dealers…, pardon leaders d’opinion hospitalo-universitaires auxquels ils ont plus facilement accès que le vulgum pecus, auquel se consacre la plèbe généraliste. Les pauvres sont ainsi avantageusement plus souvent préservés des dernières avancées inutiles voire dangereuses de la médecine, rofecoxib, cerivastatine, glitazones et autres.

De même pour les soins de préventIon, dont les autorités déplorent qu’elle touche insuffisamment les principaux concernés, c’est-à-dire les pauvres. Mais les voilà ainsi préservés de ses effets délétères, comme par exemple le surdiagnostic qui fait des ravages, trop souvent passés sous silence, sur les seins et les prostates de ceux qui pensent en bénéficier du fait d’une une information biaisée, voire mensongère.

Ainsi si les maladies s’attaquent depuis toujours prioritairement aux plus défavorisés, à quelques exceptions près, la médecine, elle, a souvent nui et continue à le faire avec plus de vigueur du fait de sa soumission aux puissances de l’argent, à ceux qui la fréquentent le plus, à savoir les plus aisés d’entre nous.

Mais rassurons nous : à la fin c’est quand même les riches qui gagnent. Comme l’Allemagne au foot. Autrefois.

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La phrase biomédicale aléatoire

Au moment de terminer une séance d'analyse, Lacan transmettait ce qu'il n'avait ni écouté ni entendu, par un jeu de mots ou une poignée de main. Il s'en tirait comme ça. Parfois, il se contentait de dire au-revoir. Ah! il savait manier son monde. Chacun était tellement fasciné par son personnage qu'à la limite on venait se faire oblitérer comme un timbre.
― François Perrier (disciple de Lacan !)

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