humeur du 08/08/2025
La précarité sociale est devenue le principal facteur de risque de maladies, diminuant l’espérance de vie de 8 à 15 ans selon les estimations. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
La peste frappait indifféremment le clergé, la noblesse et la plèbe. La bonne chère et l’alcool ont plus décimé les princes que les serfs. Avant la salubrité des habitats, la tuberculose et le choléra ont frappé autant de poètes que d’illettrés. Juliette Récamier est décédée du choléra.
Les excès médicaux tels que saignées et lavements ont tué plus de « grands » que de « petits » de ce monde. La fistule anale qui a pourri la vie de Louis XIV était due à l’excès de lavements. Georges Washington a été tué par d’abondantes saignées pour soigner une fièvre. Il fallait y penser !
Le tabac a emporté nombre d’acteurs de cinéma avant de devenir un marqueur social négatif. Le cancer n’a épargné aucune classe. C’est un cancer de l’estomac, et non un empoisonnement, qui a tué Napoléon et un cancer du foie qui a eu raison de Gérard Philippe. Le tabac établit désormais une prépondérance du cancer chez les plus défavorisés et chez les femmes.
Avant les médicaments antiinfectieux, les microorganismes ont sévi avec un certain sens de l’équité. Alexandre le Grand est mort du paludisme et Léon Gambetta d’une péritonite.
Réjouissons-nous de constater que les maladies auto-immunes frappent équitablement. Louis XIII est simplement le plus célèbre des milliers de patients souffrant d’une maladie de Crohn.
Le manque d’éducation n’est qu’un des nombreux facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer, mais elle n’épargne pas les présidents ; amusons-nous à une épidémiologie contestable en constatant sa petite préférence politique pour la droite, comme en témoignent Thatcher, Reagan et Chirac.
Le suicide semble commun à tous les âges et à toutes les classes, il faut noter sa prédilection pour le monde du spectacle (Dalida, Maryline Monroe, Jean Seberg, Romy Schneider, Patrick Dewaere, Robin William, Nino Ferrer), le record étant détenu par les Japonais. J’ignore pourquoi. Le monde littéraire n’est pas épargné, certes Nerval et Gary nous ont laissé leurs œuvres magistrales qui ne nous éviterons hélas ni Alzheimer, ni les nouvelles viroses émergentes. Parmi ces dernières, le SIDA a plutôt décimé les classes supérieures, sauf en Afrique où la pression parasitaire nivelle toute la société.
Les médicaments sont devenus la troisième cause mondiale de mortalité ; après avoir frappé sans discrimination, ils s’en prennent aujourd’hui aux moins éduqués dans les pays où la Sécurité Sociale est prodigue.
Les drogues addictogènes sont un nouveau fléau sanitaire qui a une forte pénétration chez les Rock-stars. Le « club des 27 » est une liste exemplaire.
Evidemment l’ADN reste un déterminant majeur. Johnny Hallyday a pu tenir 74 ans malgré le tabac, cannabis, l’alcool et la cocaïne. Sans tout cela, il aurait certainement produit des chansons jusqu’à 100 ans. Sans présumer de leur qualité. Evidemment.
Gilles Delluc
Paléopathologie paléolithique. Les maladies de l’homme préhistorique
https://www.hominides.com/dossiers/paleopathologie-paleolithique/
Henneberg M, Holloway-Kew K, Lucas T
Human major infections: Tuberculosis, treponematoses, leprosy-A paleopathological perspective of their evolution
PLoS One. 2021 Feb 25;16(2):e0243687
DOI : 10.1371/journal.pone.0243687
Lugli A, Zlobec I, Singer G, et al
Napoleon Bonaparte’s gastric cancer: a clinicopathologic approach to staging, pathogenesis, and etiology
Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol 2007; 4 : 52–7
Marie Lazareth, Nadia Fathallah, Vincent de Parades
La fistule du Roi Soleil
La revue Colo-proctologie, 16 mai 2024
Marie Petitot
La maladie de Crohn de Louis XIII : le supplice de toute une vie
Plume d'Histoire, 4 février 2017
Sens critique
Ils se sont donné la mort
https://www.senscritique.com/liste/ils_se_sont_donnes_la_mort/1242190?page=1
Susat J, et al
A 5,000-year-old hunter-gatherer already plagued by Yersinia pestis
Cell Rep 2021 Jun 29 35 13 109278
DOI : 10.1016/j.celrep.2021.109278
Wikipedia
Club des 27
https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_des_27#:~:text=Graffiti%20de%20Jonathan%20Kis%2DLev,Kurt%20Cobain%20et%20Amy%20Winehouse
Par catégorie professionnelle | |
Médecins | 27% |
Professions de santé | 33% |
Sciences de la vie et de la terre | 8% |
Sciences humaines et sociales | 12% |
Autres sciences et techniques | 4% |
Administration, services et tertiaires | 11% |
Economie, commerce, industrie | 1% |
Médias et communication | 3% |
Art et artisanat | 1% |
Par tranches d'âge | |
Plus de 70 ans | 14% |
de 50 à 70 ans | 53% |
de 30 à 50 ans | 29% |
moins de 30 ans | 4% |
Par motivation | |
Patients | 5% |
Proche ou association de patients | 3% |
Thèse ou études en cours | 4% |
Intérêt professionnel | 65% |
Simple curiosité | 23% |
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Une impossible aumône - Chaque année, en France, 15 000 tonnes de médicaments non utilisés sont rapportées aux [...]
Marions-les - Plusieurs études, originales et sérieuses, ont essayé d’établir des relations entre le [...]
Plusieurs fois cinq ans - Les lois de la sélection naturelle sont si simples qu’un enfant de 5 ans peut les [...]
Homophobie contre-productive - Classiquement, en biologie, l’évolution des espèces opère au niveau individuel : les [...]
Épidémiologie économique - Il serait stupide de comparer la mortalité des épidémies d’hier avec celle des émergences [...]
Il apparaît que définir la physiologie comme la science des lois ou des constantes de la vie normale ne serait pas rigoureusement exact, pour deux raisons. D'abord parce que le concept de normal n'est pas un concept d'existence, susceptible en soi de mesure objective. Ensuite, parce que le pathologique doit être compris comme une espèce du normal, l'anormal n'étant pas ce qui n'est pas normal, mais ce qui est un autre normal. Cela ne veut pas dire que la physiologie n'est pas une science. Elle l'est authentiquement par sa recherche de constantes et d'invariants, par ses procédés métriques, par sa démarche analytique générale. Mais s'il est aisé de définir par sa méthode comment la physiologie est une science, il est moins aisé de définir par son objet de quoi elle est la science. La dirons-nous science des conditions de la santé ? Ce serait déjà, à notre avis, préférable à science des fonctions normales de la vie, puisque nous avons cru devoir distinguer l'état normal et la santé. Mais une difficulté subsiste. Quand on pense à l'objet d'une science, on pense à un objet stable, identique à soi. La matière et le mouvement, régis par l'inertie, donnent à cet égard toute garantie. Mais la vie ? N'est-elle pas évolution, variation de formes, invention de comportements ? Sa structure n'est-elle pas historique autant qu'histologique ? La physiologie pencherait alors vers l'histoire qui n'est pas, quoi qu'on fasse, science de la nature. Il est vrai qu'on peut n'être pas moins frappé du caractère de stabilité de la vie. Tout dépend en somme, pour définir la physiologie, de l'idée qu'on se fait de la santé.
― Georges Canguilhem