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Tendinites

dernière mise à jour le 14/04/2014

I /Les mots et les faits

  • Tendon : tissu robuste et faiblement élastique composé essentiellement de collagène et d’élastine, reliant un muscle à l’os. Le tendon se divise schématiquement en trois parties : la zone d’insertion sur l’os, le corps du tendon et la zone d’insertion sur le muscle. Les tendons sont souvent protégés par une gaine dans laquelle circule un liquide de lubrification appelé synovie ou liquide synovial.
  • Tendinite signifie littéralement inflammation d’un tendon. Ce mot est souvent utilisé par extension pour toutes les pathologies du tendon même lorsqu’elles ne sont pas inflammatoires.
  • Tendinopathie : Mot utilisé par les spécialistes pour désigner les maladies du tendon
  • Ténosynovite : désigne l’inflammation du tendon, de sa gaine et du liquide synovial. Les tendinites sont en réalité très souvent des ténosynovites.
  • Tendinite d’insertion : lorsque la lésion concerne la jonction entre le tendon et l’os
  • Epiphysite : synonyme de tendinite d’insertion, car les tendons s’insèrent sur des épiphyses osseuses.
  • Bursite : désigne l’inflammation des bourses séreuses situées entre certains tendons et les os sur lesquels ils coulissent.
  • Ligament : à la différence du tendon, les ligaments relient deux os entre eux. Ils sont plus robustes et moins élastiques que les tendons. La pathologie du ligament est l’entorse (bénigne si le ligament est étiré, grave si le ligament est rompu.) (Entorses et ligaments sont ici hors sujet.)


II /Combattre les idées reçues

  • Des douleurs au niveau des articulations sont souvent attribuées à tort à des douleurs arthrosiques ou rhumatismales, ce sont en réalité des tendinites dont le diagnostic est moins évident que celui du classique « tennis elbow. »
  • Les radiographies, échographies, arthroscopies et IRM souvent pratiquées sont coûteuses et inutiles pour le diagnostic de tendinite, (même en cas de rupture du tendon.) Le diagnostic de tendinite est avant tout clinique (interrogatoire, examen et manœuvres par le médecin.) Les IRM ne sont utiles que s’il y a une décision chirurgicale.


III/Les idées-forces


  • Les tendinites sont dues, le plus souvent, à une trop forte sollicitation des tendons : mouvements brusques, mouvements répétitifs, tensions trop brutales, sport intensif, etc. Il peut aussi y avoir des tendinites par compression, frottement ou traumatisme direct sur le tendon. Il existe aussi des tendinites d’origine médicamenteuse (essentiellement les antibiotiques de la famille des fluoroquinolones utilisés dans les infections urinaires et pulmonaires, mais aussi quelques médicaments contre le cholestérol)
  • Généralement, une tendinite correspond à des lésions ou ruptures microscopiques de fibres tendineuses. La cicatrisation de ces lésions dure un mois quel que soit le traitement.
  • Les tendinites récidivent lorsque le tendon présente des irrégularités ou lorsqu’il coulisse dans une zone présentant des irrégularités ; les mouvements et frottements vont alors provoquer plus rapidement l’inflammation.
  • Tous les tendons de l’organisme peuvent théoriquement être concernés. En pratique, certaines tendinites sont plus fréquentes :
    1. Le fameux « tennis elbow » ou épicondylite est une tendinite du coude fréquente chez les joueurs de tennis.
    2. La tendinite d’Achille de diagnostic très facile chez les coureurs
    3. La tendinite du long biceps au niveau de l’épaule. Cette tendinite est l’une des rares qui évolue assez souvent vers la rupture totale ou partielle du tendon.
    4. Au niveau de l’épaule, les deux autres tendinites fréquentes sont la tendinite du sus-épineux et la tendinite de la coiffe des rotateurs (qui est plus exactement une bursite.)
    5. La tendinite du moyen fessier qui peut être confondue avec une pathologie de la hanche
    6. Trois tendinites classiques du genou : rotulienne, quadricipitale et de la patte d’oie.
    7. Il existe aussi au niveau du genou le « syndrome de balayage du fascia-lata » qui est une tendinite par frottement, fréquente chez les cyclistes.
    8. La toute nouvelle « tendinite de la souris » au niveau du poignet des informaticiens utilisateurs de la souris !
    9. Classiques tendinites à ressaut au niveau des doigts.
    10. Tendinites de la plante des pieds.
    11. La pubalgie : tendinite d’insertion des muscles abdominaux au niveau du pubis, fréquente chez les footballeurs.
  • Les tendinites évoluent vers la guérison avec la mise au repos du tendon. Les ruptures sont rares, elles se produisent lorsque le tendon est étiré au-delà de 8% de sa longueur (un tendon peut s’étirer sans douleur jusqu’à 5% de sa longueur).
  • Le traitement est le repos. On peut aussi utiliser de la glace. Les anti-inflammatoires sont pratiquement sans effet. Le repos du tendon peut être absolu ou relatif. Parfois il peut être utile de faire des mobilisations passives et des élongations modérées pour éviter que le tendon ne se rétracte en cicatrisant.
  • Les infiltrations sont de plus en plus contestées et de moins en moins utilisées, car elles entraînent des fibroses du tendon qui pourraient gêner le chirurgien en cas d’intervention. Au niveau de l’épaule, les infiltrations permettent de soulager assez rapidement les douleurs intenses.
  • La prescription du repos nécessite une grande pédagogie, car elle est très difficile à faire admettre à un sportif. Pourtant, aucun traitement ne peut être efficace, sans le repos, même chez les sportifs de haut niveau !
  • La chirurgie reste exceptionnelle dans les formes invalidantes ou hyperalgiques. Elle consiste à nettoyer le tendon de ses aspérités et à libérer son passage pour éviter les frottements. On peut aussi pratiquer des allongements du muscle ou des dénervations.
    Plus rarement, la mise au repos absolu du tendon nécessite la pose d’un plâtre.


IV/L’espace d’éducation et de progrès

Comme toujours, les résultats sont meilleurs lorsque le patient a bien compris sa pathologie.
La démocratisation de tous les sports et la culture du record obligent à faire de la prévention et de l’éducation sanitaire. Il est très important de faire des élongations pour étirer les tendons avant tous les matchs ou épreuves sportives. Il faut s’hydrater beaucoup, car le tendon contient 70% d’eau et la synovie 99% !
Il est important de prévenir les patients des dangers des anti-inflammatoires et de la cortisone qui ne dispensent jamais du repos.


V/Radio trottoir des erreurs quotidiennes

  • J’ai un match important demain, il faut me donner un remède de cheval. (Non, aucun remède ne pourra permettre de jouer le match sans risque de rupture du tendon)
  • Vous avez probablement une tendinite, nous allons vérifier avec l’IRM. (Si le diagnostic n’a pas été fait cliniquement, il ne sera pas fait avec l’IRM)
  • Nous allons faire une échographie pour voir l’étendue des lésions du tendon. (S’il n’y a pas de décision chirurgicale, il est inutile de faire une échographie)
  • L’infiltration ne m’a rien fait, il faut m’en refaire une autre. (Il vaudrait mieux éviter.)
  • On soigne bien les cancers, pourquoi ne peut-on pas me débarrasser de cette tendinite. (Probablement parce que ces cancers soignés ne sont pas dus à un mouvement dont l’arrêt entraîne la guérison !)

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