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Livres pour les patients

L'épigénétique et le cou de la girafe

Corinne Augé ▪ Humensciences, septembre 2024

Écrire un livre de vulgarisation n’est pas chose aisée. En écrire sur l’épigénétique l’est encore moins, car cette jeune science de vingt ans est bien loin d’avoir franchi la maturité. Corinne Augé parvient cependant à retenir le lecteur. Pour cela, elle commence habilement à insérer cette science dans l’histoire des sciences de l’évolution et de ses dérives sociales. Ensuite, elle s’applique à donner des exemples dans le monde animal ou dans le domaine de la santé humaine en essayant d’expliquer en quoi les processus épigénétiques ont joué un rôle. Certains passages plus techniques paraîtront un peu ardus aux profanes, mais on peut sauter et revenir en arrière. Au total, l’auteur réussit à faire passer ses messages principaux. D’une part, l’épigénétique est la science qui nous permettra de faire le lien entre l’inné et l’acquis. D’autre part, le génome et l’environnement entretiennent un dialogue incessant.

La phrase biomédicale aléatoire

A l'aide des sciences expérimentales actives, l'homme devient un inventeur de phénomènes, un véritable contremaître de la création; et l'on ne saurait, sous ce rapport, assigner de limites à la puissance qu'il peut acquérir sur la nature, par les progrès futurs des sciences expérimentales. Maintenant reste la question de savoir si la médecine doit demeurer une science d'observation ou devenir une science expérimentale. Sans doute la médecine doit commencer par être une simple observation clinique. Ensuite, comme l'organisme forme par lui-même une unité harmonique, un petit monde (microcosme) contenu dans le grand monde (macrocosme), on a pu soutenir que la vie était indivisible et qu'on devait se borner à observer les phénomènes que nous offrent dans leur ensemble les organismes vivants sains et malades, et se contenter de raisonner sur les faits observés. Mais si l'on admet qu'il faille ainsi se limiter, et si l'on pose en principe que la médecine n'est qu'une science passive d'observation, le médecin ne devra pas plus toucher au corps humain que l'astronome ne touche aux planètes. Dès lors l'anatomie normale ou pathologique, les vivisections, appliquées à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique, tout cela est complètement inutile. La médecine ainsi conçue ne peut conduire qu'à l'expectation et à des prescriptions hygiéniques plus ou moins utiles; mais c'est la négation d'une médecine active, c'est-à-dire d'une thérapeutique scientifique et réelle.
― Claude Bernard

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