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Livres pour les cliniciens curieux

Psychiatrie mortelle et déni organisé

Peter C. Gøtzsche ▪ PUL, 2017

Nous connaissons bien Peter C. Gøtzsche, inlassable pourfendeur des excès de l'industrie pharmaceutique. Ses précédents ouvrages, abondamment documentés nous ont montré tous les excès de la surmédicamentation en Occident. La psychiatrie est incontestablement le domaine des plus grands excès et celui où le nombre de morts par médicaments est le plus important.
Cela est d'autant plus dramatique, que les diagnostics précédant une prescription médicamenteuse sont souvent erronés ou abusifs, et que les théapies non médicamenteuses ont de bien meilleurs résultats. Il affirme que l'on pourrait réduire de 90 % la consommation des psychotropes, tout en améliorant la santé mentale et physique ainsi que la survie des patients.
Un livre édifiant qui ébranlera l'étonnante et tenace naïveté des cliniciens sur les psychotropes.

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La phrase biomédicale aléatoire

La porte du cabinet de consultation s’ouvre. D’emblée, les premiers gestes du patient, avant même que la porte ne soit refermée, ont livré une bonne part des éléments du puzzle qui va se construire. Les mouvements de cet homme ou de cette femme ont déjà une syntaxe qui esquisse la grammaire des symptômes à délivrer. La marche jusqu’à son siège est une préface, un avertissement à l’observateur clinicien, sa cadence est celle du verbe à venir, les hésitations y auront une fréquence identique à celle des pas. L’empathie commence par les mots d’accueil du praticien, les invites à se mettre à l’aise, les mimes d’ouverture sur la scène des phrases… Justement, voilà les premiers mots qui arrivent, avant ou après que le praticien ne se soit assis. Avant : ils informent de leur insignifiance ou d’une certitude de leur faible apport dans le décryptage du cas. Pendant : il faudra y mettre de l’ordre, car le bruit des chaises est un prétexte à leur brouillon. Après : ils vont requérir plus d’attention, voire en exiger s’ils sont très tardifs.
― Luc Perino

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