Jean-Pierre Dedet ▪ Docis 2017

Peut-on se former à la médecine ou l'exercer en ignorant son histoire ? Hélas les étudiants sont pressés et les praticiens débordés et ils négligent souvent cette page des sciences humaines.
Voilà un livre qui devrait aider à cette rencontre. Une organisation simple et illustrée avec une page ou double-page par grand chapitre (anatomie, physiologie expérimentale, microbiologie), ou par thème philosophique ou historique (médecine romaine, arabo-musulmane ou ayurvédique). Plus qu'un véritable "digest" de l'histoire des grandes découvertes médicales, c'est aussi une présentation simple de grands thèmes et transitions sociales (bioéthique, protection sociale, hygiénisme, etc.)
Les étudiants et les médecins vont pouvoir apprendre à connaître leur histoire par petites touches, tranquillement, à la plage, au cours d'une courte pause entre deux patients, voire au feu rouge.
Les plus grands bénéficiaires de la vogue du freudisme sont les enseignants universitaires de psychiatrie et de psychologie. Faire de la recherche empirique de qualité dans le domaine des sciences humaines est une entreprise complexe et exigeante. Il est beaucoup plus facile d'accéder au titre de docteur ou d'agrégé en écrivant à partir de textes psychanalytiques. La lecture de Freud, Mélanie Klein ou Lacan remplace la patiente récolte de faits d'observation. La citation de ces auteurs remplace les recherches méthodiques et l'argumentation rationnelle. Si le thésard prévoit un jury composé de lacaniens, il peut jargonner sans se préoccuper du sens des mots. Une fois nommé, l'enseignant peut continuer à discourir et à publier sans le moins du monde se soucier du lien avec la réalité empirique et l'efficacité pratique - cette dernière préoccupation étant qualifiée de "technocratique", "néo-libérale" ou "néo-hygiéniste".
― Jacques Van Rillaer