Thomas C Durand ▪ Seuil 2018
Voici un livre scientifique original et audacieux.
Original, car la psychologie évolutionniste fait rarement l’objet d’ouvrages de vulgarisation. Il s’agit d’une science en pleine expansion, à la méthodologie rigoureuse, mais dont les auteurs sont encore timides, probablement en souvenir des violents conflits qui ont agité les débuts de la sociobiologie.
Audacieux, car il aborde les sujets de la foi et des religions sous l’angle des biais cognitifs qui en ont permis l’émergence.
Le cerveau humain est, comme les autres organes, un produit de l’évolution, et à ce titre il est imparfait. Il a été programmé pour la survie de l’organisme, pas pour comprendre la théorie de l’évolution, et encore moins pour l’admettre. C’est là que se situe toute l’ironie de l’évolution. Les biais cognitifs tels que ceux de « l’illusion d’agent », de l’essentialisme ou de la téléologie empêchent de comprendre que le hasard est au cœur de l’évolution du monde vivant. L’auteur explique clairement comment les doctrines religieuses renforcent ces biais cognitifs et comment les croyances et les rites ont aidé les plus anxieux à s’insérer dans le groupe social.
L’auteur critique les scientifiques lorsqu’ils répètent que le fait religieux se situe hors de leur domaine. Pourtant, les lois de l’évolution expliquent clairement l’apparition de la foi en des divinités anthropomorphiques puis en un Dieu unique.
Ce livre reprend certains thèmes du livre de Dawkins « Pour en finir avec Dieu », mais il offre en plus de magnifiques réflexions d’épistémologie. Bref, un livre à la fois exigeant et limpide sur des sujets délicats trop longtemps tus ou ignorés.
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
La souffrance devient une sorte d'avatar scandaleux, un échec de la société, une atteinte anthropologique.Plus la société gère la souffrance, plus le reste de souffrance non contrôlable, non maîtrisable, désarçonne notre capacité à réagir.
― Marc Grassin et Frédéric Pochard
Le sens existentiel de mal peut sembler inhérent à la maladie, mais le patient ne pourra jamais imaginer qu'il a été suscité par des hommes dont certains croyaient bien faire, mais se plaçaient dans une attitude scientiste et simpliste aveugle à la réalité humaine
― Alain Froment