Carnets de santé
En une succession de petits tableaux dressés avec humour, Luc Perino, met en scène nos fantasmes et nos misères quotidiennes. Cette vingtaine de sketches sont autant d'alibis pour disserter sur l'homme et la santé.
De petites victoires en échecs amers, avec la ferme certitude que le doute est son plus fidèle allié, il est au carrefour entre la science désincarnée et l'humanisme bienveillant.
En une succession de petits tableaux dressés avec humour, Luc Perino, médecin généraliste lyonnais, met en scène nos fantasmes et nos misères quotidiennes. D'Antoine et sa femme, personnages complexes d'une aventure conjugale à tiroirs, au couple Androux qui confirme qu'une maladie peut en cacher une autre, cette vingtaine de sketches sont autant d'alibis pour disserter sur l'homme et la santé.
Chaque histoire est ainsi l'objet d'une réflexion sur les grands problèmes de la vie quotidienne : stress, malnutrition, vieillissement, pollution, allergies... Cela conduit l'auteur à pourfendre les démons des temps modernes, ces moulins à vent élevés par notre société : dépression, maladie d'Alzheimer, euthanasie, obésité, impuissance, conduites addictives "légales", acharnement thérapeutique... Les commentaires clairs et précis qui illustrent les récits rappellent que le clinicien n'est pas un froid technicien et qu'il n'a pas vocation à être le complice du système. Artisan qui soulage les maux physiques et psychologiques, ou plutôt qui apprend à ses patients à vivre avec, le médecin généraliste est devenu le confesseur ou le chamane des temps modernes.
Au passage, L. Perino décoche quelques flèches sur les traitements ou conduites simplistes dont il désigne quelques-uns des principaux responsables, comme l'industrie pharmaceutique ou les médias qui servent davantage les intérêts commerciaux que la Santé Publique. De petites victoires en échecs amers, avec la ferme certitude que le doute est son plus fidèle allié, le médecin généraliste est au carrefour entre la science désincarnée et l'humanisme bienveillant. Le Bobologue continue de gérer l'engrenage de la bénignité, ce qui est moins gratifiant, mais plus difficile que le traitement standardisé des pathologies lourdes.
Il y a un peu d'indiscrétion, presque du voyeurisme, dans ces portraits. Jamais pourtant cette curiosité n'est malsaine tant la compassion et surtout le bon sens prodigués par L. Perino apparaissent plus utiles pour réduire le déficit de la Sécurité Sociale que tous les plans de sauvetage élaborés ! On se reconnaîtra souvent dans ces "caractères" et l'on y trouvera matière à méditer, première étape d'une thérape salutaire.