Patients zéro - Histoires inversées de la médecine
Luc Perino est médecin, diplômé de médecine tropicale et d’épidémiologie. Il publie « Patients zéro, histoires inversées de la médecine ». Un livre qui remet les patients au premier plan de toutes les recherches et avancées médicales des dernières années. En pleine crise du Coronavirus, on avait envie d’écouter Luc Perino. Il est sur le plateau de Quotidien.
L'ardeur que l'on met à rechercher des médicaments nouveaux, à les faire connaître au monde savant avant même qu'ils aient commencé à faire leurs preuves, à multiplier hâtivement les observations qui permettent d'appuyer sur des données cliniques les vues qu'on s'efforce de faire prévaloir ; toute cette fièvre pharmacologique a inspiré aux praticiens des habitudes d'intervention turbulente qui ne sont pas toujours dans les intérêts des malades.
― Léon Lereboullet en 1886
La vie est cette activité polarisée de débat avec le milieu qui se sent ou non normale, selon qu'elle se sent ou non en position normative. Le médecin a pris le parti de la vie. La science le sert dans l'accomplissement des devoirs qui naissent de ce choix. L'appel au médecin vient du malade (!). C'est l'écho de cet appel pathétique qui fait qualifier de pathologique toutes les sciences qu'utilise au secours de la vie la technique médicale. C'est ainsi qu'il y a une anatomie pathologique, une physiologie pathologique, une histologie pathologique, une embryologie pathologique. Mais leur qualité de pathologique est un import d'origine technique et par là d'origine subjective. Il n'y a pas de pathologie objective. On peut décrire objectivement des structures ou des comportements, on ne peut les dire "pathologiques" sur la foi d'aucun critère purement objectif. Objectivement, on ne peut définir que des variétés ou des différences, sans valeur vitale positive ou négative.
― Georges Canguilhem