Darwin viendra-t-il ?
Le style est clair, les personnages bien campés et les idées de l'époque évoquées avec subtilité. La documentation est irréprochable et s'appuie sur de nombreux documents dont certains peu connus.
L'ardeur que l'on met à rechercher des médicaments nouveaux, à les faire connaître au monde savant avant même qu'ils aient commencé à faire leurs preuves, à multiplier hâtivement les observations qui permettent d'appuyer sur des données cliniques les vues qu'on s'efforce de faire prévaloir ; toute cette fièvre pharmacologique a inspiré aux praticiens des habitudes d'intervention turbulente qui ne sont pas toujours dans les intérêts des malades.
― Léon Lereboullet en 1886
“ Hôpital ”. Ce lieu public est vécu comme une personne morale omnisciente. Le patronyme des médecins, internes ou infirmiers y exerçant n’est jamais mentionné, mais seulement le "on" anonyme. Ce "on", qui a été un instant le complice et le soutien moral, est évoqué avec respect. "On" m'a passé des radios. "On" m'a dit qu'il fallait l'avis d'un spécialiste. "On" m'a demandé si j'avais des antécédents. "On" m'a parlé d'un scanner. Bien sûr, nul ne saura jamais qui était ce “ on ”, quel était son grade, interne ou aide-soignante, son autorité, son savoir, ni ce qu'il a réellement dit, évoqué ou pensé tout haut. Peu importe ce "on" résidait à l'hôpital, ce "on" était l'hôpital lui-même.
Christiane ne sera désormais plus tout à fait la même, car elle a côtoyé ce “ on ” là.
― Luc Perino