À quoi sert vraiment un médecin ?
Après avoir rappelé que le monde médical n'échappe pas à la logique consumériste, l'auteur décrit une société - la nôtre - dont la médecine est malade. Un comble. Mais comment la guérir ?
Les pistes qu'il propose sont pleines de bon sens.
Le "nerveux" est un merveilleux marchepied conceptuel. C'est un mot tampon d'une très grande utilité sanitaire, créé par des médecins précurseurs, et adopté à l'unanimité par les patients. Le "nerveux" est un sas de communication dans la relation médecin malade, une escale sur l'itinéraire qui passe du soma au psyché. Le "nerveux" est ce qui reste lorsque la main du médecin revient bredouille, l'image du radiologue quelconque ou l'analyse du biologiste insignifiante. Le "nerveux" signe la bénignité et réduit l'angoisse.
Le symptôme nerveux, clown ridicule ou pantin fanfaron qui annule des siècles de conquêtes médicales, peut aussi être le point de départ, vers une nouvelle aventure de la communication, car il peut s'ennoblir en psychique ou se sublimer en existentiel. S'il est dérisoire en tant qu'impasse diagnostique, il devient prodigieux en tant que passerelle métaphysique. En se débarrassant de sa pelure organique, le symptôme nerveux quitte le monde charnel, pour conquérir le monde mystique ou règne un inconscient supposé, maître des vices et des vertus.
― Luc Perino
La nature a voulu que la source de nos connaissances fût la même que celle de la vie ; il faut recevoir des impressions pour vivre ; il faut recevoir des impressions pour connaître.
― Pierre Cabanis en 1819