A regarder défiler dans le cabinet du docteur Luc Perino ces femmes et ces hommes de tous âges avec leurs grands ou petits maux, on se dit qu’il faut beaucoup de psychologie pour faire ce métier et qu’il y a quelque chose d’anormal à retrouver les généralistes en bas de l’échelle des rémunérations des praticiens libéraux, tout cela parce que leurs actes relèvent de la "clinique" et non de la "technique".
Le généraliste, soupape des maux de la société
La médecine générale est devenue une médecine spécialisée dans... les maux de la société et le mal-être des individus. Derrière la fonction de "médecin traitant", placé au centre du "parcours de soins", selon la nouvelle terminologie des pouvoirs publics, le généraliste est à la fois assistant social, éducateur, médiateur, pharmacien, bobologue... La Consultation a le mérite de ne rien cacher de la réalité du métier. Ceux que l’on a coutume d’appeler les "médecins de famille" font tout autant du médico-social que de la médecine.
A regarder défiler dans le cabinet du docteur Luc Perino ces femmes et ces hommes de tous âges avec leurs grands ou petits maux, on se dit qu’il faut beaucoup de psychologie pour faire ce métier et qu’il y a quelque chose d’anormal à retrouver les généralistes en bas de l’échelle des rémunérations des praticiens libéraux, tout cela parce que leurs actes relèvent de la "clinique" et non de la "technique". Les médecins de famille viennent d’obtenir une nouvelle revalorisation du tarif de leur consultation. Ce sera 22 euros, qu’il s’agisse d’une rhino-pharyngite ou d’une personne suicidaire.
A payer les praticiens à l’acte, quel que soit le temps passé avec le patient et quelles que soient sa pathologie ou sa demande de soins, le système finit par tuer le métier à petit feu. C’est la course à l’acte alors qu’une consultation demande avant tout du temps. Le temps de l’écoute, de la compréhension, de l’explication. Certains patients viennent voir le généraliste comme d’autres, par le passé, allaient voir le curé. Pour s’épancher, parler, trouver quelqu’un à qui se confier.
Comme la plupart de ses confrères, le docteur Perino termine toutes ses consultations par une ordonnance, ce papier réparateur, réconfortant, attestant pour le patient qu’il n’est pas venu "pour rien" mais qui n’est souvent qu’un cache-misère. Le docteur Perino a la franchise de reconnaître que parfois "il se sent mauvais" professionnellement dans ce rôle de distributeur de cachets. La médecine générale - soupape indispensable - se dit en mal de reconnaissance. Après ce film, on comprend mieux pourquoi.