À quoi sert vraiment un médecin ?
Partisan d’une approche globale du patient, blogueur influent et lecteur fidèle de « Prescrire », Luc Perino publie un nouvel essai. Au risque de heurter quelques idées reçues
À quoi sert vraiment un médecin ?
Un homme à la fois passionnant, facile d'accès et sachant mêler l'humour à ce sujet préoccupant.
À quoi sert vraiment un médecin ?
Luc Perino esquisse le portrait presque idéal d'un médecin moderne et affirmé, capable de "faire vivre la science clinique en contraignant le modèle dominant ". D'un médecin apte à éviter les pressions de tous bords, qu'elles viennent des patients, de l'industrie pharmaceutique, des politiques ou de l'idéologie sanitaire du moment.
Au médecin perdu parmi toutes ces injonctions et ces intérêts contradictoires, Luc Perino conseille de revenir sans arrêt à la clinique qui permet de faire le gros dos en attendant le triomphe de ce que l'auteur nomme la postclinique, capable de faire la jonction entre les biographies, la médecine et la biologie.
À quoi sert vraiment un médecin ?
Luc Perino nous entraîne dans ses interrogations sur l'évolution de son métier. Comment faire profiter le patient des évolutions de la médecine tout en le protégeant de ses excès ? Comment arbitrer entre des options et des intérêts souvent contradictoires ? Sciences biomédicales, soin individuel et politiques de santé ne jouent pas la même partition.
À quoi sert vraiment un médecin ?
L'auteur démontre que l'humanisme renforce la rigueur scientifique et inversement.
À quoi sert vraiment un médecin ?
À lire le dr Perino, on comprend que la dictature du tout scientifique, les pressions commerciales et les dérives du consumérisme n'ont jamais rendu aussi essentielle la place, dans le système de soins, d'un clinicien qui doit être, plus que jamais, " l'homme orchestre des mots, des corps et des techniques. "
À quoi sert vraiment un médecin ?
Après avoir rappelé que le monde médical n'échappe pas à la logique consumériste, l'auteur décrit une société - la nôtre - dont la médecine est malade. Un comble. Mais comment la guérir ?
Les pistes qu'il propose sont pleines de bon sens.
Le rêve de chaque cellule est de devenir deux cellules.
― François Jacob
A l'aide des sciences expérimentales actives, l'homme devient un inventeur de phénomènes, un véritable contremaître de la création; et l'on ne saurait, sous ce rapport, assigner de limites à la puissance qu'il peut acquérir sur la nature, par les progrès futurs des sciences expérimentales.
Maintenant reste la question de savoir si la médecine doit demeurer une science d'observation ou devenir une science expérimentale. Sans doute la médecine doit commencer par être une simple observation clinique. Ensuite, comme l'organisme forme par lui-même une unité harmonique, un petit monde (microcosme) contenu dans le grand monde (macrocosme), on a pu soutenir que la vie était indivisible et qu'on devait se borner à observer les phénomènes que nous offrent dans leur ensemble les organismes vivants sains et malades, et se contenter de raisonner sur les faits observés. Mais si l'on admet qu'il faille ainsi se limiter, et si l'on pose en principe que la médecine n'est qu'une science passive d'observation, le médecin ne devra pas plus toucher au corps humain que l'astronome ne touche aux planètes. Dès lors l'anatomie normale ou pathologique, les vivisections, appliquées à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique, tout cela est complètement inutile. La médecine ainsi conçue ne peut conduire qu'à l'expectation et à des prescriptions hygiéniques plus ou moins utiles; mais c'est la négation d'une médecine active, c'est-à-dire d'une thérapeutique scientifique et réelle.
― Claude Bernard