dernière mise à jour le 03/11/2014
La mélanine procure un filtre essentiel contre le rayonnement UV solaire et sa variation, génétiquement déterminée, influence à la fois la pigmentation de la peau et risque de cancer. Des preuves génétiques font apparaître que l'acquisition d'un allèle très stable MC1R de promotion de la pigmentation noire est née à l'époque de la colonisation de la savane par les hominidés, il y a 1 à 2 millions d’années.
La signification adaptative d’une peau foncée est généralement admise comme une protection contre les dommages provoqués par les UV, mais plusieurs pathologies pourraient avoir eu un impact délétère sur la survie et / ou la capacité de reproduction. Cette hypothèse reste sujette à de nombreux débats.
Nous suggérons ici, d’après des données sur l’âge, l’incidence du cancer et la létalité chez des albinos vivant à de basses latitudes en Afrique et en Amérique centrale appui de l'affirmation que le cancer de la peau a pu être une puissante force sélective pour l'émergence de la peau noire chez les premiers hominidés.
Greaves M.
Was skin cancer a selective force for black pigmentation in early hominin evolution ?
Proc. R. Soc. B 2014 281, 20132955, 26 February 2014
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
Il apparaît que définir la physiologie comme la science des lois ou des constantes de la vie normale ne serait pas rigoureusement exact, pour deux raisons. D'abord parce que le concept de normal n'est pas un concept d'existence, susceptible en soi de mesure objective. Ensuite, parce que le pathologique doit être compris comme une espèce du normal, l'anormal n'étant pas ce qui n'est pas normal, mais ce qui est un autre normal. Cela ne veut pas dire que la physiologie n'est pas une science. Elle l'est authentiquement par sa recherche de constantes et d'invariants, par ses procédés métriques, par sa démarche analytique générale. Mais s'il est aisé de définir par sa méthode comment la physiologie est une science, il est moins aisé de définir par son objet de quoi elle est la science. La dirons-nous science des conditions de la santé ? Ce serait déjà, à notre avis, préférable à science des fonctions normales de la vie, puisque nous avons cru devoir distinguer l'état normal et la santé. Mais une difficulté subsiste. Quand on pense à l'objet d'une science, on pense à un objet stable, identique à soi. La matière et le mouvement, régis par l'inertie, donnent à cet égard toute garantie. Mais la vie ? N'est-elle pas évolution, variation de formes, invention de comportements ? Sa structure n'est-elle pas historique autant qu'histologique ? La physiologie pencherait alors vers l'histoire qui n'est pas, quoi qu'on fasse, science de la nature. Il est vrai qu'on peut n'être pas moins frappé du caractère de stabilité de la vie. Tout dépend en somme, pour définir la physiologie, de l'idée qu'on se fait de la santé.
― Georges Canguilhem