dernière mise à jour le 17/09/2015
Abstract du livre de McShea et Brandon.
Les auteurs prétendent que la tendance à l’augmentation de la complexité et à la diversification sont les principales forces à l’œuvre dans l’évolution et que ces forces, largement sous-estimées, sont plus importantes que la sélection naturelle.
La loi proposée est la suivante : « en l’absence de contraintes, l’accumulation de variations dans une population tend à accroître la diversité des individus. »
Selon les auteurs, cette tendance existe aussi dans les systèmes physiques où l’accumulation d’accidents augmente la diversité. Ceci fait écho aux propos d’Herbert Spencer qui parlait en 1900 de « l’instabilité de l’homogénéité ».
En réalité, cette idée de la complexité croissante n’est pas très nouvelle. Gould l’avait déjà fortement contestée avec sa fameuse métaphore de l’ivrogne marchand sur un trottoir, il ne peut tomber que dans le caniveau, car de l’autre côté du trottoir, il y a les murs des maisons. L’extrême simplicité serait alors un mur infranchissable donnant la fausse impression, à long terme, d’une complexité toujours croissante.
Les auteurs disent que le mérite de leur travail est d’avoir rendue plus explicite cette loi de la complexité.
Seule les contraintes peuvent limiter cet accroissement, s’il n’y a pas de contrainte, alors il n’y a pas de changement, affirment-ils. Le fondement du principe découle de la théorie de la probabilité, la variance n’aurait pas d’autre destin que celui d’augmenter.
Le livre peut se résumer à une répétition de cet argument sous diverses approches sémantiques et paraphrases.
Malheureusement, les données sont pauvres et la formalisation est faible, il n’y a pas d’études de cas, les descriptions sont peu spécifiques, et certaines ont été présentées comme farfelues par de nombreux critiques.
Cependant les auteurs abordent le sujet important de la théorie du contrôle qui étudie l’évolution d’un système dynamique en fonction d’un ensemble de trajectoires de plusieurs de ses paramètres. Ils mettent en valeur la possibilité d’atteindre plusieurs états stables en fonction d’inclusions différentielles de divers paramètres.
La théorie mathématique de l’évolution avait en effet peu considéré la théorie du contrôle, s’en tenant toujours à de classiques modèles asymptotiques.
C’est le seul petit apport théorique de cet ouvrage fort contesté, tant par les philosophes que les biologistes, des deux côtés de l’Atlantique.
McShea D.W., Brandon R.N.
Biology's first law : the tendency for complexity and diversity to increase in evolutionnary systems.
The University of Chicago Press, 2010
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
Tant qu'on fera usage des remèdes composés de la pharmacopée galénique, tant que la routine continuera à dicter aux médecins les formules compliquées d'un plus ou moins grand nombre de médicaments, on ne pourra jamais rien savoir sur leurs véritables propriétés. L'ancienne école de Cos employait des remèdes simples ; elle ne se servait point de ces mélanges informes qui surchargent nos dispensaires ; elle ne mêlait point, dans les mêmes décoctions, une douzaine de plantes qui ne peuvent que les rendre épaisses, visqueuses et dégoûtantes ; elle ne connaissait point les apozèmes compliqés, les tisanes royales ; ces indications multipliées, qui font la base de l'art de formuler, n'existaient pas pour elle ; simple comme la nature dans ses opérations, elle ne présentait aux malades qu'un seul remède, et elle ne les administrait que l'un après l'autre lorsque les circonstances exigeaient qu'on en changeât la nature. Si on ne renonce à ce luxe dangereux, introduit par l'ignorance et la superstition, si l'on tient toujours au mélange d'une base médicaenteuse, d'un adjuvant ou auxiliaire, d'un ou plusieurs correctifs, mélange dont on a fait un art que je ne dois pas craindre de présenter comme illusoire et dangereux, la science restera dans l'état ou elle est.
― François Fourcroy en 1785