dernière mise à jour le 02/12/2014
Les populations du Plateau tibétain ont acquis des adaptations héréditaires à l'altitude extrême.
Nous avons séquencé 50 exomes de Tibétains, en considérant les séquences codantes de 92% du génome humain.
Plusieurs séquences montrant des fréquences de modification allélique spécifiques de cette population ont été identifiées et considérées comme de bons gènes candidats pour l'adaptation à l'altitude.
Le signal le plus fort de la sélection naturelle est celui de EPAS1, un facteur de transcription impliqué dans la réponse à l'hypoxie. Un polymorphisme nucléotidique au niveau de EPAS1 montre une différence de fréquence de 78% entre les tibétaines des hauts plateaux et les Han des plaines fluviales. Il s'agit de la plus forte variation de fréquence allélique observée à ce jour sur tout le génome humain. L'association de ce polymorphisme nucléotidique avec l'abondance érythrocytaire confirme le rôle de EPAS1 dans l'adaptation à l'hypoxie.
Notre enquête génomique sur cette population a révélé un important locus fonctionnel de l'adaptation génétique à la très haute altitude.
Xin Yi & al.
Sequencing of Fifty Human Exomes Reveals Adaptation to High Altitude
Science. Jul 2, 2010; 329(5987): 75–78.
DOI : 10.1126/science.1190371
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
On peut rapprocher des maladies chroniques, tous les dysfonctionnements dépourvus d'un vécu spontané de mal, mais auxquels les médecins tendent à imposer la signification d'un mal, ainsi que des modalités de prise en charge qui souvent provoquent du mal.
― Alain Froment