dernière mise à jour le 13/02/2021
Dans une perspective évolutionniste, l’expression faciale de la douleur est un mode de communication non verbale efficace, qui témoigne d’un danger potentiel et constitue un appel au secours pressant.
Il a été montré que les mimiques de douleur sont constantes, quel qu’en soit le facteur déclenchant (choc électrique, froid, pression, ischémie…). Elles permettent aussi à l’entourage d’évaluer l’intensité de la douleur sous-jacente, même en cas de déni de la souffrance.
D’après des données de neuro-imagerie fonctionnelle, on sait aussi que certaines zones cérébrales sont impliquées dans les processus émotionnels mis en jeu dans ce type d’échanges (amygdale, cortex cingulaire antérieur, insula, cortex préfrontal), mais que ces aires varient selon la nature du stimulus déclenchant, douleur ou colère par exemple.
L’expérimentation présentée ici, menée sur 20 étudiantes d’une université espagnole, vise à l’étude de la dynamique cérébrale face à différentes mimiques de douleur et de colère. Ces jeunes femmes étaient soumises à trois types de tests comprenant la présentation randomisée de visages exprimant la douleur ou la colère, selon 3 niveaux d’intensité, auxquels s’ajoutaient 48 photos traduisant une neutralité affective, les expressions étant standardisées selon les critères d’Ekman et de Friesen.
Il en résulte que, pour toutes les intensités, les traductions de la douleur étaient ressenties comme plus désagréables et plus alarmantes que les manifestations de colère ou les figures neutres. La stimulation émotionnelle était proportionnelle à l’intensité supposée de la douleur. Les analyses post hoc ont permis de préciser que les expressions de douleur et de colère étaient plus stimulantes que les visages neutres, quelle que soit l’intensité considérée (p<0,001).
D’autre part, les visages douloureux provoquaient une augmentation des potentiels évoqués visuels dans l’intervalle de 350 à 550 millisecondes après le début du stimulus, alors que les expressions de colère et la neutralité exerçaient leur influence dans la zone autour de 200 ms, l’intensité des variations étant proportionnelle à la puissance de l’évocation. Si l’amplitude des potentiels évoqués variait en fonction de la force de la suggestion, elle régulait également les potentialités de mémorisation ultérieure.
D’après l’ensemble des observations, il semblerait que la vision d’une douleur intense, même si l’on en ignore la cause, provoque chez le spectateur un comportement d’empathie, contrairement aux manifestations de colère qui déclenchent plutôt peur ou colère en vis-à-vis.
L’activité cérébrale résultante est donc modulée par l’intensité des expressions faciales d’autrui, et suggère l’implication de mécanismes différents au cours de la reconnaissance des mimiques de douleur ou de colère.
González-Roldan AM, Martínez-Jauand M, Muñoz-García MA, Sitges C, Cifre I, Montoya P
Temporal dissociation in the brain processing of pain an danger faces with different intensities of emotional expression
Pain. 2011 Apr;152(4):853-9
DOI : 10.1016/j.pain.2010.12.037
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
Déterminer pour quelle part un trait est produit par les gènes ou par l’environnement est aussi inutile que de demander si les sons du tambour que nous entendons au loin sont produits par le percussionniste ou par son instrument.
― Frans de Waal