dernière mise à jour le 08/03/2015
Abstract
Les gradients socio-économiques dans les comportements de santé sont omniprésents et bien documentés. Pourtant, il y a encore peu de consensus sur leurs causes.
L’écologie comportementale prédit que, si les personnes en situation socio-économique inférieure perçoivent un risque personnel de mortalité extrinsèque supérieur aux personnes de classe aisée, ils doivent logiquement être moins investis dans la protection de leur santé et dans leur avenir sanitaire.
Pour confirmer cette théorie nous avons interrogé et suivi des adultes nord-américains autour de quatre paramètres essentiels : les conduites et efforts consacrés à la protection de leur santé, la perception de leurs risques de mortalité intrinsèque et extrinsèque, et l’évaluation de leur condition socio-économique.
Nous avons examiné les relations entre ces variables et avons constaté que plus faible niveau socio-économique prédit un investissement plus faible dans la protection sanitaire. Ce faible niveau est également associé à une perception supérieure du risque de mortalité extrinsèque, lequel prédit à son tour un plus faible effort dans les conduites hygiéno-diététiques et protectrices de la santé.
La relation entre la perception de son niveau socio-économique et les efforts de protection sanitaire sont complètement médiés par la perception intime du risque de mortalité extrinsèque.
Nos résultats indiquent que la perception du risque de mortalité extrinsèque peut servir de facteur de référence pour évaluer les gradients socio-économiques de la motivation à s’investir dans sa santé future.
Les cliniciens doivent désormais prendre en compte les données de l’écologie comportementale et chercher à révéler ce facteur personnel pour mieux individualiser leurs recommandations et prescriptions.
Pepper GV, Nettle D.
Perceived Extrinsic Mortality Risk and Reported Effort in Looking after Health. Testing a Behavioral Ecological Prediction.
Hum Nat (2014) 25:378–392.
DOI: 10.1007/s12110-014-9204-5
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
Comment un état de santé peut-il être pathologique s'il est partagé par une large partie de la population ? La réponse est philosophique, elle n'est pas scientifique.
― Alfredo Morabia