dernière mise à jour le 14/08/2014
Les concepts de médecine évolutionniste et de régulation énergétique contribuent  à comprendre la physiopathologie  des maladies inflammatoires chroniques.
      
L’étiologie de ces maladies repose sur quatre critères :
Ces éléments n’incluent pas les composantes systémiques de ces maladies. Les progrès médicaux en ce domaine laissent supposer que beaucoup de ces réponses systémiques seront les prochaines cibles thérapeutiques. La réponse systémique peut même être considérée comme le cinquième critère étiologique de ces maladies.
 
        L’article  montre comment la réponse systémique devient compréhensible sous l’angle de la  médecine évolutionniste et de la régulation énergétique. 
        Juste après  le cerveau et les muscles, le système immunitaire est le plus gros consommateur  d’énergie de l’organisme. Dans les maladies inflammatoires chroniques, l’activation  à long terme du système immunitaire nécessite une stimulation secondaire des  voies neuro-hormonales pour redistribuer des carburants énergétiques à ce  système immunitaire très actif. 
Cette redistribution des carburants est le substrat des principales séquelles parmi lesquelles figure le syndrome métabolique. Il est suggéré que la “réaction d’alarme” (première phase du syndrome d’adaptation de Selye) nécessaire à la redistribution des carburants énergétiques devrait être nommée « réaction d’appel d’énergie ». Dans les maladies inflammatoires chroniques, cet appel continu d’énergie a des conséquences nuisibles sur le reste de l’organisme.
La régulation énergétique est le plus important facteur physiologique de  l’homéostasie. Les voies neuroendocrines sont impliquées dans cette régulation. 
        Nous pouvons séparer les facteurs qui fournissent l’énergie aux dépôts  (système nerveux parasympathique, insuline, facteur de croissance insuline-like  N°1, œstrogènes, androgènes, ostéocalcine) et ceux qui fournissent les  substrats énergétiques aux consommateurs (système nerveux sympathique, axe hypothalamo-hypophysaire,  hormones thyroïdiennes, glucagon et hormone de croissance) 
 
        Dans les maladies inflammatoires chroniques, la répartition de l’énergie  entre les dépôts et les consommateurs, normalement basée sur le rythme  circadien, est très perturbée par la forte consommation énergétique du système  immunitaire (jusqu’à 500 calories/jour). Les cytokines pro-inflammatoires telles  que le facteur de nécrose tumorale (TNF α) ou les interleukines  1β et 6, la circulation des cellules  immunitaires actives et les fibres nerveuses sensitives activent le système  immunitaire dans tout le corps. Ce signal est un appel de carburants  énergétiques (réaction d’appel d’énergie). 
Au cours de l’évolution, la régulation énergétique s’est adaptée aux maladies ne menaçant pas le pronostic vital, pas aux maladies inflammatoires chroniques (pression sélective négative et baisse de la reproduction)
 
        Ainsi, la régulation énergétique inadaptée provoque de nombreuses anomalies  incluant fatigue, anorexie, hypovitaminose D, cachexie, obésité, insulino-résistance,  hyperinsulinémie, dyslipidémie, cellulite, hypoandrogénie, hypercorticisme  léger, activation du système nerveux sympathique (hypertension), anémie,  ostéopénie.  Beaucoup de ces désordres  peuvent favoriser le syndrome métabolique. 
Ces signes deviennent compréhensibles dans le contexte d’un appel excessif de carburants énergétiques par le système immunitaire. Ce cadre physiopathologique pourrait conduire à de nouvelles approches thérapeutiques et à une meilleure compréhension des étapes de l’inflammation chronique.
R. H. Straub M. Cutolo, F. Buttgereit, G. Pongratz. 
Energy regulation and  neuroendocrine immune control in chronic inflammatory diseases. 
Journal of Internal Medicine; Volume 267; Issue 6; pages 543-560; June 2010. 
  
R.H. Straub. 
Evolution, Energy and Chronic Inflammatory Disease. 
Brain Behav Immun. 2010 Aug 9. 
  
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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Il apparaît que définir la physiologie comme la science des lois ou des constantes de la vie normale ne serait pas rigoureusement exact, pour deux raisons. D'abord parce que le concept de normal n'est pas un concept d'existence, susceptible en soi de mesure objective. Ensuite, parce que le pathologique doit être compris comme une espèce du normal, l'anormal n'étant pas ce qui n'est pas normal, mais ce qui est un autre normal. Cela ne veut pas dire que la physiologie n'est pas une science. Elle l'est authentiquement par sa recherche de constantes et d'invariants, par ses procédés métriques, par sa démarche analytique générale. Mais s'il est aisé de définir par sa méthode comment la physiologie est une science, il est moins aisé de définir par son objet de quoi elle est la science. La dirons-nous science des conditions de la santé ? Ce serait déjà, à notre avis, préférable à science des fonctions normales de la vie, puisque nous avons cru devoir distinguer l'état normal et la santé. Mais une difficulté subsiste. Quand on pense à l'objet d'une science, on pense à un objet stable, identique à soi. La matière et le mouvement, régis par l'inertie, donnent à cet égard toute garantie. Mais la vie ? N'est-elle pas évolution, variation de formes, invention de comportements ? Sa structure n'est-elle pas historique autant qu'histologique ? La physiologie pencherait alors vers l'histoire qui n'est pas, quoi qu'on fasse, science de la nature. Il est vrai qu'on peut n'être pas moins frappé du caractère de stabilité de la vie. Tout dépend en somme, pour définir la physiologie, de l'idée qu'on se fait de la santé. 
― Georges Canguilhem