dernière mise à jour le 08/07/2024
Le cerveau est extrêmement complexe. Et il l’est encore beaucoup plus de comprendre les origines génétiques multiples et imbriquées des troubles qui le frappent. Une collaboration de chercheurs de Harvard, Stanford et MIT, a cependant tenté l’aventure. Une nouvelle étude montre qu'il existe des distinctions dans la façon dont les troubles psychiatriques et neurologiques se rapportent les uns aux autres, et comment certains traits de personnalité peuvent même entrer en jeu.
Cette étude basée sur de grandes analyses de génomes (GWAS) a porté sur 25 différents troubles cérébraux. L’échantillon provenant de populations européennes a comparé 265 000 patients porteurs de ces troubles à 784 000 personnes saines.
Ainsi les grandes maladies neurologiques, maladie d'Alzheimer, Parkinson et sclérose en plaques ne présentent pas beaucoup de chevauchement génétique. Les gènes de prédisposition à l’une d’entre elles ne prédisposent pas aux autres.
Les troubles psychiatriques tels que la schizophrénie, le trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention (TDAH) et le trouble bipolaire, se partagent plusieurs gènes de prédispositions qui se chevauchent. Le plus grand chevauchement entre gènes intriqués concerne l’anorexie mentale, le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et la schizophrénie.
Par ailleurs, il est intéressant de constater que les troubles du spectre autistique et le syndrome de La Tourette ne semblent pas être influencés par d'autres gènes liés à d’autres troubles psychiatriques.
De plus, le trait de personnalité névrotique est associé à plusieurs troubles psychiatriques. Ceux-ci incluant l'anorexie, le trouble dépressif majeur, les troubles anxieux, le syndrome de La Tourette, la schizophrénie et le trouble obsessionnel-compulsif.
Ces résultats ne sont pas une réelle surprise, car ils confirment des études génétiques passées et les observations cliniques. Nous devons donc avoir réellement conscience que les troubles psychiatriques sont très fortement interconnectés. Ce qui obligera tôt ou tard à repenser complètement leur classification, ainsi que la façon de les aborder et de les traiter.
Anttila V and Brainstorm consortium
Analysis of shared heritability in common disorders of the brain
Science 22 Jun 2018 : Vol. 360, Issue 6395, eaap8757
DOI : 10.1126/science.aap8757
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Sur l’aspect social et sur la communication, la biomédecine a réussi au-delà de l’imaginable puisque de nombreux parcours individuels sont désormais façonnés par des objets-maladie universels. On « souffre » de son cholestérol sans en avoir ressenti le moindre symptôme, on se plaint de son IRM plutôt que de son tendon, on se préfère dépressif à triste, car les médecins préfèrent les diagnostics aux humeurs . Malgré cette désindividualisation du diagnostic, les patients continuent d’exiger l’individualité du soin. C’est encore au clinicien qu’il revient de gérer ce paradoxe, cet imbroglio de science et de communication.
― Luc Perino