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Schizophrénie : évolution et théorie de l'esprit.

dernière mise à jour le 15/01/2014

Il s’agit ici d’illustrer comment une perspective évolutionniste peut améliorer notre compréhension de la schizophrénie et de montrer les bénéfices d’une approche symptomatique.

L'existence de cette maladie est un paradoxe évolutif, puisque les patients ont un désavantage reproductif.
Le fait très surprenant est l’ubiquité de la schizophrénie qui existe à toutes les époques et dans toutes les cultures avec une fréquence d’environ 1%.

L’hypothèse est de considérer que les gènes qui rendent vulnérables à la schizophrénie peuvent présenter un avantage compensatoire pour les hétérozygotes qui en sont porteurs
Ces avantages proposés par les chercheurs comprennent : créativité supérieure, charisme, facilité de leadership et baisse de la vulnérabilité au cancer.

La recherche de gènes ayant un effet significatif sur cette maladie, a été totalement infructueuse. L’auteur suggère que ceci peut s’expliquer par la diversité des phénotypes de schizophrénie qui sont, pour l’instant, encore mal définis.
Il met en relief l’écueil du fameux dogme du 1% et suggère que la variété des phénotypes de schizophrénie est plus subtile que nous l’admettons couramment.

Il est préférable et plus utile d’examiner les symptômes ou constellations de symptômes individuels que de se fixer sur ce phénotype complexe de la maladie. Cette approche évolutionniste peut servir à élaborer de nouvelles hypothèses testables.

L’hypothèse du « cerveau social » est particulièrement intéressante. Les hommes ont développé des mécanismes pour traiter les stimuli sociaux dans le sens d’une meilleure adaptation individuelle au groupe. Le plus connu de ces mécanismes est la classique « théorie de l’esprit » permettant de se mettre à la place d’un autre pour imaginer ses réactions. Dans cette optique, les symptômes de la schizophrénie peuvent être perçus comme un ensemble de mécanismes de défense complexes et contextuellement inadaptés. Une forme extrême de traits de caractère qui, dans un contexte ancestral, avaient permis l’adaptation sociale mais dont certaines variations sont devenues inadaptées, par exemple : le délire de persécution ou l’estimation inappropriée d’une situation.

Il importe par ailleurs d’aller plus loin dans d’autres pistes de recherche. La densité des neurones de Von Economo impliqués dans la cognition sociale qui diffère fortement chez les schizophrènes. Les relations entre le développement de l’enfance et la schizophrénie de l’adulte. Les possibles interférences culturelles dans le rapport à la schizophrénie en raison du degré de tolérance sociale des symptômes

Bibliographie

Abdel-Hamid M., Lehmkämper C., Sonntag C., Juckel G. , IDaum I. , Brüne M..
Theory of mind in schizophrenia: The role of clinical symptomatology and neurocognition in understanding other people's thoughts and intentions.
Psychiatry Research, 2009. Volume 165, Issue 1, Pages 19-26

Médecine évolutionniste (ou darwinienne)

Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique

Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.

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La phrase biomédicale aléatoire

Plus un acte médical exige l'intervention du spécialiste ou d'une infrastructure coûteuse, plus il devient probable :
1/ que l'espérance de vie du patient ne sera pas affectée par l'acte.
2/ que la période d'invalidité du patient augmentera.
3/ que le patient aura besoin de traitements additionnels pour l'aider à supporter les dommages, mutilations, angoisses et douleurs provoqués par l'intervention médicale.
― A. L. Cochrane

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