dernière mise à jour le 02/05/2024
Un grande famille
Des chercheurs ont dressé un arbre généalogique de 13 millions de personnes sur 11 générations pour retracer les 500 dernières années de mariages et de migrations en Europe et en Amérique du Nord. Ils ont aussi étudié le rôle des gènes dans la longévité et montré que leur nombre est très inférieur à ce que l'on pensait.
Théoriquement, il aurait fallu remonter 65 générations pour converger vers un ancêtre commun et compléter l’arbre. Néanmoins, l’ensemble de données représente une étape importante en faisant passer les recherches sur l’histoire familiale des archives paroissiales vers l’ère numérique, rendant ainsi possibles des enquêtes au niveau de la population. Ces recherches facilitent aussi la superposition avec d’autres ensembles de données permettant de déceler des tendances socio-économiques à grande échelle.
L'ensemble de données détaille quand et où chaque individu est né et décédé, et reflète les données démographiques des individus. Les chercheurs ont vérifié que cet ensemble était représentatif du niveau d'éducation de la population américaine en général en recoupant un sous-ensemble de profils.
Mariage, migration et liens génétiques.
L'industrialisation a profondément modifié la vie professionnelle et familiale, et ces tendances coïncident avec l'évolution des choix de mariage dans les données. Avant 1750, la plupart des Américains trouvaient un conjoint à moins de 10 kilomètres de leur lieu de naissance, mais pour ceux nés en 1950, cette distance s'étendait jusqu'à environ 100 kilomètres.
Avant 1850, les mariages au sein de la famille étaient courants – avec une personne qui était en moyenne un cousin au quatrième degré, comparativement aux cousins au septième degré d'aujourd'hui. Curieusement, les chercheurs ont découvert qu'entre 1800 et 1850, les gens voyageaient plus loin que jamais pour trouver un partenaire - près de 19 kilomètres en moyenne, mais étaient plus susceptibles d'épouser un cousin au quatrième degré ou plus. Il semble que c'est l’évolution des normes sociales, plutôt que l’augmentation de la mobilité qui a conduit à éviter les parents proches comme partenaires de mariage.
Dans une observation connexe, ils ont constaté que les femmes d’Europe et d’Amérique du Nord ont migré plus que les hommes au cours des 300 dernières années, mais que lorsque les hommes migrent, ils voyagent en moyenne beaucoup plus loin.
Gènes et longévité
Pour tenter de démêler le rôle de la nature et de l'éducation dans la longévité, les chercheurs ont construit un modèle basé sur un ensemble de données de 3 millions de parents nés entre 1600 et 1910 et ayant vécu après l'âge de 30 ans. Ils ont exclu les jumeaux, les individus décédés pendant la guerre civile américaine, la Première et la Seconde Guerre mondiale, ou lors d'une catastrophe naturelle.
Ils ont comparé la durée de vie de chaque individu à celle de ses proches et à leur degré de séparation et ont constaté que les gènes expliquaient environ 16% de la variation de longévité observée, soit la partie basse des estimations précédentes qui variaient d'environ 15% à 30%.
Les résultats indiquent que de bons gènes de longévité peuvent prolonger la vie d'une personne de cinq ans en moyenne, ce qui est assez peu, comparé, par exemple, au tabagisme qui supprime en moyenne 10 ans de vie.
De manière significative, l’étude montre également que les gènes qui influencent la longévité agissent indépendamment plutôt que d’interagir les uns avec les autres, un phénomène appelé épistasie qui explique pourquoi on ne trouve pas de gènes codant pour des traits complexes comme l’intelligence ou la longévité.
Si certaines variantes génétiques agissaient ensemble pour influencer la longévité, les chercheurs auraient constaté une plus grande corrélation entre des individus étroitement liés qui partagent plus d'ADN, et donc plus d'interactions génétiques. Cependant, ils ont découvert un lien linéaire entre la longévité et la parenté génétique, excluant ainsi une épistasIe généralisée.
Cela est conforme aux inférences précédentes, mais curieusement, de nombreux chercheurs en génétique humaine et en épidémiologie continuent de croire qu'il existe de nombreuses variations génétiques non additives pour les maladies courantes et les traits quantitatifs.
Kaplanis J, Gordon A, Shor T, Weissbrod O, Geiger D, Wahl M, Gershovits M, Markus B, Sheikh M, Gymrek M, Bhatia G, MacArthur DG, Price AL, Erlich Y
Quantitative analysis of population-scale family trees with millions of relatives
Science 2018 Apr 13 360 6385 171 175
DOI : 10.1126/science.aam9309
Par catégorie professionnelle | |
Médecins | 27% |
Professions de santé | 33% |
Sciences de la vie et de la terre | 8% |
Sciences humaines et sociales | 12% |
Autres sciences et techniques | 4% |
Administration, services et tertiaires | 11% |
Economie, commerce, industrie | 1% |
Médias et communication | 3% |
Art et artisanat | 1% |
Par tranches d'âge | |
Plus de 70 ans | 14% |
de 50 à 70 ans | 53% |
de 30 à 50 ans | 29% |
moins de 30 ans | 4% |
Par motivation | |
Patients | 5% |
Proche ou association de patients | 3% |
Thèse ou études en cours | 4% |
Intérêt professionnel | 65% |
Simple curiosité | 23% |
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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La chirurgie a un avantage sur la médecine, elle me semble beaucoup plus certaine, parce qu'elle voit et manie ce qu'elle fait ; il y a moins à conjecturer et à deviner.
― Montaigne