dernière mise à jour le 09/02/2025
Les clones mutants dans l'épithélium normal surpassent et éliminent les tumeurs émergentes
Les tissus épithéliaux humains accumulent des mutations cancérigènes avec l’âge, mais la formation de tumeurs reste rare.
La sélection positive de ces mutations suggère qu'elles altèrent le comportement, l’énergie et la valeur sélective des cellules proliférantes. Ainsi, les tissus adultes normaux deviennent un patchwork de clones mutants en compétition pour l'espace et la survie, les clones les plus aptes se développant en éliminant leurs voisins moins compétitifs.
Cependant, on sait peu de choses sur la façon dont une telle compétition dynamique dans les épithéliums normaux influence la tumorigenèse précoce. Nous montrons ici que la majorité des tumeurs œsophagiennes nouvellement formées sont éliminées par compétition avec des clones mutants dans l'épithélium normal adjacent.
Nous avons suivi le sort de tumeurs pré-malignes microscopiques naissantes dans un modèle murin de carcinogenèse œsophagienne et avons découvert que la plupart disparaissaient rapidement sans signe de mort cellulaire tumorale, de prolifération réduite ou de réponse immunitaire antitumorale. Cependant, le séquençage en profondeur de tumeurs vieilles de dix jours et d'un an a montré des preuves de sélection sur les néoplasmes survivants. L'induction de clones hautement compétitifs chez des souris transgéniques a augmenté l'élimination précoce des tumeurs, tandis que l'inhibition pharmacologique de la compétition clonale a réduit cette élimination précoce.
Ces résultats étayent un modèle dans lequel la survie des néoplasmes précoces dépend de leur aptitude compétitive par rapport à celle des clones mutants dans le tissu normal environnant. Les clones mutants dans l'épithélium normal jouent un rôle antitumoral inattendu dans la purge des tumeurs précoces, par compétition cellulaire, préservant ainsi l'intégrité des tissus.
Colom B et al
Mutant clones in normal epithelium outcompete and eliminate emerging tumours
Nature. 2021 Oct;598(7881):510-514
DOI : 10.1038/s41586-021-03965-7
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
Résistance aux antibiotiques et aux vaccins - Pourquoi la résistance aux antibiotiques est-elle fréquente et la résistance aux vaccins rare [...]
Génétique et géographie - Les modèles géographiques de la diversité génétique humaine portent les traces de l’histoire [...]
Cancers : le paradoxe de Peto. - Dans les années 1970, Richard Peto s’étonna de constater que les gros animaux à [...]
Epigénétique en psychiatrie - Abstract Les troubles psychiatriques, notamment le trouble dépressif majeur, la toxicomanie et la [...]
Un virus géant qui a façonné l'arbre de vie - Cette étude a identifié une famille de virus géants qui a peut-être joué un rôle clé dans [...]
L'omniprésence de la futurologie médicale brouille les limites entre le solide et le fantaisiste, l'anticipation et l'espoir, la prédiction et la manipulation. Il est devenu nécessaire aujourd'hui de s'interroger à nouveau sur la prédiction.
― Maël Lemoine