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Modes ou contagions sociales

humeur du 04/05/2025

La plus connue des épidémies de manie dansante est celle de Strasbourg en 1518 où des centaines de personnes dansèrent sans interruption, parfois jusqu’à mourir d’épuisement. Les médecins, pressés par les autorités, se sont contentés de nommer cette épidémie, à défaut d’en comprendre les ressorts individuels et collectifs. « Peste dansante » et « hystérie collective » sont les premiers mots qui ont recouvert leur ignorance.

Grégarisme, panurgisme ou contagion sociale sont les termes qu’utilisent aujourd’hui les sociologues pour désigner ce type de manifestation. Pèlerinages à Lourdes ou à La Mecque, danse à Woodstock, achats sur le seul critère du chiffre des ventes, tatouages et modes vestimentaires sont quelques exemples de ce communautarisme qui est le trait comportemental dominant de notre espèce. Trait dont l’expression culmine pendant la phase de vie adolescente.

Classiquement, les traits, morphologiques, physiologiques ou comportementaux sont considérés comme sélectionnés par l’évolution pour la préservation d’une espèce. Il faut en conclure que cette « peste dansante » ou les épidémies de suicides qui ont suivi la publication des « Souffrances du jeune Werther » au XVIIIème siècle et plus récemment le suicide de Marylin Monroe, sont des aberrations propres à notre espèce.

Les souverains et les prêtres ont toujours largement utilisé ce trait pour recruter leurs guerriers et leurs dévots. Ce sont aujourd’hui les réseaux sociaux et leurs influenceurs qui déterminent les contagions sociales, avec des effets tout aussi dévastateurs. Le phénomène le plus saillant est celui des populismes et complotismes qui gagnent nos démocraties et sont avant tout nuisibles à leurs adeptes, de la même façons que les dérives sectaires ne bénéficient qu’aux gourous. D’autres sont plus anecdotiques ou plus localisées comme la chloroquine popularisée par l’image atypique de son mentor. Mais on assiste hélas à des phénomènes plus graves comme la contagion sociale du transgenrisme où l’on voit des adolescentes et adolescents s’étant laissé abusivement mutiler, demander des détransitions lorsqu’ils deviennent adultes.

Si les sociologues sont volontiers catastrophistes en annonçant la fin des social-démocraties, les experts en écologie comportementale avouent leur incompétence à évaluer l’ampleur et l’avenir de ces nouvelles contagions communautaires.

Quant à moi, je suis à l’affut des quelques vérités qui peuvent m’aider à combler le gouffre de mon ignorance. Par exemple, les études ont montré que la chloroquine ne marche pas quand elle est donnée en même temps que l’extrême onction, mais que quelqu’un qui en consomme pendant cent ans vit très vieux.  Ou encore la vérité épidémiologique de Michel Audiard sur les miracles à Lourdes : « De 1858 à 1972, 34 guérisons miraculeuses ont été reconnues par les autorités médicales et 72 par les autorités religieuses. Et il y a eu 4272 accidents mortels de circulation sur la route du pèlerinage ».

Bibliographie

Claude Habib
Transgenre et conséquences
Carnets de l'institut Diderot, Mars 2023

Goethe JW Von
Les souffrances du jeune werther
1774

Michel Audiard
Vive la France
Film documentaire, 1974

Serge Larivée, Marc-Olivier Blondin-Provost, Carole Sénéchal et Claude Perreault
Les miracles au péril de la science
Revue de psychoéducation, Volume 46, numéro 1, 2017
DOI : 10.7202/1039688ar

Wikipedia
Effet Werther
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Werther

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Du judiciaire à l’éducation, la société appelle l’expertise de la médecine pour dire, sur fond d’une valence reconnue, d’un savoir et d’une compétence, ce qu’il est possible de faire pour guérir les maux d’une société. La médicalisation des problèmes sociaux (violence à l’école, criminalité, souffrance au travail, mal-être, etc.) est implicitement admise comme une solution efficace, nécessaire et cohérente. La médecine, qui a pris soin de notre santé, prendra en charge aussi la souffrance des hommes en la « pathologisant ».
― Marc Grassin et Frédéric Pochard

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