Risques cardio-vasculaires après Framingham
humeur du 27/12/2025
L’étude de Framingham débutée en 1948, est la plus connue des études épidémiologiques de facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires. Elle a rapidement identifié le tabagisme, le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle. Ensuite, l’obésité, le cholestérol et la sédentarité. Un peu plus tard, la pilule contraceptive, le traitement de la ménopause, le stress et les parodontopathies. Plus récemment, de nouveaux facteurs préoccupent les épidémiologistes : microparticules, vagues de chaleur, pollution acoustique et lumineuse, problèmes psychosociaux, ainsi que maints pesticides et nombre de maladies infectieuses.
Auparavant, on pensait que les maladies cardio-vasculaires étaient dues exclusivement à l’âge, ce qui était résumé dans un dicton plus célèbre que l’étude de Framingham : « on a l’âge de ses artères ». La découverte de ces facteurs de risque a ouvert un marché pharmaceutique illimité. Il a été relativement facile de faire baisser certains chiffres de sucre, de tension et de cholestérol, avec des traitements prescrits « à vie », terme qui contenait un soupçon d’éternité. Puis, les épidémiologistes les moins influençables ont rapidement confirmé ce que l’on savait tacitement depuis toujours, à savoir la nette supériorité des traitements préventifs : suppression du tabac, exercice physique et hygiène alimentaire. Plus dramatiquement, ils ont constaté que les médicaments des facteurs de risque comportaient eux-mêmes des risques, parfois supérieurs. Un comble !
Mais globalement, les cardiologues ont eu d’assez bons résultats en profitant de leurs prescriptions pour rappeler les évidences de la prévention. Ils ont par exemple fait exploser le nombre de joggeurs et de marathons citadins.
Aujourd’hui, les nouveaux facteurs de risque nous confrontent à un énorme dilemme : il n’existera jamais de médicaments contre ces risques environnementaux. On pourrait dissimuler le stress psycho-social sous divers psychotropes, mais on en connaît déjà le rapport bénéfices/risques négatif. Se boucher les yeux et les oreilles pour supprimer les pollutions lumineuses et acoustiques diminuerait certainement la qualité de vie. Si l’on a presque réussi à supprimer le traitement de la ménopause, ce sera plus difficile pour la pilule. Quant au tabac, il est protégé par d’invincibles lobbys. Enfin, la décroissance rapide, suggérée par certains, est incompatible avec nos modèles sociaux et générerait un stress supérieur. Même le jogging perd quelque peu de son intérêt lorsqu’il se pratique en air pollué.
Devant l’inexorabilité des maladies cardio-vasculaires les épidémiologistes sont tentés de revenir à l’âge comme principal facteur de risque. Mais ils en perçoivent l’ineptie puisque les facteurs de risques n’ont de réalité qu’avec le temps, donc avec l’âge. Supprimer le vieillissement est l’ultime option médicale ; toutes les autres étant du registre politique, les médecins s’en tamponnent le coquillard pour le dire de façon explicite.
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