humeur du 11/10/2011
« Pendant sa grossesse, la future mère ne doit pas se livrer à un travail pénible, ne pas porter de jarretières, de vêtements serrant la taille, mais un corset de grossesse, une ceinture soutenant le bas-ventre, un soutien-gorge. Elle a besoin de grand air, de repos au lit ; elle fera chaque jour une petite promenade. Son alimentation sera abondante : peu de viande ; pas d'épices, de conserves, d’aliments indigestes, de liqueurs, de café ; pas plus d'une bouteille de vin par jour. II faut combattre soigneusement la constipation, mais il ne faut pas de purgations. Dans les derniers mois, pétrir tous les jours les bouts de sein et les laver à l’eau de Cologne. »
Ce texte peut être lu sur les livrets de famille distribués aux jeunes mariés en 1940. Il est signé du Bureau Municipal d'Hygiène de Saint-Etienne.
En 1940, les gestantes pouvaient boire une bouteille de vin par jour avec l’agrément du ministère. Ne sourions pas de ce laxisme sanitaire, car il est inélégant de regarder hier avec les yeux d’aujourd’hui. L’analyse n’en reste pas moins intéressante. Un autre passage de ce même texte précise que 10% des nouveau-nés français mourraient au cours de la première année – quel progrès en un demi siècle ! – et cite parmi les deux causes majeures de ces morts prématurées, les maladies chroniques et l’alcoolisme des parents. Le problème de l’alcoolisme parental avait donc été bien identifié par les autorités sanitaires.
Le texte poursuit : « Tout ce qui éloigne l'enfant de sa mère le met en danger. L'envoyer en nourrice lui fait courir les plus grands risques de mort ou d’infirmités ; il meurt presque dix fois plus de nourrissons séparés de leur mère que d'enfants recevant le lait maternel. » Nous pourrions penser que la nourrice pouvait présenter un avantage en cas d’alcoolisme maternel, mais ce n’était pas le cas, car un peu plus loin, dans le chapitre concernant l’hygiène de la nourrice on peut lire : « Elle ne doit pas boire plus d'une bouteille de vin par jour ; jamais d'alcool, qui passe dans le lait et présente de graves dangers pour l’enfant. »
Nous voyons encore que le problème de l’alcool avait été bien identifié, mais que le vin n’était pas considéré comme de l’alcool. Le vin était, et reste, l’un des fleurons de l’économie française et de sa renommée internationale.
Aujourd’hui comme hier, les problèmes sanitaires sont bien identifiés. Seule leur formulation et leur vulgarisation diffèrent selon l’environnement économique et les besoins du marché. Que cela ne nous empêche pas aujourd’hui de croire que le vin est bon pour le système cardio-vasculaire et la bière excellente pour les nourrices.
Quant au tabac, nous savons désormais qu’il est mauvais pour tout. Comment expliquer avec nos mots d’aujourd’hui que sa consommation augmente considérablement chez les jeunes futures gestantes ? Il nous faut attendre d’avoir les mots de demain.
Bureau Municipal d'Hygiène de Saint-Etienne
Préface et avertissements
Livret de famille, 1940
Site médical sans publicité
et sans conflit d'intérêts.
Devoir de vulgarisation - Beaucoup de scientifiques pensent que la vulgarisation est une perte de temps et [...]
Gabegie circulaire du diagnostic - Le diagnostic de tendinite fait partie des diagnostics les plus faciles, même pour un clinicien [...]
Parachutes gériatriques - C’est vrai, cela existe ! Je n’en ai jamais prescrit, mais je sais que cela se vend [...]
L'élément manquant - Les homicides sont un trait tristement répandu dans notre espèce. Pour autant, il n’est pas [...]
Les césariennes, l’âne et le lion - Le nombre de césariennes s’accroît de façon vertigineuse dans le monde. Cette [...]