humeur du 21/02/2010
Le 19 février, dans le Monde, une pleine page de publicité pour alerter l’opinion sur le déremboursement possible prochainement de cinq médicaments anticancéreux. Il s’agit d’un projet d’arrêté qui pourrait être applicable dès le mois de mars.
Je me précipite sur google pour essayer d’en savoir plus. Oh surprise, Google qui en sait toujours trop, ne connaît pas cette info. J’essaie toutes les entrées possibles, car la puissance bien connue de ce moteur de recherche m’incite à penser que, si je n’ai rien trouvé, c’est que je suis un utilisateur médiocre…
Mais non, Google continue à ignorer ma demande. Etonnant non !
Ce sont des associations et syndicats d’oncologues et de radiologues privés qui ont signé cette pétition. Nous pouvons donc supposer qu’ils arpentent les couloirs de l’agence du médicament et du ministère de la santé et qu’ils sont informés avant tout le monde.
Les oncologues et chercheurs publics qui doivent aussi logiquement fréquenter ces mêmes couloirs n’ont pas encore réagi pour voler au secours de leurs patients. Etonnant non !
La raison ne peut pas être que les oncologues publics ont moins de compassion que les oncologues privés, mais bien plutôt que les oncologues publics n’ont pas les moyens de payer une pleine page de publicité dans le Monde.
Je téléphone à deux ou trois patients porteurs de cancer pour savoir s’ils ont vu cette publicité et si oui quelle a été leur réaction ? Oui, et ils sont scandalisés. C’est bien normal, il est proprement scandaleux de priver de soins nos patients atteints de cancers. Qui oserait dire ou simplement penser le contraire ?
Je m’empresse alors de vérifier sur les deux seules revues indépendantes françaises (pas sur google cette fois !) quelle est l’efficacité réelle de ces cinq chimiothérapies. Trois d’entre elles n’ont jamais fait la preuve d’une efficacité réelle et deux autres n’apportent que très peu de prolongation de survie aux patients par rapport à des médicaments beaucoup moins coûteux. Etonnant non !
Faut-il préciser que tous ces produits coûtent très cher ? Non, c’est inutile. Ils coûtent cher pour au moins trois raisons : le coût de la recherche, le coût du marketing et celui du lobbying.
Il faut désormais y ajouter le coût de ces nouvelles publicités compassionnelles. Dans nos démocraties plombées par l’électoralisme, elles fonctionnent très bien, car nos démagogues sont de plus en plus faciles à manipuler.
Pendant que les ministères regrettent d’avoir mis sur le marché des médicaments dont le coût est 3000 ou 4000 euros par mois et par patient suite à des essais cliniques démontrant des survies de 5 jours sans aucune rigueur méthodologique, 20% de la population française n’a même plus accès aux soins primaires.
Hélas, les ministres ne pourront pas s'occuper d'eux, car il n’y a aucun lobby en charge de la veille compassionnelle pour ces 20% là.
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