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Parler ou écouter

humeur du 15/12/2009

Parler ou écouter

Il est impossible de lire un article sur la relation médecin/patient sans que le mot écoute y soit mentionné. Avoir une bonne écoute. Les patients apprécient l'oreille du soignant. Les patients viennent pour s'exprimer. Faites parler vos patients.

Si l'article est rédigé dans une revue à connotation psy le bon médecin est un mutique qui ponctue de hochements de tête la logorrhée de son patient.

Comme tous mes confrères, soumis à la tyrannie intellectuelle des belles années de la psychanalyse, nous avons longtemps pensé que ce médecin-oreille était l'archétype du soignant, même pour les plus organiques des pathologies.

Vivant cette idée reçue au quotidien, nous n'avons même pas pris la peine de demander l'avis de nos patients sur ce point. Pourtant, la plupart d'entre eux ne se plaignent jamais du manque d'écoute de leur médecin, mais du manque d'explication. Que son médecin soit un puriste de l'organe, un fanatique des preuves, un adepte du fonctionnel ou un prophète du psychisme, c'est curieusement le manque d'explication qui entraîne les plus grandes frustrations du consommateur de soins.

Faites l'expérience. Parlez, expliquez, soyez didactiques, affichez la cohérence de la médecine factuelle sans oublier d'insérer l'individualité de votre patient dans le cadre pathologique, et vous verrez vos patients ravis.

Encore, faut-il évidemment avoir quelque chose à dire. Car si le cadre pathologique ne relève ni du psychiatrique, ni du psychosomatique, ni du facteur de risque, ni de l'organique, il ne relève donc pas du médical. Dans ce cas, parler ou écouter n'a pas d'importance, il faut réorienter le patient vers d'autres marchands.

Dans l'illimité du marché du soin, la place du soignant médical est bien d'agir et non d'être agi.

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