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Il faut instituer le crime anthropologique

humeur du 08/01/2015

Il n’est pas certain qu’une chronique médicale soit le bon endroit pour parler de cette actualité là, mais il se trouve que cette horreur est intimement liée à l’humour qui est l’un des premiers outils de mes tentatives d’épistémologie de la médecine et du soin.

Avec l’attentat de Charlie Hebdo, je viens de perdre des gens que j’aime, travaillant dans un journal que je connais depuis sa fondation. Je suis juste très triste. Ces humoristes ont été tués par des hommes que je ne saurai nommer, car ils ne correspondent à aucune de mes catégories cliniques.

Le risque est de plus en plus grand d’opposer un communautarisme à un autre, un populisme à un autre. Devant cela, les vieilles démocraties me semblent honorablement désarmées.

Le salut ne peut venir que d’ailleurs.

Depuis quelques mois, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi un grand chef d’état (il y en a plusieurs) d’un pays à majorité musulmane, aidé de ses intellectuels (il y en a beaucoup de très brillants) ne rédige pas un texte aussi fondateur que celui des droits de l’Homme. Texte qu’il lirait en grande cérémonie à l’ONU engageant tous les pays à ne plus admettre, non pas seulement l’horreur et la barbarie, mais le fait qu’elles soient commises au nom de quelque philosophie, dogme, communauté ou religion qui puisse évoquer, même de façon lointaine ou équivoque, une pratique ou une croyance de son propre pays.

Pourquoi ne pas aller jusqu’à proposer l’institution d’un nouveau type de crime. Car, plus qu’un crime contre l’humanité, la possibilité d’un tel amalgame avec une religion de tolérance, est un crime contre l’honneur de l’humanité, c’est un crime anthropologique.

Nul ne doit plus jamais avoir la moindre possibilité d’utiliser les religions trop intimement liées à l’histoire de notre espèce pour l’aliéner à ce point.

Seul un texte fondateur, issu d’un des pays visés par ces redoutables amalgames, pourrait empêcher la progression de ces communautarismes d’un autre âge et en protéger nos fragiles démocraties. 

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