dernière mise à jour le 19/01/2016
Chez les femmes, l’adversité psychosociale dans l’enfance conduit à une précocité de l'effort de reproduction.
Les explications adaptatives de ce phénomène sont construites sur l’association statistiquement significative entre l'adversité dans l’enfance et une plus courte période de bonne santé et de reproduction au cours de la vie adulte.
Toutefois, cette hypothèse critique n’est jamais réellement vérifiée en utilisant des données longitudinales au niveau individuel. C’est pourquoi, nous avons revisité ici une grande cohorte de femmes britanniques.
Dans une précédente étude, nous avions montré qu’un index très simple d’adversité psychosociale au cours des sept premières années de vie permet de prédire de manière dose-dépendante l’âge de la première grossesse. Nous montrons ici que le même indice d'adversité prédit également de prédire l’accélération de la détérioration des niveaux de santé au cours de la période de reproduction potentielle, ainsi qu’une augmentation de la protéine C-réactive, biomarqueur de l’inflammation, constatée entre 44 ans et 46 ans.
Ces associations sont robustes pour le contrôle de la situation socio-économique des adultes, et ne semblent pas être uniquement la conséquence d’un effort de reproduction précoce et accéléré.
Nous soutenons donc que l’adversité psychosociale dans l’enfance peut causer des dommages somatiques latents, qui, à l'âge adulte, accéléreront le déclin physique liée à l'âge. Ceci fournit également une justification convaincante de l'adaptation de la phase reproductrice de ces femmes, dans un sens de précocité et d’accélération.
Nettle D.
What the future held: childhood psychosocial adversity is associated with health deterioration through adulthood in a cohort of British women.
Evolution and Human Behavior 35 (2014) 519–525
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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Sur l’aspect social et sur la communication, la biomédecine a réussi au-delà de l’imaginable puisque de nombreux parcours individuels sont désormais façonnés par des objets-maladie universels. On « souffre » de son cholestérol sans en avoir ressenti le moindre symptôme, on se plaint de son IRM plutôt que de son tendon, on se préfère dépressif à triste, car les médecins préfèrent les diagnostics aux humeurs . Malgré cette désindividualisation du diagnostic, les patients continuent d’exiger l’individualité du soin. C’est encore au clinicien qu’il revient de gérer ce paradoxe, cet imbroglio de science et de communication.
― Luc Perino