dernière mise à jour le 14/05/2021
Si l’on en juge par leur ADN fossile, nos ancêtres avaient une plus grande propension aux maladies cardio-vasculaires. Globalement, il semble que l’évolution a plutôt limité le fardeau des maladies chez Homo sapiens. Cependant, la tendance semble s’être inversée au cours des 500 à 1000 dernières tout particulièrement pour les maladies mentales.
Notre passé sanitaire est assez lugubre. Notre santé s’est améliorée au fil des millénaires, essentiellement car la démographie croissante permet à l’évolution de mieux purger les gènes délétères. En comparant les ADN de restes humains jusqu’à Néandertal, les chercheurs ont étudié 3180 locus associés à des maladies courantes : cardiaques, problèmes digestifs, santé dentaire, troubles musculaires, problèmes psychiatriques et quelques autres traits. Il apparaît que nos ancêtres avaient beaucoup plus d’allèles défavorables, tout particulièrement pour les maladies cardiovasculaires.
Hélas, il semble qu’il y ait une aggravation récente en d’autres domaines. Au fil des millénaires, les allèles pathogènes ont diminué au profit des allèles protecteurs. Mais les données confirment de façon lancinante que la tendance s’est inversée au cours des 500 ou 1000 dernières années, probablement par un changement trop rapide de nos modes de vie et de nos environnements. Tous se passe comme si les apports culturels tels que nourriture saine, meilleur habitat, soins et médecine, nous permettaient de survivre à de mauvais allèles jusque bien après les âges de la reproduction, donc de les transmettre à nos descendants.
Tout particulièrement, il y a beaucoup de troubles psychiatriques. Si l’on compare les humains dans la fenêtre 2000 à 6000 à ceux depuis 500 ans, les risques génétiques pour la santé mentale se sont considérablement élevés. Ils sont bien pires pour la dépression, le trouble bipolaire et la schizophrénie. Il faut y ajouter un potentiel plus élevé de migraines. Par contre notre santé cardio-vasculaire et dentaire continue à s’améliorer, indépendamment des soins.
Nous avons des données individuelles sur des ancêtres célèbres comme le Neandertal de l'Altaï, le Denisovien et l’Homo sapiens «Ötzi» également appelé l'homme des glaces. Ötzi avait un cœur moins bon que le nôtre, une intolérance au lactose et des allergies ; il avait une musculature forte et une excellente vigilance faisant de lui un redoutable chasseur. Mort il y a 3300 ans, l’état idéal de ses restes est un trésor pour l’étude génétique.
Précisons que le nom général homme des cavernes est impropre. Ce sont en effet dans les cavernes que l’on trouve les restes humains, car ils ont été mieux protégés. Mais tout prouve que nos ancêtres ont vécu principalement dans des espaces ouverts.
Berens AJ, Cooper TL, Lachance J
The Genomic Health of Ancient Hominins
Hum Biol. 2017 Jan;89(1):7-19
DOI : 10.13110/humanbiology.89.1.01
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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