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De check-up en bilans

humeur du 10/09/2024

Dans les années 1970, les mutuelles de santé ont gracieusement offert des check-up à leurs adhérents dans l’unique but de les fidéliser. Personne ne sortait indemne de ces bilans qui mettaient au grand jour tous les facteurs de risque susceptibles de provoquer de graves maladies. Leur délai d’apparition était une inconnue qui devait encourager les citoyens à ne pas se démunir de leur mutuelles jusqu’à la survenue éventuelle de ces maladies. Selon le dicton : « l’assurance ne paraît chère qu’avant l’accident ».

Dans notre pays où les maladies graves sont prises en charge à 100% par la solidarité nationale, nul n’a fait remarquer que le coût total des petits maux étalés sur la vie était le plus souvent inférieur à celui de l’ensemble des primes d’assurance. Devant une telle arithmétique contradictoire, les mutuelles auraient argué du coût exorbitant des diverses prothèses dentaires, oculaires et auditives, sans préciser que cette exorbitance suivait une courbe parallèle à celle de leurs primes.

Que ceux qui douteraient de cette arithmétique du profit, notent la remarquable prééminence des mutuelles de santé dans tous les espaces publicitaires et leur inclusion dans le secteur financier des banques. Une complicité familièrement nommée de cul et de chemise.

Aujourd’hui, c’est la Sécurité Sociale qui propose à son tour un bilan de santé nommé « examen de prévention en santé ». Saluons avec plaisir le mot « prévention » qui apporte la noblesse qui manquait à ces antiques check-up.

Hélas, je crains de devoir proposer une arithmétique encore plus contradictoire que celles qui n’ont jamais eu lieu.

Le cerveau des médecins occidentaux est formatté par l’industrie, et plus de 90% de leurs consultations se résument à l’examen d’une « anomalie » biologique et à la prescription pharmacologique susceptible d’en éviter les conséquences mortelles. Particulièrement dans notre pays, gros consommateur d’inutiles chimies. Doutons que ces nouveaux bilans, bien que recouverts de l’or républicain, parviennent à supprimer les ordonnances si nous ne modifions pas auparavant le mode de financement des professionnels de santé.

Faute d’avoir compris et diffusé les règles élémentaires de la prévention et après avoir promu inconsidérément, y compris sur les chaînes du service public, des comprimés susceptibles de régler les problèmes d’obésité, de dépression, d’hypertension, d’hyperactivité, d’ostéoporose ou de mémoire, ces bilans ne pourront qu’aggraver la gabegie médicamenteuse.

Le coût de leur gestion administrative s’ajoutera à celui des prescriptions induites et de leur lot de maladies iatrogènes. L’administration s’abstiendra, comme toujours, d’en évaluer le coût financier et sanitaire total. Et à l’heure où notre dette abyssale va générer de nouvelles pathologies psychosociales, on aurait pu s’abstenir de cette vaine démagogie.

Bien que n’ayant rien d’un insoumis, j’ose me demander s’il y a un pilote dans l’avion de la santé et des ministères qui devraient y concourir.

 

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