humeur du 20/01/2012
L’obésité fascine l’Occident. Il ne se passe pas un jour sans un article sur l’excès de poids. Pas une semaine sans une nouvelle sociologie de l’alimentation ou sans la création d’un nouveau produit « light ». Pas un mois sans l’intervention d’un psychologue sur les troubles des conduites alimentaires. Pas un trimestre sans l’annonce de la découverte d’un nouveau gène prédisposant à l’obésité. Pas une année sans qu’un gourou nutritionniste n’annonce le régime miracle qui fera maigrir la population occidentale.
Aucun doute, les médias ont une obsession pour l’obésité et tiennent table ouverte aux sociologues, psychologues et généticiens. Lorsque ceux-ci déclinent les invitations par lassitude ou résignation, il y a toujours un charlatan de rechange pour relancer la polémique sur ce sujet majeur de santé publique. La barre se redresse alors plus ou moins brutalement en direction de la science exacte. La recherche biomédicale est abondamment financée et débouche sporadiquement sur des remèdes qui sont, sans aucune exception, inefficaces et dangereux. Comment pourrait-il en être autrement ?
Toujours dans le registre des constatations cartésiennes, l’obésité est un phénomène très récent dans l’histoire de l’humanité, du moins sous la forme épidémique qu’elle connaît aujourd’hui. Enfin, plus un pays développe d’aliments légers, d’associations de patients, de méthodes d’accompagnement, plus un pays affiche de compassion pour le drame de l’obésité, plus le phénomène s’aggrave. étonnant, non ?
Tout physiologiste sensé et sans conflit d’intérêts, a compris depuis longtemps que la solution ne se situe pas en aval du problème, mais en amont. Malheureusement, aucun physiologiste n’a les moyens d’agir en amont du problème.
L’obésité est l’effet collatéral d’un faramineux marché dont les moteurs ne sont rien moins que l’industrie automobile, l’allaitement artificiel du nourrisson et l’industrie agro-alimentaire et sur lesquels règne en maître la télévision qui en est la fois actrice, par la sédentarité induite, et vectrice, par la promotion des autres marchés.
Puisque nulle science ni nulle politique ne saurait mettre un terme à ce marché d’amont, la seule solution qui permet d’éviter le suicide des chercheurs biomédicaux et autres physiologistes est de savoir leur faire profiter au mieux de ce fabuleux marché d’aval que procure l’obésité.
Depuis que l’homme a cessé de marcher, il ne peut plus vivre sans le marché.
Et puis, les enfants des chercheurs ont aussi le droit de regarder la télévision en mangeant des chips.
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