humeur du 03/05/2010
(NB : Il s'agit bien ici de la prescription d'actes médicaux par les médecins et non de l'automédication par les patients !)
La médecine est un commerce assez différent de tous les autres puisque le jeu de l’offre et de la demande se joue à trois : un producteur, un consommateur et un tiers qui rembourse l’intégralité ou la majorité de la monnaie de l’échange. Il n’est pas besoin d’avoir fait une école de commerce pour comprendre que cette situation est inflationniste tant sur la demande que sur l’offre. L’arrivée massive de spécialistes libéraux, dès les années soixante-dix, en diversifiant l’offre, a majoré cette double tendance inflationniste. Les deux producteurs (généralistes et spécialistes) comprirent vite la virtualité de leur concurrence puisque l’omniprésence du tiers-payeur permit, au contraire, de multiplier les actes d’échanges confraternels à la grande satisfaction des consommateurs.
Deux avis valent mieux qu’un.
Puis, les progrès extraordinaires de la biologie et de l’imagerie ont transformé ces parties commerciales à quatre en des jeux complexes à cinq ou six acteurs, faisant littéralement exploser l’inflation. Le tiers payeur, historiquement garant de la qualité et promoteur de la précaution, ne pouvait exprimer son inquiétude financière sans risquer de révolter ou de perdre ses assurés.
La santé n’a pas de prix et quatre ou cinq précautions valent mieux que deux ou trois!
Enfin, l’auto-prescription vient couronner cet édifice inflationniste. Les contrôles sont imposés à intervalles réguliers pour vérifier que la maladie est contenue ou qu’elle n’évolue pas sournoisement. Les auto-prescripteurs ne peuvent être suspectés d’aucune cupidité, puisque c’est le tiers-payeur qui a poussé l’inconscience financière jusqu’à institutionnaliser le principe de précaution dont ils se régalent.
Vouloir sortir de cet imbroglio éthico-commercial où tous les acteurs sont des anges blancs serait même suspect, voire condamnable. Aucun médecin n’oserait dire à un patient que l’IRM, de confirmation ou d’infirmation, suggéré par le radiologue devant l’image mal interprétable du scanner, est inutile en l’état clinique actuel. D’autant moins que, par souci de transparence, le radiologue a remis en mains propres au patient, un compte-rendu dans lequel les seuls mots intelligibles sont ceux qui concernent la nécessité d’un nouvel examen. La suggestion auto-prescriptrice du radiologue devient un droit irrévocable auquel le tiers-payeur n’a rien à opposer.
Puisque les médecins ne souhaitent ni ne peuvent plus bouger, ils profitent du système, inconscients, ravis ou résignés, en attendant son implosion. On peut même espérer que la santé publique n’en souffrira pas trop puisque le soin direct aux populations est devenu le moindre de ses déterminants.
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