humeur du 01/09/2009
Les téléphones portables et leurs inélégantes antennes-relais étaient déjà la proie des médias. Ils sont récemment devenus la proie des magistrats avec l'application du principe de précaution.
Pour les cigarettes, le principe de précaution a consisté à inscrire sur les paquets que fumer tue. Je ne vois donc pas de raison majeure à cesser la commercialisation des téléphones portables. Il suffit d'inscrire sur le boîtier que téléphoner peut tuer.
Cette boutade ne fait pas avancer le problème et il est bien difficile d'avoir une opinion, car tout ce que l'on dit peut se retourner contre nous. On est dans le camp des barbares si on soupçonne la moindre hystérie pour les symptômes des électrohypersensibles ou la moindre phobie pour les tumeurs cérébrales à venir. Inversement, on est mis dans le camp des écolos fanatiques si on suggère qu'il faudrait faire quelques études sérieuses pour s'assurer de l'innocuité de cette envahissante modernité.
Pour les cancers à venir, c'est certain, je n'ai pas d'opinion et je ne pourrai sans doute pas en avoir de sitôt, car l'étude qui permettrait de conclure avec certitude exigerait une telle rigueur méthodologique et inclure un nombre si élevé de personnes qu'il paraît mathématiquement impossible de savoir avant un demi-siècle. Prenons-en pour preuve les sévères critiques envers l'étude de cohorte Interphone , dirigée par le très sérieux CIRC.
Pour les symptômes présents des électrohypersensibles, je n'ai pas d'opinion non plus, car il m'est tout à fait impossible de me mettre dans leur peau. Par contre l'étude qui permettrait de dévoiler avec une certitude absolue la moindre hystérisation des symptômes ressentis est extrêmement facile à faire. En appliquant la méthode du double insu contre placebo, il suffirait de quelques centaines d'individus répartis au hasard dans deux chambres émettant ou non des ondes. Un formulaire neutre permettrait ensuite de noter les symptômes ressentis. Il serait également possible d'émettre de légers bruits comme leurre dans l'une ou l'autre chambre alternativement. Un tel essai dont le coût ne me paraît pas exorbitant suffirait à définir avec une irréprochable précision statistique, la réalité des symptômes allégués.
La seule question qui doit donc se poser dans ce dossier du téléphone portable est celle de savoir pourquoi un essai aussi simpliste sur la réalité des nuisances immédiates n'a pas été fait avant d'entamer la longue, coûteuse et hasardeuse étude Interphone sur les nuisances à long terme.
Sur les différentes réponses possibles à cette question, j'avoue ne pas avoir d'opinion non plus. On pourrait me dire qu'avec si peu d'opinion, j'aurais mieux fait de me taire.
En effet.
Sauf si vraiment personne n'a jamais eu l'idée de faire une étude aussi évidente. Reconnaissons que c'est peu probable.
the Interphone Study Group.
Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the INTERPHONE international case–control study
International Journal of Epidemiology 2010;1–20.
DOI : 10.1093/ije/dyq079
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