dernière mise à jour le 06/09/2016
On sait que la maltraitance dans l’enfance augmente le risque de psychopathologie. Parmi les patients victimes de troubles très fréquents (dépression majeure, toxicomanies, troubles anxieux ou de stress post-traumatique) on retrouve une proportion importante de cas avec des antécédents de mauvais traitements, mais une proportion tout aussi importante de personnes concernées n’a pas de tels antécédents.
Une étude conduite aux États-Unis a tenté de déterminer si les sujets avec des antécédents de mauvais traitements représentent un sous-type clinique et biologique distinct. Les auteurs ont examiné la littérature évoquant le rôle de la maltraitance comme facteur de risque pour une psychopathologie ultérieure et les différences cliniques entre les personnes partageant un même diagnostic, mais ayant ou non des antécédents de maltraitance.
On constate que les individus maltraités atteints de troubles dépressifs, d’anxiété, ou d’addiction à une substance sont en moyenne plus jeunes lors de l’installation de ces troubles. Comparativement aux sujets sans antécédent de maltraitance mais souffrant des mêmes pathologies psychiatriques, leur symptomatologie est généralement plus sévère, avec des comorbidités plus fréquentes, une réponse au traitement plus médiocre, et un risque de suicide plus élevé. La neuro-imagerie montre des anomalies plus fréquentes chez les sujets ayant été maltraités (notamment une réduction du volume de l’hippocampe et une hyper-réactivité de l’amygdale) qui pourraient « représenter un facteur de risque lié à la maltraitance. » On estime que les sujets avec des antécédents de maltraitance diffèrent aussi en raison de modifications épigénétiques et de polymorphismes génétiques qui interagissent avec le vécu pour accroître le risque de psychopathologie.
Pour les auteurs, « l’expression phénotypique de cette psychopathologie » peut être « fortement influencée » par l’exposition à des mauvais traitements, d’où l’existence d’une « constellation d’éco-phénotypes. » Bien que ces éco-phénotypes s’inscrivent dans les limites diagnostiques conventionnelles, ils représentent « vraisemblablement des sous-types distincts » et la reconnaissance de ces nuances pourrait se révéler « essentielle dans la détermination des bases biologiques de ces troubles », car face à un même diagnostic, les protocoles de traitement seraient « améliorés en différenciant les sujets maltraités et non maltraités »
Teicher MH, Samson JA
Childhood maltreatment and psychopathology: A case for ecophenotypic variants as clinically and neurobiologically distinct subtypes
Am J Psychiatry. 2013 Oct;170(10):1114-33
DOI : 10.1176/appi.ajp.2013.12070957.
(Abstract français d’Alain Cohen – JIM - 19/11/2013)
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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