humeur du 20/02/2017
La loi Léonetti a tenté de limiter les pratiques dites d’acharnement thérapeutique et autorisé à pratiquer des sédations profondes pour les malades en fin de vie.
Cette loi est assez mal appliquée en pratique, car la définition de l’acharnement thérapeutique reste encore à trouver. Et les débats sur ce thème s’achèvent souvent par un retour de chacun à ses convictions initiales.
Les médecins les plus « acharnés » ne manquent pas d’arguments : l’acharnement peut être source de progrès futurs, les patients réclament souvent les nouveautés thérapeutiques, les familles sont rarement réticentes à toute nouvelle tentative, etc.
Ces médecins sont probablement guidés en premier lieu par l’humanisme, l’empathie et le devoir de soins, mais il serait naïf de taire d’inconscientes considérations commerciales. La médecine est aussi un commerce, et il faut avoir beaucoup plus de honte à le cacher qu’à le dire. Les industriels font pression sur les médecins pour proposer des chimiothérapies coûteuses ne donnant parfois que quelques semaines de survie d’une qualité médiocre, et tous les médecins, hélas, ne sont pas vierges de conflits d’intérêts.
Puisque ce sujet est d’une extrême complexité économique et sociale, il est préférable de s’en remettre exclusivement à la science, en comparant les résultats cliniques. Les alternatives à l’acharnement sont ce que l’on nomme les soins palliatifs où l’on ne se préoccupe que des douleurs et du confort du patient. Plusieurs auteurs ont donc tenté de comparer ces chimiothérapies avec les soins palliatifs.
Les résultats sont quasi-unanimes, La durée de vie des patients est identique, voire supérieure, avec les soins palliatifs, et les patients ont une meilleure qualité de vie qu’avec les traitements actifs. Il faut ajouter qu’en cas de chimiothérapie, le désir des patients concernant leur lieu de fin de vie est beaucoup moins souvent respecté.
Mais, il y a pire que l’acharnement thérapeutique. Plusieurs patients âgés et porteurs d’un cancer évolué dont l’espérance de vie est inférieure à deux ans, se voient parfois proposer des dépistages pour un autre cancer. Faut-il en rire ? La machine médicale avance parfois sans chauffeur.
Ainsi, que les médecins appartiennent à la catégorie des « acharnés » ou à celle des « sages », ils doivent toujours préférer les soins palliatifs. L’argument des acharnés quant aux quelques semaines de survie qu’ils font gagner à leurs patients n’est statistiquement pas pertinent, et il n’est pas recevable cliniquement.
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Le diagnostic est la partie noble de l’acte médical. Les errements thérapeutiques, même les pires, sont volontiers pardonnés ; les erreurs de diagnostic, même les plus inéluctables, restent ancrées dans la mémoire des patients et des médecins.
― Luc Perino