humeur du 23/10/2017
Émetteur, récepteur, appareil-photo, caméra, zoom numérique, micro, haut-parleur, écran tactile, boussole, montre, téléphone, lampe, ordinateur, intelligence artificielle, systèmes de reconnaissance vocale et digitale, GPS, etc. Ce n’est pas un inventaire à la Prévert, c’est une liste non exhaustive des éléments de haute sophistication contenus dans un smartphone. Ce concentré de technologie et d’ingénierie permet toutes les connexions possibles aux programmes télévisuels, radiophoniques et informatiques du monde entier. Son prix de vente moyen est de 500 €, y compris la marge des marchands que nul n’incite à plus de philanthropie.
Une paire d’audioprothèses contenant exclusivement deux amplificateurs et deux haut-parleurs se vend entre 1000 € et 3000 €. Une paire de lunettes correctrices comportant deux bouts de verre et un morceau de plastique peut se vendre jusqu’à 1500 €. Les marges, sont certainement supérieures à 99%, et ces marchands sans vergogne osent les justifier par la qualité de leurs prestations. Pourtant, mon vendeur de smartphone m’a paru fournir une prestation intellectuelle bien supérieure à celle de l’audioprothésiste demandant à ma mère si elle entendait mieux quand il tournait le bouton, ou à celle de l’opticien qui lui demandait si elle voyait mieux avec les verres correcteurs.
Les accords tarifaires entre opérateurs téléphoniques ou compagnies aériennes, entreprises aux infrastructures très coûteuses, donnent lieu à de lourdes condamnations pour violation des règles de la concurrence.
Chacun a compris que des paires d’audioprothèses et de lunettes, n’exigeant ni infrastructures, ni technologie sophistiquée, résultant d’une ingénierie sommaire et accompagnées d’une si dérisoire prestation intellectuelle, peuvent atteindre de tels prix grâce à des accords entre fabricants, prestataires et mutuelles d’assurance.
Il nous reste alors à comprendre pourquoi l’administration ne leur applique pas les règles générales du marché. La seule explication possible est d’ordre sacré : l’inhibition du législateur devant la santé est comparable à celle de la collégienne devant l'exhibitionniste.
Certains partis populistes vont jusqu’à prôner le remboursement total de ces accessoires, comme s’il était encore plus sacrilège de rogner les marges des marchands de santé que de ruiner la solidarité nationale.
La santé n’avait proverbialement « pas de prix » ; désormais, pour le législateur et le politicien, elle n’a ni lois, ni règles, ni comptes à rendre. La démagogie sanitaire est une nouvelle religion dont les croisés sont des marchands qui en ont compris tous les rouages.
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Le nombre de facteurs de risques potentiels pour un problème de santé donné croît avec notre capacité à traiter des informations chiffrées, capacité qui s'est considérablement développée grâce aux progrès de l'informatique. D'où une inflation des facteurs de risque : on en compte aujourd'hui plusieurs centaines pour les seuls troubles cardiovasculaires.
― Patrick Peretti-Watel & Jean-Paul Moatti