humeur du 02/04/2017
En ces périodes de verbiages politiques, chacun assène sa vérité chiffrée, reprochant à l’autre camp d’avoir fait monter les mauvais chiffres (chômage, immigration, dette) ou d’avoir fait baisser les bons (pouvoir d’achat, nombre de professeurs). Ces chiffres rabâchés avec un art consommé de l’illusion, comportent tant de biais de lecture et d’interprétation que nul scientifique ne saurait y porter crédit.
Apprécier des actions, en sociologie et économie politiques, présente les mêmes difficultés qu’en médecine pour les maladies dites « chroniques », car l’évaluation ne peut se faire qu’à moyen ou long terme. Il est difficile de savoir si la délinquance est majorée par le laxisme juridique ou le chômage, comme il est difficile de savoir si un infarctus a été causé par le tabac, le cholestérol ou les gènes. Il est encore plus difficile de déterminer si une éventuelle amélioration est due à la poudre de perlimpinpin, au médicament éthique ou au cours normal de la nature. Les meilleures méthodes pour tenter d’approcher ces vérités cliniques reposent sur la plus simple des arithmétiques. On additionne les patients qui ont pris la poudre de perlimpinpin et ceux qui ont pris le médicament et on compte les années de survie. Ou bien on totalise le nombre d’infarctus dans deux groupes dont l’un est fumeur. Simpliste mais pertinent !
Cette arithmétique triviale s’applique mal aux résultats des actions politiques, car leur appréciation est hautement subjective ; par contre, on peut l’utiliser pour imputer ces résultats à leurs responsables. Nous pouvons, par exemple, considérer la période de la cinquième république dont les règles juridiques et les institutions ont été stables. Sur les 21490 jours écoulés depuis le début de cette constitution, son gouvernement a été de droite pendant 14360 jours et de gauche pendant 7130 jours. Ainsi, lorsque des citoyens de droite se plaignent des mauvais résultats, ils devraient être plus discrets, car leur camp en est responsable à hauteur de 66,8 %. Inversement, les citoyens de gauche ne doivent pas hésiter à s’en plaindre, car leurs élus n’en sont responsables qu’à 33,2%. Un raisonnement symétrique s’applique aux citoyens qui estiment que les résultats sont bons.
Seuls les politiciens n’ayant jamais gouverné peuvent être dédouanés à la fois de ces bonnes et mauvaises subjectivités de citoyens. Ces politiciens ont alors toujours intérêt à déclarer que les résultats ont été mauvais. Le marché sanitaire fait de même en proposant toujours un nouveau médicament, là où tous les précédents ont échoué.
La nouveauté pharmacologique et la virginité politique portent des utopies similaires, l’une est l’accès à l’immortalité, l’autre est la promesse du paradis sur terre.
France Politique
Premiers ministres de la V° république
http://www.france-politique.fr/gouvernements.htm
Site médical sans publicité
et sans conflit d'intérêts.
Maladies de soi-même - Le terme générique de « maladies non transmissibles » (MNT) est utilisé en opposition [...]
Bébés thérapeutiques - Le terme de « bébé médicament » désigne un enfant conçu in vitro pour sauver un frère [...]
Cruauté des chiffres de la psychiatrie - L’épidémiologie est cruelle pour les psychiatres, ce qui peut expliquer qu’ils ne soient [...]
Parler ou écouter - Il est impossible de lire un article sur la relation médecin/patient sans que le mot [...]
Merci aux normopathes et aux nosophobes - La normopathie se définit comme le trait d’une personnalité qui se conforme aux normes [...]
Où s'arrête et où commence le handicap ? C'est une question de définition. Selon les statistiques françaises, sur soixante millions d'habitants, on en compte de deux cent mille à vingt deux millions. De la tétraplégie à la myopie légère, nous sommes (presque) tous des handicapés. Il y a quelques décennies, la frontière s'arrêtait à la couleur des cheveux, à la gaucherie ou à la préférence sexuelle.
― Patrick Lemoine & François Lupu