dernière mise à jour le 13/02/2021
La croissance staturale des jeunes enfants est ralentie en haute altitude
Les courbes de croissance de l’OMS sont la référence internationale pour apprécier la croissance linéaire des enfants de 0 à 5 ans (OMS, 2006). Leur utilisation implique que, quel que soit leur patrimoine génétique, tous les enfants ont un potentiel de croissance similaire durant les premières années de vie. Cependant, les courbes de l’OMS ont été établies avec les mensurations d’enfants qui résidaient en-dessous de 1 500 m d’altitude. Sont-elles adéquates pour apprécier la croissance en taille des enfants vivant en haute altitude ? La question est importante car 12 % de la population mondiale vit à 1 500 m ou plus au-dessus du niveau de la mer.
Pour répondre à cette question deux chercheurs d’Addis-Abeba (Éthiopie) ont revu 133 enquêtes démographiques et de santé - des enquêtes transversales avec échantillonnage en « grappes », ou clusters -, menées de 1992 à 2018 dans 59 pays à revenus bas ou moyens.
La mesure de la taille de 964 299 enfants de 0-5 ans fait partie des données de 96 552 « grappes » pour lesquelles l’altitude est connue (extrêmes : – 372, 5 951 m au-dessus du niveau de la mer). L’écart de chaque mesure avec la médiane de la taille pour l’âge des courbes de l’OMS est exprimé sous forme d’un z-score, le nombre de déviations-standards par rapport à la médiane.
z-score proche de – 2 unités à 2 ans pour les enfants vivant à plus de 1 500 m d’altitude
La haute altitude est associée à un retard de la croissance en taille. Les jeunes enfants qui vivent à ≥ 1 500 m d’altitude (n = 106 441) et ceux qui vivent à < 1 500 m (n = 857 858), ont un retard de la croissance staturale (des z-scores négatifs) qui s’aggrave jusqu’à environ 2 ans. Ce retard est plus important chez les enfants vivant à ≥1 500 m, qui, en moyenne, sont plus petits à la naissance, ont un z-score proche de – 2 unités à 2 ans et ne présentent pas de rattrapage.
On ne peut pas définir un seuil à partir duquel l’altitude ralentit la croissance en taille. Sur l’ensemble des enfants, il y a une relation linéaire négative entre l’altitude et le z-score de la taille jusqu’à 2 000 m d’altitude, où le z-score moyen est proche de - 1,7 unité. Pour une augmentation de l’altitude de 1 000 m, le z-score de la taille diminue de 0,163 unité (Intervalle de Confiance de 95 % [IC de 95%] du coefficient de régression ajusté : - 0,205 à - 0,120).
La malnutrition joue un rôle modeste dans le retard de croissance en taille associé à l’altitude. Ainsi, les carences alimentaires au cours des deux premières années de vie n’ont pas d’influence sur lui, et les maladies, ou du moins des symptômes tels que la diarrhée, la fièvre et la toux, l’aggravent peu.
Une conséquence de l’hypoxie chronique
L’altitude a sûrement un impact propre sur la croissance en taille. Quand on restreint l’analyse aux singletons vivant dans des foyers « idéaux » (1 718 enfants ayant un accès à l’eau, à des installations sanitaires, à des soins de santé, etc.) le z-score de leur taille est proche de 0 jusqu’à 500 m d’altitude, puis il devient négatif. Pour une augmentation de l’altitude de 1 000 m, le z-score de la taille diminue de 0,183 unité (IC de 95% du coefficient de régression ajusté : - 0,341 à - 0,025).
Les résultats de cette étude montrent donc que la haute altitude entraîne un retard de la croissance staturale même chez les enfants vivant dans des foyers idéaux. En fait, ce retard de croissance fait suite à une restriction de la croissance fœtale due à l’exposition à une hypoxie chronique in utero. Faut-il en conclure que les courbes de l’OMS ne sont pas adéquates pour suivre la croissance des enfants vivant en haute altitude ? Considérant que le retard statural associé à la haute altitude ne traduit pas une adaptation physiologique, les auteurs récusent un changement de courbes de référence ; ils préconisent plutôt des interventions pendant la grossesse et la petite enfance pour améliorer la croissance pré et postnatale.
Abstract de Jean Marc Retbi
Baye K, Hirvonen K.
Evaluation of linear growth at higher altitudes.
JAMA Pediatr. 2020;174(10):977-984.
DOI : 10.1001/jamapediatrics.2020.2386
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
• Barbe : sélection intersexuelle ou intrasexuelle. • Genre : différences sexuelles du [...]
Djihadisme ou psychotropes - Après chaque tuerie barbare, se pose l’inévitable question de son lien avec le terrorisme [...]
Bébés thérapeutiques - Le terme de « bébé médicament » désigne un enfant conçu in vitro pour sauver un frère [...]
Vaccinations sanitaires et marchandes - Pendant très longtemps, le commerce des vaccins n’a pas répondu aux règles du marché. [...]
Fertilité de la détresse - La médecine a débuté par la philosophie des énergies et humeurs corporelles : le yin et le [...]
Les spécialistes de la prévalence - Une hypothèse concerne l’avenir, un fait concerne le passé. Entre les deux il y a [...]