humeur du 24/01/2025

Dans le livre universel de Saint-Exupéry, le petit prince rencontre un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.
« Moi, se dit le petit prince, si j’avais 53 minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine... »
Après avoir redécouvert ce passage écrit en 1942 et déjà prémonitoire des abus de la pharmacologie, j’ai proposé au petit prince de s’asseoir dans un coin de mon bureau.
Le premier patient, en bonne santé apparente, vient pour renouveler l’ordonnance de la classique trilogie.
Mon patient ne sachant que répondre, le petit prince se tourne alors vers moi
La vérité risquant de blesser mon patient, je la présente d’une manière générale.
Le petit prince se mit à réfléchir longuement... Je pensais que le concept de probabilité était trop difficile pour lui... À tort...
Le petit prince avait dit cela de sa voix douce et faible. Ni moi, ni mon patient n’y avons vraiment porté attention, car je terminais la rédaction de mon ordonnance.
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Sur l’aspect social et sur la communication, la biomédecine a réussi au-delà de l’imaginable puisque de nombreux parcours individuels sont désormais façonnés par des objets-maladie universels. On « souffre » de son cholestérol sans en avoir ressenti le moindre symptôme, on se plaint de son IRM plutôt que de son tendon, on se préfère dépressif à triste, car les médecins préfèrent les diagnostics aux humeurs . Malgré cette désindividualisation du diagnostic, les patients continuent d’exiger l’individualité du soin. C’est encore au clinicien qu’il revient de gérer ce paradoxe, cet imbroglio de science et de communication.
― Luc Perino