dernière mise à jour le 31/01/2025
Les conflits mère-fille entre orques-épaulards peuvent expliquer la ménopause
Une équipe de recherche internationale a découvert que le conflit mère-fille peut expliquer pourquoi les épaulards sont l’une des 3 espèces connues de mammifères, y compris les humains, à connaître la ménopause
Les recherches montrent que les épaulards post-reproducteurs ont un rôle de « grand-mère » au sein du groupe et qu’ils partagent leurs connaissances sur le moment et l’endroit où trouver de la nourriture, ce qui augmente la survie de leur groupe familial.
Les mères plus âgées subissent des coûts beaucoup plus élevés lorsqu’elles rivalisent pour se reproduire aux côtés de leurs filles. Lorsque des femelles de deux générations se reproduisent en même temps, la mortalité de la progéniture des mères plus âgées est 1,7 fois supérieure à celle de la progéniture des mères plus jeunes.
Les femelles plus âgées sont donc plus étroitement liées au groupe familial que les femelles plus jeunes. Ce déséquilibre dans la parenté entre les mères et leur propre progéniture féminine signifie que les femelles plus âgées ont intérêt à investir plus massivement dans un groupe familial plus large, tandis que les femelles plus jeunes doivent investir davantage dans la concurrence.
L’une des principales raisons du « conflit reproductif » entre les mères et leur propre progéniture femelle chez les épaulards est leur dépendance au partage de la nourriture. Ils se nourrissent ensemble et partagent souvent le saumon entre eux, la progéniture comptant souvent sur leur mère pendant des années pour se nourrir.
Les travaux précédents montrent comment les femelles âgées aident, mais pas pourquoi elles cessent de se reproduire. Dans de nombreuses espèces, les femelles agissent comme des leaders à la fin de leur vie mais elles continuent à se reproduire, mais cette nouvelle recherche montre que les vieilles femelles orques ont une ménopause parce qu’elles perdent dans la compétition reproductive avec leurs propres filles.
L’hypothèse du « conflit reproducteur » est ancienne, mais cette étude en est le premier test validé chez des mammifères.
C’est la première clé de l’énigme évolutionniste de la vie post-reproductive. Nous pouvons maintenant expliquer non seulement pourquoi les femelles plus âgées vivent si longtemps après la reproduction, mais aussi pourquoi elles cessent de se reproduire en premier lieu.
Il est facile de penser qu’une femme plus âgée transmettra mieux ses gènes en continuant à se reproduire à un âge avancé. Mais ces travaux montrent que si une vieille femelle épaulard se reproduit, sa progéniture de fin de vie souffre d’être supplantée par ses petits-enfants. Ceci, combiné à son investissement pour aider ses petits-enfants, peut expliquer l’évolution de la ménopause.
Les fils et les filles restent avec leur mère et ne se dispersent pas chez les épaulards résidents, mais ils s’accouplent avec des individus d’un groupe familial différent. Les mâles ont généralement une durée de vie plus courte que les femelles, beaucoup ne survivent pas au-delà de 30 ans. Les épaulards femelles cessent généralement de se reproduire dans la trentaine ou la quarantaine, mais tout comme les humains, elles peuvent vivre plusieurs décennies après la ménopause.
La survie plus faible des petits issus de mères d’une génération plus âgée ne peut pas être expliquée en raison d’un effet général de l’âge de la mère sur la survie de sa progéniture, car il n’a jamais été retrouvé un tel effet chez les orques et autres mammifères.
La ménopause n’est pas un accident. Il s’agit plutôt d’un trait évolué motivé à la fois par la coopération et par les conflits dans les groupes familiaux.
Croft DP, Johnstone RA, Ellis S, Nattrass S, Franks DW, Brent LJ, Mazzi S, Balcomb KC, Ford JK, Cant MA
Reproductive Conflict and the Evolution of Menopause in Killer Whales
Curr Biol 2017 Jan 23 27 2 298 304
DOI : 10.1016/j.cub.2016.12.015
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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Et voici, hors de toute mesure, l'étendue du domaine clinique. Démêler le principe et la cause d'une maladie à travers la confusion et l'obscurité des symptômes ; connaître sa nature, ses formes, ses complications ; distinguer au premier coup d'œil tous ses caractères et toutes ces différences ; séparer d'elle au moyen d'une analyse prompte et délicate tout ce qui lui est étranger ; prévoir les événements avantageux et nuisibles qui doivent survenir pendant le cours de sa durée ; gouverner les moments favorables que la nature suscite pour en opérer la solution ; estimer les forces de la vie et l'activité des organes ; augmenter ou diminuer au besoin leur énergie ; déterminer avec précision quand il faut agir et quand il convient d'attendre ; se décider avec assurance entre plusieurs méthodes de traitement qui offrent toutes des avantages et des inconvénients ; choisir celle dont l'application semble permettre plus de célérité, plus d'agrément, plus de certitude dans le succès ; profiter de l'expérience ; saisir les occasions ; combiner toutes les chances, calculer tous les hasards ; se rendre maître des malades et de leurs affections ; soulager leurs peines ; calmer leurs inquiétudes ; deviner leurs besoins ; supporter leurs caprices ; ménager leur caractère et commander à leur volonté, non comme un tyran cruel qui règne sur des esclaves, mais comme un père tendre qui veille sur la destinée de ses enfants.
― Charles Louis Dumas en 1807 (Eloge de Henri Fouquet)