humeur du 02/10/2013
Le degré d’exactitude d’une science se mesure à la précision de ses mots. La rigueur terminologique est indispensable aux échanges entre scientifiques et facilite la vulgarisation.
La médecine ne répond pas à cette exigence de base, et la médiocrité de sa vulgarisation scientifique est majorée par le fait que nul n’est serein à l’évocation de la maladie ou de la mort.
Une rapide enquête révèle que 97% des personnes ignorent la différence de signification entre létalité et mortalité. 80% des journalistes (scientifiques y compris) font régulièrement cette confusion, et presque 30% des médecins !
La mortalité désigne le pourcentage de morts par rapport au nombre d’individus d’une population donnée dans une période donnée.
La mortalité des français est de 0,95%, soit environ une personne sur cent meurt chaque année, toutes causes de mort confondues.
Des chiffres de mortalité peuvent se rapporter à une cause plus précise, telle qu’un type d’accident, de mode de vie ou de maladie, mais le pourcentage indiqué se rapporte toujours à la population tout entière. Ainsi, sur toute la population française : 0,25% meurent chaque année d’une cause cardio-vasculaire ; 0,25 % d’un cancer ; 0,19% par l’alcool ou le tabac ; 0,09 % d’une maladie infectieuse ; 0,03% par un médicament ; 0,018% par suicide, etc.
Très souvent, un risque de mortalité diffère selon l’âge ; on peut alors établir des taux par tranches d’âge, mais ils se rapportent toujours à toute la population de chaque tranche.
Inversement, le chiffre de la létalité ne se rapporte pas à une population dans son ensemble, mais exclusivement aux personnes atteintes par la maladie considérée. C’est le risque qu’ont les personnes atteintes de cette maladie de mourir chaque année.
Il y a peu de rapport entre le chiffre de la mortalité et celui de la létalité. L’un peut augmenter, alors que l’autre diminue.
La mortalité de la méningite à haemophilus a beaucoup diminué depuis la généralisation de la vaccination, mais sa létalité est stable pour les enfants atteints.
La létalité de certains cancers a énormément diminué avec la généralisation du dépistage, mais leur mortalité a peu ou pas diminué. Le simple fait de diagnostiquer une maladie plus tôt, augmente logiquement le nombre de sujets déclarés atteints, et diminue mathématiquement la létalité dans un rapport équivalent à celui de l’augmentation des diagnostics.
Les études épidémiologiques impartiales confirment, de plus en plus souvent, que le dépistage précoce des maladies diminue leur létalité sans diminuer leur mortalité.
Pour avoir l’information éclairée, indispensable pour juger de l’utilité d’un dépistage de masse, il faut être très attentif à chaque rencontre du mot « mortalité ». Demandez-vous toujours s’il ne s’agit pas en réalité de « létalité », car très nombreux sont ceux qui ignorent la signification de ce mot.
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