Perturbation de la fertilité ou bien de la fécondité.
humeur du 08/12/2025
En 1940, le nombre moyen de spermatozoïdes par ml de sperme (sp/ml) était supérieur à 100 millions. En 1992, une étude qui a fait grand bruit, a démontré que ce nombre avait été divisé par deux en 50 ans chez les hommes occidentaux. Elle révélait aussi une augmentation d’anomalies génitales (cancer des testicules, hypospadias et cryptorchidies). Bien que cette étude n’évoque aucune cause, elle a suscité les habituelles controverses. D’un côté des écologistes qui suspectaient déjà les perturbateurs endocriniens, de l’autre des lobbystes inquiets qui suspectaient l’étude elle-même. Classique !
La fertilité des hommes est considérée comme normale au-dessus de 40 millions sp/ml et elle atteint un seuil critique au-dessous de 20 millions. Cependant, après l’orage médiatique, l’OMS a officiellement fait passer ce seuil critique à 15 millions, soit 25% de moins. À défaut de pouvoir changer les faits, on peut changer les normes !
Deux nouvelles méta-analyses en 2017 et 2022 ont confirmé la baisse des sp/ml, non seulement en Occident, mais dans le monde entier, avec des différences régionales suggérant plus fortement des facteurs environnementaux.
Entretemps, maintes études avaient démontré la responsabilité des perturbateurs endocriniens. Les lobbystes en ont alors sponsorisé d’autres pour détourner le regard. Par exemple, pour montrer que les perturbateurs de synthèse sont moins actifs que les perturbateurs naturels, car ils se lient moins aux récepteurs hormonaux. Ce qui est vrai. Ou pour répéter que la fertilité ne dépend pas que du nombre de spermatozoïdes. Ce qui est tout aussi vrai. Autant d’évidences présentées comme des nouveautés de recherche, donc autant de pâturages pour le doute et ceux qui s’en régalent.
Aujourd’hui, on sait que la fertilité commence réellement à diminuer au-dessous de 40 millions sp/ml.
Sans se préoccuper de ces polémiques chiffrées, les cliniciens ont constaté l’évolution des indications des FIV. Auparavant c’était souvent parce que les femmes avaient les trompes bouchées, désormais, c’est essentiellement parce que les spermatozoïdes sont moins mobiles et pas assez nombreux, nécessitant une injection par seringue dans l’ovule.
Pour venir au secours des marchands de pesticides, il est plus judicieux de détourner le regard vers la fécondité qui est assez peu dépendante de la fertilité. La baisse mondiale de la fécondité a de multiples causes possibles que je cite en vrac sans présupposer leur poids respectif : montée des obscurantismes, appariement par internet, sexualité virtuelle, désespérance devant les guerres, élection de Trump, éco-anxiété, explosion démographique, suprématie des dictatures, addictions, radicalisations, montée des extrêmes droites, fake news, manipulations mentales, sans oublier les lobbystes eux-mêmes...
Que ces derniers se rassurent, si leurs pesticides diminuent la fertilité, ils ne sont certainement pas responsables de la baisse mondiale de fécondité.
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