humeur du 22/04/2013
(Réflexions d’un médecin de gauche qui souffre après l'affaire Cahuzac...)
La chirurgie plastique ou réparatrice et la chirurgie esthétique sont deux spécialités qui se distinguent essentiellement par la personnalité des patients et la nature de leur demande.
La première s’adresse à des patients qui souffrent d’un handicap au sens physique du terme, la seconde s’adresse à des patients dont la souffrance est d’ordre psychique ou social.
Les chirurgiens esthétiques arguent très volontiers de cette souffrance de leurs patients pour justifier leur action et prévenir les accusations de dévoiement de l’exercice médical. La force de leur argumentation est généralement proportionnelle au montant de leurs honoraires, comme c’est souvent le cas lorsque le commercial prend le pas sur le professionnel.
Les chirurgiens plasticiens n’ont rien à argumenter, puisque leur pratique s’inscrit dans la droite ligne du serment hippocratique et ne souffre d’aucune suspicion.
La pratique de la chirurgie esthétique, quelle que soit l’outrance de la demande esthétique ou de sa réponse chirurgicale, n’a rien d’illégal ou de malhonnête.
Cependant, il devient évident que le commerce a définitivement pris le pas sur le métier, lorsque cette pratique devient stakhanoviste sur certains secteurs tels que les injections de Botox® ou les implants capillaires.
Vus du groupe minoritaire des médecins de gauche auquel j’appartiens, les confrères qui ont de telles pratiques, ne sont évidemment pas considérés comme malhonnêtes, mais ils ne sont plus vraiment regardés comme « d’honnêtes hommes ».
Si l’un d’entre eux était de mes amis, et qu’il ait par ailleurs noué plusieurs contrats avec l’industrie pharmaceutique, je l’aurais mis en garde, car ayant brièvement connu cette industrie de l’intérieur, je sais qu’il est très difficile d’échapper à son emprise et qu’elle fait progressivement perdre leur lucidité aux cliniciens et leur altruisme aux soignants.
Si enfin, j’accédais à un poste de responsabilité dans un comité clinique ou éthique, je ne le choisirais pas comme collaborateur, malgré toute mon amitié, car je considérerais qu’il n’a pas les prérequis nécessaires. Je craindrais de ne pas percevoir le moment du passage insidieux, ce moment où même les plus proches amis de celui qui n’est plus vraiment un « honnête homme » ne voient pas qu’il est en train de devenir un homme malhonnête.
Simon Sylvie
Affaire Cahuzac : les écuries du roi Augias ?
http://www.sylviesimonrevelations.com/article-affaire-cahuzac-les-ecuries-du-roi-augias-117562785.html
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